A propos du Forum sur les migrations illégales, organisé depuis samedi par le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, le directeur de recherche au sein du CREAD (Centre de recherche en économie appliquée pour le développement), Mohamed Saïb Mussette, juge très important que, pour la première fois, il y a la volonté de l'Etat de prendre en charge réellement ce problème et de lancer non pas une communication nationale mais une consultation nationale sur ce sujet. Sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, il fait observer que ce forum a mobilisé les experts, les consultants, avec toute la société civile, les acteurs de la communication, de la culture, y compris l'expérience étrangère a été ramenée. Cela exprime, selon lui, une volonté qui reste à traduire dans une démarche qui cerne mieux le problème et de quelle manière va être mise en œuvre cette gouvernance de la politique migratoire. Il estime qu'il s'agit d'un phénomène de société. En effet, il note que cette migration, dans sa globalité, ne concerne plus exclusivement les jeunes, mais également des familles qui prennent le risque de partir. Il relève, d'autre part, qu'aucune recherche n'a jamais été entreprise pour tenter de connaitre les raisons motivant des personnes à s'exiler, quitte pour cela à mettre leur vie en grand danger. Parmi les instruments qui contribueraient à connaitre les raisons à l'origine parfois de drames humains, Mohamed Saïb Mussette estime qu'il faudrait préalablement élaborer un diagnostic lequel, explique-t-il, pourrait servir de base à un plan d'action national. Des solutions qui auraient pu, selon lui, contribuer à appréhender les causes intrinsèques du phénomène de la «harga». Il rappelle qu'il y a toute une série de documents pour aller vers l'élaboration d'une politique nationale de la jeunesse, dont on n'a cessé de parler depuis une dizaine d'années et qui, en définitive, constate-t-il, n'a pas été mise en place. Il est vrai, dit-il que la harga touche en particulier la jeunesse mais, fait-il observer ce n'est qu'un segment de la problématique de ce phénomène migratoire. Il décrit la harga comme une petite hémorragie dans le corps social et fait observer qu'il y a aussi l'hémorragie des cerveaux. Il faut, souligne-t-il, traiter le corps social dans sa globalité. A propos des divers dispositifs d'emploi, à travers lesquels, dit-il, on pensait régler les problèmes de la jeunesse, pour Mohamed Saïb Mussette ces dispositifs n'ont pas réussi à traiter les problèmes, ni donné les résultats escomptés. Il appelle à traiter simultanément les questions de la jeunesse, de l'emploi et les problèmes migratoires, en appui sur une structure appropriée. Il faut, ajoute-t-il, une collaboration internationale face à ce problème. Il identifie les différents réseaux qui constituent une économie parallèle. Il estime la potentielle migration prochaine, en nombre, au double de l'actuelle.