Pour le 17e vendredi consécutif, des marches pacifiques ont été organisées dans plusieurs wilayas du pays pour réclamer un "changement radical" et saluer les décisions de la justice de juger les responsables impliqués dans les affaires de corruptions et la dilapidation des deniers publics, ont constaté des correspondants de l'APS. Les manifestants, en nombre inférieur par rapport aux précédents vendredis, ont également rejeté la participation des anciennes figures du système dans tout dialogue de sortie de crise, et appelé la justice à poursuivre sa mission dont le jugement des personnes ayant porté préjudice au pays et à l'économie nationale. En dépit des températures élevées, des citoyens sont sortis pour des marches à travers les wilayas de l'est du pays, pour renouveler leurs revendications à leur tête "le départ des figures de l'ancien système". A Constantine, le premier groupe de manifestants a battu le pavé du boulevard Mohamed Belouizdad, en saluant les décisions de la justice dans le traitement des affaires de corruption, les incarcérations de hauts responsables et réclamant aussi de réserver le même sort pour le reste de la "Issaba" (bande). "La +issaba+ à El Harrach (prison d'El Harrach, ndlr)", scandait la foule. La population était également au rendez-vous à Mila, où les citoyens ont sillonné les principales artères des grandes villes de la wilaya, au rythme de "Oui à des élections chapeautées par des compétences nationales". Depuis Annaba, des citoyens ont investi le Cours de la Révolution au centre-ville et scandé: "Elections propres et honnêtes" et affirmant rester mobilisés jusqu'à satisfaction des revendications. A Oum El Bouaghi Tébessa, Batna et Khenchela, des milliers de citoyens ont réinvesti les rues et marché dans le calme pour réaffirmer leur détermination à continuer leur lutte pacifique, pour "Un Etat civil, un Etat de droit". Les marcheurs ont également appelé à préserver l'unité du pays, "Chaoui, Kabyle, Tergui ou M'zabi, tous des Algériens", scandaient-ils. Sous les cris "Djazaïr Horra, démocratiya" (Algérie libre et démocratique) et "Silmiya, silmiya" (pacifique, pacifique), les manifestants depuis les villes de Sétif et Guelma ont réitéré leur appel pour le départ des "3B" (Bensalah, Bedoui et Bouchareb). Les manifestants ont réclamé à El Tarf "une transition démocratique conduite par des personnalités consensuelles". Des milliers de citoyens ont, également, battu le pavé à travers les wilayas du centre du pays malgré les fortes chaleurs enregistrées pour affirmer leur attachement à "l'instauration d'une véritable démocratie". Les manifestants, tout en affichant leur satisfaction suite à l'arrestation de certains responsables ont réclamé la poursuite de la lutte contre la corruption et les corrompus. A Tizi-Ouzou, une imposante marche a réuni des milliers de manifestants qui, en plus des revendications de changement de système, ont tenu à célébrer la grandiose marche du 14 juin 2001 à Alger. Des pancartes et banderoles brandies ainsi que des slogans scandés réclamaient justice pour les victimes du "printemps noir" de 2001 en Kabylie. A Bouira et Boumerdes, des milliers de citoyens ont sillonné les principales artères des deux villes en réitérant leurs revendications de changement du système et du départ de toutes ses anciennes figures. Les manifestants ont arpenté plusieurs artères de la ville de Béjaïa renouvelant les exigences habituelles, toutes articulées autour de la "démocratisation du pays" et "l'instauration d'un état de droit", ainsi que la mise en œuvre d'une "période de transition, conduite par des personnalités civiles, n'ayant pas eu, par le passé, de responsabilités importantes". Les mêmes revendications ont été, également, soulevées par les manifestants tant à Tipasa, Chlef, Djelfa, Blida et Médéa.
