Au terme d'une visite au Mali et au Burkina Faso du 21 au 26 mars, la délégation du Conseil de sécurité de l'ONU a rendu compte mercredi de la mission, en soulignant la situation sécuritaire "préoccupante" de la région du Sahel et en insistant sur la nécessité d'accélérer et de donner la priorité à la mise en œuvre de l'accord de paix au Mali issu du processus d'Alger. La délégation Onusienne, composée de l'Ambassadeur français François delattre, du diplomate allemand Christoph Heusgen et l'Ivoirien Kacou Houadja Léon Adom, a entamé sa mission dans la région du Sahel vendredi dernier à Bamako, soit la quatrième visite du Conseil de sécurité au Mali depuis 2014 et la deuxième au Burkina Faso. Lors de son séjour à Bamako, la délégation a rencontré des dirigeants maliens, et eu des entretiens avec le président malien, Ibrahim Boubacar Keita sur la menace terroriste dans la région, avant de tenir une réunion importante avec les membres du comité de suivi de l'accord de paix et les parties signataires. Tous ont souligné le rôle crucial joué par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont les activités seront examinées lors d'une séance du Conseil de sécurité le 29 mars avec la participation du Premier ministre malien Soumeylou Boubèye Maïga et les chefs de diplomatie français et allemand. En outre, le Conseil de sécurité a insisté sur la nécessité d'accélérer et de donner la priorité à la mise en œuvre de l'accord de paix, ainsi qu'à la nécessité de briser le cycle de la violence qui sévit dans le centre du Mali depuis plusieurs mois. Le représentant permanent de la France, pays qui préside les travaux du Conseil en mars, a rappelé le triple objectif de cette mission : témoigner un soutien à la mise en œuvre de l'Accord de paix et de réconciliation de 2015 au Mali, évaluer l'état d'opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel et mesurer la détérioration de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Après Bamako, la délégation du Conseil de sécurité s'est rendue à Ouagadougou où elle a eu une séance de travail avec les membres du gouvernement burkinabè qui ont exposé leurs priorités dans le cadre des activités censées impulser le développement économique et social "dans l'espace géographique du G5 Sahel". Le déplacement au Burkina Faso, deuxième étape de la mission, avait pour objectif de permettre au Conseil de sécurité de mieux saisir les ressorts de la crise sécuritaire et humanitaire qui touche le pays et la région du Sahel et épauler le pays dans ses efforts pour faire face à la menace sécuritaire à laquelle il est confronté et pour l'aider aussi dans le chemin de son développement", avait expliqué François Delattre. Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à une recrudescence des attaques terroristes, qui ont fait plus de 300 morts et des milliers de déplacés. 14 provinces sur 45 que compte le Burkina Faso sont sous état d'urgence depuis fin 2018.
Réunion ministérielle à l'ONU sur l'avenir du soutien international au Mali Saluant les progrès réalisés après le renouvellement du mandat de la Minusma (Mission de maintien de la paix au Mali), notamment à travers la tenue de l'élection présidentielle de Juillet-Août 2018, la poursuite de la décentralisation, le lancement du processus de démobilisation, désarmement, l'Ambassadeur français a regretté la non-application de plusieurs mesures de la résolution 2 423 du Conseil de sécurité, notant la volonté des parties signataires de mettre en oeuvre l'Accord de paix. Il a, à cette occasion, annoncé la tenue d'une réunion ministérielle importante vendredi 29 mars à New York sous la présidence du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au cours de laquelle des décisions importantes seront prises sur l'avenir du soutien international au Mali. Au cours des échanges, la délégation Onusienne a proposé une nouvelle feuille de route "réaliste" et "contraignante" basée sur un certain nombre de priorités pour diligenter l'application de l'Accord, dont le contenu sera dévoilé lors de la réunion ministérielle de vendredi. Selon l'ambassadeur français aux Nations unies de Lattre, la visite du Conseil de sécurité "doit permettre de renforcer l'information des membres sur le processus de paix au Mali, la force conjointe du G5-Sahel et la situation du Burkina Faso, "particulièrement affecté par la menace sécuritaire". "La Force conjointe a pu mener trois opérations depuis le début de l'année 2019, malgré les retards imputables à l'attaque terroriste contre le quartier général du G5 Sahel à Sévaré, perpétrée en juin 2018", a précisé l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire auprès de l'ONU, Kakou Houadja Léon Adom. Au total, près de 237 attaques terroristes ont été recensées en 2018 au Mali, soit 11 de plus qu'en 2017. Au Burkina Faso, les attaques terroristes se sont également multipliées. La région du Sahel compte près de 4,3 millions de personnes déplacées, dont un million ayant dû fuir leur maison l'année passée, selon les Nations unies. L'armée burkinabè a multiplié les opérations antiterroristes ces derniers mois dans plusieurs régions du pays.