Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales, et de l'Aménagement du Territoire, Noureddine Bedoui a affirmé, samedi à Alger, que plusieurs cas de migration clandestine n'étaient pas liés à des conditions socioéconomiques défavorables, mais plutôt à "la recherche du gain facile et d'une certaine classe sociale". "Il convient de préciser que plusieurs cas de harraga ne sont pas liés à des conditions socioéconomiques défavorables, vu les opportunités de travail et d'investissement offertes, mais plutôt à la recherche d'une certaine classe sociale et du gain facile, selon les résultats d'études spécialisées", a indiqué M. Bedoui dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux du Forum national sur le phénomène de la "harga".
Il a rappelé en outre que "ce phénomène a été pris au sérieux par les pouvoirs publics qui ont adopté une politique d'accompagnement des jeunes chômeurs en termes d'accès au monde du travail et de soutien à la création de start-up ou à travers les programmes de soutien aux projets d'investissement ayant permis la réalisation des aspirations de jeunes, en sus des actions de sensibilisation à la participation des pouvoirs publics et de la société civile ainsi que la présentation des efforts des autorités visant l'amélioration de la prise en charge de toutes les préoccupations, notamment le logement et l'emploi". "Il est procédé actuellement à une large campagne de sensibilisation aux mécanismes et programmes que prévoit le programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika et contenus dans l'action du gouvernement et ce, à travers l'exposition des modalités permettant de bénéficier des formules d'emploi consacrés aux jeunes et des différents programmes de logement, toutes formules confondus, en consacrant 40% de logements sociaux aux jeunes de moins de 35 ans", a ajouté le ministre. Il a indiqué également que l'Etat avait pris une série de mesures visant "la création d'un climat propice à l'animation du marché de l'emploi, telle que la réduction de l'apport personnel du bénéficiaire au titre de l'investissement (ramené à 1%) et la mise en place d'un système fiscal transitionnel s'étalant à 3 ans, en vertu duquel les micro-entreprises connaissent une transition graduelle de la fiscalité ainsi que la réduction des taux d'intérêt à 100% sur les crédits octroyés aux bénéficiaires à travers le dispositif du microcrédit". "Ces mesures incitatives et préventives ont abouti à des résultats positifs dans la lutte et la prévention contre ce phénomène", a affirmé le ministre de l'Intérieur, faisant état de "l'accompagnement des jeunes à travers différents programmes de développement du président de la République, à l'instar de la création de zones industrielles au niveau des wilayas, et de petites zones d'activités dans chaque commune, dynamisation devant être assurée par les jeunes entrepreneurs et les micro-entreprises". A ce propos, M. Bedoui a invité les jeunes à "saisir ces opportunités qui s'offrent à eux et bénéficier de tout soutien dans la réalisation des projets", un caractère souligné par le président de la République lors de la conférence Gouvernement-walis, a-t-il soutenu. "Depuis l'apparition des prémisses du phénomène de migration clandestine, l'Algérie n'a eu de cesse d'œuvrer à l'endiguer par une série de mesures, d'autant que ce phénomène est lié à la sécurité et à la stabilité de nos concitoyens", a précisé le ministre, mettant en avant l'impératif d'"endiguer ce phénomène dans le cadre d'une coordination gouvernementale constante aussi bien au niveau central que local". "L'apparition de nouveaux facteurs et d'autres enveniment, chaque année, le phénomène de harga, auxquels s'ajoutent les développements survenus sur la scène médiatique et le rôle des réseaux sociaux", a-t-il soutenu. Aussi, M. Bedoui a indiqué que "les efforts déployés par les pouvoirs publics dans le traitement de ce phénomène social multidimensionnel sont à eux-seuls insuffisants et doivent être accompagnés d'une approche multidimensionnelle". Les travaux de ce forum, placé sous le thème "l'avenir de nos jeunes, une responsabilité partagée", se poursuivront sous forme de master-class et seront sanctionnés, dimanche, par plusieurs recommandations visant à endiguer ce phénomène. Identification de 51 pages sur les réseaux sociaux faisant l'apologie du phénomène Quelque 51 pages sur les réseaux sociaux faisant l'apologie du phénomène de "harga" ont été identifiées, a fait savoir Noureddine Bedoui. "Les réseaux sociaux devenus l'espace