Soulagement A l'ouest du pays, des citoyens ont marché pour la poursuite de jugements des impliqués dans les affaires de corruption. A Oran, les marcheurs ont sillonné les principales artères de la ville partant de la place 1er Novembre jusqu'au siège de la wilaya, puis se dirigeant vers le pont Zabana, avant de s'orienter vers le Boulevard de l'ALN (Front de Mer). Les manifestants, hommes, femmes, enfants brandissant le drapeau national, ont scandé notamment "Instance présidentielle pour la gestion de la période transitoire". A Mostaganem, les manifestants ont commencé à se rassembler après la prière du vendredi sur la place de l'Indépendance, pour passer après par des artères de la ville à l'instar des rues Mohammed Khemisti et Mohamed Bouazza. Ils ont également salué les poursuites judiciaires entreprises par la justice contre les personnalités impliqués dans des affaires de corruption et de dilapidation de deniers publics. Les manifestants ont brandi des banderoles telles que "Yetnahaw Gaa" (partez tous), et "Pas d'élections avec El Issaba". A Relizane et les principales villes, les manifestants ont exigé "le départ de tous les symboles du régime" et le jugement de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika. Ils ont scandé des slogans appelant à la nécessité d'un "changement global et radical" et "d'un Etat civil démocratique" ainsi que "le peuple, c'est l'autorité", "le peuple, bâtisseur de l'Etat" et "pas d'élections sans réformes". A Tissemsilt, des dizaines de citoyens ont marché pacifiquement avec des banderoles appelant au " départ du chef de l'état Abdelkader Bensalah et du Premier ministre Noureddine Bedoui", "la poursuite de la lutte contre la corruption", le "jugement des corrompus", "le peuple et l'armée Khawa Khawa". A Naâma, Mecheria, Ain Sefra, des dizaines de citoyens ont défilé avec le drapeau national en brandissant des slogans appelant au changement radical du régime et au dialogue comme moyen de sortie de la crise actuelle et soutenant les efforts de la justice pour lutter contre la corruption, et saluant l'appui à l'Armée nationale populaire (ANP) au mouvement populaire. Les wilayas de Sidi Bel Abbès, Saida, Tiaret, Tlemcen, Mascara, El Bayadh ont également connu des marches pacifiques saluant le jugement des personnes impliquées dans les affaires de corruption Au Sud, de petits groupes de quelques dizaines de manifestants sont sortis après la prière du vendredi à Ouargla et Laghouat, drapés de l'emblème national, pour appeler au changement politique. Ils ont hissé des pancartes et scandé des slogans appelant notamment au départ des figures du système, à la lutte contre la corruption, à l'édification d'un Etat civil et à la préservation de l'unité nationale. Au vu des fortes chaleurs affectant actuellement la région, la plupart des manifestants préfèrent attendre après la prière de l'Asr, en toute fin d'après-midi, à l'instar des populations des wilayas d'El-Oued, Adrar, Ghardaia et Tindouf, pour sortir manifester.
Les manifestants saluent les dernières décisions de la justice Les manifestants n'ont pas dérogé à leurs habitudes en sortant massivement pour le 17ème vendredi consécutif dans des marches pacifiqes à Alger, saluant les dernières décisions de la justice et réitérant leur refus au dialogue avec les symboles de l'ancien système. Malgré un soleil de plomb, les manifestants, visiblement moins nombreux que la semaine passée, ont unanimement salué les dernières décisions de la justice, notamment après la mise en détention provisoire d'anciens hauts responsables du pays impliqués dans des affaires de corruption et d'abus de fonction, ont constaté des journalistes de l'APS. Pour rappel, le juge d'instruction près la Cour suprême avait ordonné le placement en détention provisoire à la prison d'El Harrach des deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que l'ancien ministre des Travaux publics et du Commerce, Amara Benyounes, alors que l'ex-ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, a été placé sous contrôle judiciaire. Ces hauts responsables ont été auditionnés par le juge d'instruction près la Cour suprême dans des affaires de dilapidation des deniers publics, d'abus de fonction et d'octroi d'indus privilèges, ce qui a amené les manifestants à scander des slogans exigeant que tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption et de dilapidation des derniers publics soient jugés, citant ainsi l'ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui avait démissionné de son poste le 2 avril dernier sous la pression des manifestations populaires. En ce sens, on pouvait lire sur les banderoles et pancartes : "Bienvenue à la prison d'El Harrach", "Pour le départ des autres B" (Bensalah, Bedoui et Bouchareb), "Poursuite en justice de tous les symboles du système", "Pour une commission indépendante de surveillance des élections", "Djeïch, chaâb khaoua khaoua" (Armée et peuple sont frères). Les manifestants ont scandé aussi des slogans "remerciant la justice pour avoir incarcéré les membres de la bande", exprimant par la même occasion leur attachement à l'unité nationale, tout en réaffirmant que "la souveraineté appartient exclusivement au peuple". L'hymne des manifestants "Silmia, silmia" (Pacifique, pacifique) a été entonné en chœur, de même les chants patriotiques habituels pour réaffirmer leur amour et attachement à l'unité nationale. Comme à l'accoutumée, les manifestants avaient commencé à se regrouper dès la matinée au niveau de la Grande-Poste, le boulevard Amirouche, l'avenue Pasteur, la Place Maurice Audin et au boulevard Zighout Youcef, où un dispositif sécuritaire a été déployé pour parer tout débordement. Ils ont poursuivi leur marche vers la Place des Martyrs.
Gestes de solidarité et de convivialité Cette journée de mobilisation a été marquée par des gestes de convivialité et de solidarité qui ont vu des citoyens distribuer gracieusement des bouteilles d'eau et des boissons aux manifestants pour se rafraîchir et se désaltérer. Certains d'entre eux n'ont pas hésité à se partager des sandwichs et des fruits. Par ailleurs, l'accès au parvis de la Grande-Poste, lieu symbolique du Hirak, est resté bloqué pour le quatrième vendredi consécutif, de même que le tunnel des Facultés et les voies menant vers le Palais du gouvernement pour parer à tout dérapage. Les manifestants ont commencé à se disperser aux environs de 17 h dans le calme, cédant ainsi la place aux jeunes bénévoles qui, dans un geste de civisme et de citoyenneté, ont procédé au nettoyage des lieux des manifestations. A noter que l'APS diffuse des images et des vidéos de ces marches sur son site internet (www.aps.dz).