Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum a mis en avant, mercredi à Moscou, le caractère "prioritaire" de la question de la sécurité et de la stabilité au regard des crises que traversent les pays arabes, d'où la nécessité du respect des principes constants du droit international. Dans son allocution lors de la 5ème réunion ministérielle Russie-Monde arabe qui a débuté mardi, M. Boukadoum a souligné que "la question de la sécurité et de la stabilité figure à la tête des priorités au regard des crises que traverse le monde arabe, d'où la nécessité du respect des principes constants du droit international". "L'Algérie n'a eu de cesse d'appeler au respect de ces principes internationaux "particulièrement le respect du principe de la non-ingérence dans les affaires internes des pays, le respect de la souveraineté des peuples et leur droit à l'autodétermination, l'adoption du dialogue et des solutions politiques pour le règlement des conflits internationaux ainsi que le dialogue et la réconciliation pour le règlement des crises internes", a-t-il rappelé. Le chef de la diplomatie algérienne a salué, à cette occasion, le dialogue politique "qualitatif traditionnel" qui prévaut entre les pays arabe et la Fédération de Russie, un dialogue basé sur "la solidarité permanente qui a toujours marqué la position russe vis-à-vis des questions justes de la Nation arabe, et en tête desquelles, la question palestinienne". M. Boukadoum a rappelé que la sortie de la région du Moyen Orient des perturbations, de l'état de tension et des conflits "est tributaire d'une solution juste et globale aux souffrances du peuple palestinien", ajoutant que "la paix ne saurait se concrétiser devant les actions de l'occupant israélien visant à contourner les décisions de la légalité internationale et des chartes signées et à judaïser la ville d'Al Qods, en sus de ses tentatives pour faire disparaître les monuments islamiques et chrétiens et à changer le statut juridique de cette ville". "Une éventuelle initiative de paix a été récemment évoquée pour redonner espoir au Moyen Orient, des actions intervenant dans une conjoncture délicate qui coïncide avec certaines décisions unilatérales qui ne servent pas la paix et ne se conforment pas à la légalité internationale", a ajouté le ministre des Affaires étrangères, citant, à cet égard, "la décision de l'administration américaine de transférer son ambassade à Al Qods et la décision portant reconnaissance de la souveraineté d'Israel sur le Golan arabe occupé". L'Algérie demeure convaincue que "toute solution à la question palestinienne doit être basée sur l'établissement d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Al Qods comme capitale, conformément à la légalité internationale", a-t-il affirmé. Réitérant le soutien "absolu" de l'Algérie au combat du peuple palestinien pour le recouvrement de tous ses droits légitimes, M. Boukadoum a appelé les Palestiniens à "unifier leurs rangs" au mieux des intérêts de leurs pays. Abordant la crise libyenne, le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que la solution politique reste "la seule voie pour la résorber", et ce, conformément au processus parrainé par l'Organisation des nations unies (ONU), visant à mettre un terme à la crise dans ce pays sans ingérence dans ses affaires internes, un processus devant permettre à la Libye de préserver son unité, sa souveraineté, sa sécurité et sa stabilité. M. Boukadoum a appelé, à ce titre, à " faire preuve de sagesse et à éviter toute escalade militaire susceptible d'entraver le processus de règlement de la crise", réitérant par là même, la foi de l'Algérie en la capacité des Libyens à surmonter leurs différends et à placer l'intérêt de leur patrie "au-dessus de toute autre considération". S'agissant de la crise en Syrie, le ministre des Affaires étrangères a rappelé la position de l'Algérie qui a appelé, dès le début, à une solution politique, basée sur le dialogue et la réconciliation, seuls à même de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriales de la Syrie et de son tissu social. Il a mis en avant, à ce sujet, l'appui de l'Algérie aux efforts de l'émissaire onusien pour parvenir à une solution pacifique "qui découlera d'un dialogue constructif entre les différentes parties syriennes", ainsi que son soutien au peuple syrien frère dans sa lutte contre le terrorisme et dans sa quête pour le recouvrement