de prédilection pour les passeurs qui les utilisent pour promouvoir leurs services et chasser leurs victimes innocentes en se cachant derrière des pseudonymes sur des pages Facebook sur lesquelles ils incitent les jeunes à la harga en leur proposant des périples fatals contre des sommes d'argent considérables", a indiqué M. Bedoui à l'ouverture des travaux du Forum national sur le phénomène de l'émigration clandestine par la mer (ou harga). Il a fait état, à cet égard, de l'identification de "51 pages sur les réseaux sociaux faisant l'apologie de ce phénomène, outre l'identification de plusieurs administrateurs de ces pages et l'établissement de dossiers juridiques à leur encontre". "Certaines parties recourent aux médias pour tenir des discours de démoralisation, de frustration, de désespoir et d'incitation à la harga à travers des messages creux incitant à l'aventure et la mort", a averti le ministre qui a appelé "ces parties à cesser de mettre en péril la vie des jeunes". Il a mis en garde, par la même occasion, contre "la dangerosité de certains espaces qui sont exploités pour la promotion de chansons de jeunes pleines de frustration et de désespoir", affirmant que leurs "auteurs ne sont pas conscients de l'ampleur de leur danger". M. Bedoui a rappelé que ce Forum se voulait "un espace de concertation et d'échange de vues et d'idées autour de ce phénomène suivant une approche scientifique et participative permettant de diagnostiquer ses causes afin de décliner des recommandations et propositions de solutions, en appui aux mesures adoptées par les pouvoirs publics pour aboutir à une démarche globale de résolution de ce phénomène". Le ministre a mis en avant, enfin, le rôle de "la société civile dans la lutte contre la harga et l'étude de modalités d'activation et de renforcement des mécanismes à même de relancer l'action associative".
Volonté politique de prendre en charge le phénomène A travers le Forum qui lui est consacré, depuis samedi par le ministère de l'Intérieur, l'émigration clandestine, dite communément la " harga ", s'invite pour la première fois, et sans tabou aucun, au sein de la sphère politique. Pour le directeur de recherche au sein du CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement), l'organisation de cette rencontre traduit, pour la première fois, la volonté de l'Etat de prendre à bras-le-corps ce problème. S'exprimant, dimanche, à l'émission l'Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio algérienne, M. Mohamed Saïb Mussette signale que des experts, des consultants et des membres de la société civile ont été sollicités pour aider à trouver la parade à ce flux migratoire qui se pose, dit-il, en " phénomène de société ". Celui-ci relève que cette migration, dans sa globalité, ne concerne plus exclusivement les jeunes, mais également des familles " qui prennent le risque de partir ". Il relève, d'autre part, qu'aucune recherche n'a jamais été entreprise pour tenter de connaître les raisons motivant des personnes à s'exiler, quitte pour cela à mettre leur vie en grand danger. Parmi les instruments qui contribueraient à connaître les raisons à l'origine parfois de drames humains, l'Invité de la Radio estime qu'il faudrait préalablement élaborer un diagnostic lequel, explique-t-il, pourrait servir de base à un plan d'action national. Des solutions qui auraient pu, selon lui, contribuer à appréhender les causes intrinsèques du phénomène de la " harga ". M. Saïb Mussette fait état de l'élaboration d'une politique nationale de la Jeunesse, " dont on n'a cessé de parler depuis une dizaine d'années et qui, en définitive, n'a pas été mise en place ". Ce dernier observe, d'autre part, que ce phénomène migratoire qui va en s'amplifiant, ne concerne pas que cette frange particulière de la population algérienne, mais qu'en outre, il se traduit aussi par une " hémorragie des cerveaux ", d'où la nécessité, souligne-t-il, de " traiter le corps social dans sa globalité ". Commentant les divers dispositifs d'emploi, " à travers lesquels, dit-il, on pensait régler les problèmes de la jeunesse ", l'intervenant observe qu'ils n'ont pas réussi à traiter les problèmes rencontrés par cette frange de la population, ni qu'ils aient donné lieu aux résultats escomptés. Pour M. Saïb Mussette, il est encore temps de revenir sur ces politiques mais, souligne-t-il, en les mettant en phase avec les réalités et l'évolution de la société algérienne. " Nous ne pouvons, déclare-t-il, continuer avec les mêmes stratégies adoptées depuis 10 ans de cela ".