Le FMI a de nouveau abaissé mardi sa prévision de croissance pour l'économie mondiale cette année après sa fin 2018 difficile sur fond de ralentissement en Chine et de tensions commerciales, le tout s'accompagnant d'une moindre confiance des acteurs économiques. Le Fonds monétaire international, qui avait déjà révisé à la baisse à deux reprises ses anticipations les trimestres précédents, n'attend plus que 3,3% de croissance cette année dans le monde, soit 0,2 point de moins par rapport à sa prévision de janvier et 0,4 de moins par rapport à celle d'octobre 2018. Il la voit rebondir en 2020 pour retrouver son rythme de 3,6% (prévision inchangée) constaté l'an passé, tout en avertissant que, dans l'environnement actuel, elle ne devrait pas accélérer plus à moyen terme. Dans ses perspectives économiques mondiales publiées début mars, l'OCDE a de son côté dit attendre une croissance globale de 3,3% en 2019 et 3,4% en 2020. Publiées à la veille des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington, les prévisions du Fonds sont également sérieusement abaissées s'agissant du commerce mondial : ses économistes ne le voient plus progresser en volume que de 3,4% cette année, soit 0,6 point de moins qu'attendu précédemment, les anticipations variant en revanche peu pour 2019 (-0,1 point à 3,9%). Ces révisions à la baisse sont avant tout motivées par le trou d'air plus marqué que prévu du 2e semestre 2018, pour lequel le FMI fait état d'une croissance mondiale chutant à 3,2% en rythme annuel après 3,8% sur les six premiers mois.
Fortes révisions pour l'Allemagne et l'Italie Elles sont quasi générales pour les grandes économies, la Chine faisant exception avec une anticipation un peu moins pessimiste (+6,3% contre +6,2% précédemment) de sa croissance 2019, après celle de 6,6% en 2018. L'économie américaine verrait la sienne ralentir à 2,3%, soit 0,2 point de moins que prévu en janvier, après 2,9% en 2018, soutenue par une consommation solide même si le FMI pointe un investissement des entreprises moins dynamique. Pour la zone euro, le FMI n'entrevoit plus que 1,3% de croissance cette année, soit une révision de -0,3 point par rapport à la prévision de janvier, elle-même déjà en retrait de 0,3 point par rapport à octobre. Ses attentes se situent ainsi au niveau de celles de la Commission européenne mais au-dessus de celles de l'OCDE, qui voit la progression du PIB de la zone euro ne pas dépasser 1,0% cette année. L'Allemagne, avec une production industrielle en berne depuis l'introduction de nouvelles normes antipollution dans l'automobile et une chute de la demande étrangère, explique l'essentiel de cet accès de faiblesse. Sa croissance chuterait à 0,8% en 2019, soit quasiment la moitié de celle de 2018, là où le FMI l'attendait encore à 1,3% en début d'année. La révision est de même ampleur pour l'Italie, dont l'économie échapperait de peu à la récession (+0,1% pour le PIB attendu), alors que la France limiterait les dégâts avec une croissance de 1,3% (-0,2 point par rapport aux prévisions de janvier).
Des risques toujours majoritairement baissiers Quant au Royaume-Uni, le FMI souligne que sa prévision de croissance 2019 (1,2%, soit -0,3 point) repose sur la conclusion d'un accord sur sa sortie de l'Union européenne au terme d'un processus qui reste une source majeure d'incertitudes. Dans le cas contraire, les économistes du Fonds estiment qu'un "no-deal Brexit" amputerait la croissance potentielle du pays de quasiment 3% dans le long terme, celle de l'Union européenne diminuant dans une proportion dix fois moindre. En attendant, ils voient la croissance mondiale repartir au second semestre 2019 à la faveur du programme de relance de l'économie chinoise, d'un regain de confiance des marchés financiers déjà perceptible et d'une stabilisation graduelle de pays émergents en crise comme l'Argentine et la Turquie. Le biais plus accommodant de la politique monétaire de la Réserve fédérale, avec l'arrêt annoncé de ses hausses de taux, et l'optimisme croissant des marchés sur les perspectives d'accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine jouent aussi. Le FMI considère néanmoins que les risques pesant sur son scénario restent majoritairement baissiers, une nouvelle escalade des tensions commerciales n'étant pas à exclure de même qu'une brusque dégradation du sentiment des marchés financiers où les investisseurs fuiraient le risque. Parmi de possibles éléments déclencheurs, il cite la persistance d'indicateurs économiques décevants, un Brexit sans accord ou une crise en Italie. "Une réévaluation rapide par les marchés de la politique monétaire américaine pourrait aussi resserrer les conditions financières globales", avertit le Fonds.