de la stabilité. Evoquant le Golan syrien, le ministre a réitéré la position "inébranlable" de l'Algérie considérant le Golan syrien comme territoire arabe occupé, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de la légalité internationale, exprimant dans ce sens, le " rejet" de l'Algérie de toute décision portant reconnaissance de l'occupation israélienne de cette région. Pour ce qui est du Yémen, M. Boukadoum a rappelé l'appui de l'Algérie aux efforts de l'émissaire de l'ONU dans ce pays, visant à trouver une solution politique qui puisse unifier les yéménites et mettre un terme à la crise humanitaire à laquelle ils sont confrontés, souhaitant à ce propos, que les "belligérants yéménites puissent concrétiser les résultats de leurs derniers entretiens à Stockholm et œuvrer à la création de conditions favorables à la relance de la solution politique". Le ministre a abordé, par ailleurs, la question de la lutte contre le terrorisme, les idées extrémistes, le crime organisé transfrontalier, le trafic illégal d'armes, la traite d'êtres humains et le trafic de stupéfiants, affirmant que ces questions exigent une conjugaison des efforts communs, à même de lutter contre ces fléaux, de remédier à leurs causes et racines, tarir leurs ressources matérielles et idéologiques et de faire face à chacun de leurs aspects", et ce, conformément à une approche globale conforme à la légalité internationale.
Un mécanisme pour asseoir un partenariat solide dans tous les domaines Concernant la réunion tenue à Moscou, en présence du Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou Al- Ghait et de 14 ministres arabes des Affaires étrangères, M. Boukadoum a indiqué que cette rencontre "reflète la solidité des relations historiquement solides entre les pays arabes et la Fédération de Russie, des relations marquées par une volonté commune d'asseoir un partenariat solide englobant tous les domaines, notamment la politique, la sécurité, l'investissement, l'industrie, l'agriculture, la recherche scientifique et la technologie, les énergies renouvelables et les utilisations pacifiques de l'énergie atomique, en sus des perspectives offertes afin de booster la coopération dans le domaine culturel et du riche patrimoine civilisationnel et pluridimensionnel". Il estime, à ce titre, que les mutations rapides survenant sur la scène internationale confirment l'importance de ce mécanisme, devenu "une tribune pour renforcer le dialogue et coordonner les positions des deux parties (pays arabes et Russie) au sujet des questions régionales et internationales", soulignant que les participants à cette rencontre étaient appelés à évaluer les aspects de cette coopération en vue de la hisser au plus haut niveau". Il a réitéré, en outre, son appel à la relance du processus de ce forum. Passant en revue les différents efforts consentis dans le cadre de ce mécanisme créé en 2003 et sa contribution à "impulser le dialogue politique" entre ses parties et "le hisser à des niveaux avancés se traduisant, aujourd'hui, dans les positions communes et rapprochées qui nous unissent sur différentes questions politiques et sécuritaires", M. Boukadoum a indiqué que "nous sommes convaincus que ce dialogue augure bien pour l'avenir de nos relations politiques". Il a évoqué, en outre, "les ambitions légitimes" exprimées lors de ce forum en vue de "créer de nouveaux cadres et mécanismes à même de booster la coopération économique et commerciale entre les pays arabes et la Russie, et ce en harmonie avec l'amitié et la solidarité", qu'il a qualifié de "deux caractéristiques marquantes" des relations unissant les deux parties, fondées sur le principe de la complémentarité entre nos économies et la nécessité de les diversifier". Le ministre a affirmé, dans ce cadre, que le partenariat arabo-russe "laisse entrevoir les signes d'un avenir fleurissant auquel nous pouvons tous contribuer en consolidant les relations bilatérales entre les pays arabes et la Russie". M. Boukadoum a exprimé sa "satisfaction" de la coopération économique entre l'Algérie et la Russie et "la volonté de l'Algérie à la développer et promouvoir dans le cadre de l'intérêt commun", avant de manifester son souhait de voir les travaux de cette rencontre couronnés de succès et de résultats positifs auxquels nous aspirons au service de l'amitié arabo-russe et de nos intérêts communs en matière de paix et de stabilité du monde entier".