Le Sommet des deux rives du pourtour méditerranéen occidental a adopté lundi à Marseille cinq engagements pour une Méditerranée durable, du vivre-ensemble, de partage et de co-développement. La rencontre, à l'initiative du président français Emmanuel Macron, avait pour ambition de relancer une nouvelle dynamique de coopération entre les 10 pays de la rive nord et de la rive sud de la Méditerranée occidentale, en tenant compte des défis de la région. Les défis sont nombreux, a-t-on souligné au cours des travaux, citant le manque de stabilité dans la région sud, le manque d'écoute de la région nord, la jeunesse, l'emploi, la formation, l'environnement qui obligent les pays de la région à revoir leur vision de la coopération autour du bassin méditerranéen, berceau de la civilisation européenne. Ce sommet, qui a donné toute l'importance à la société civile, se veut un acte fondateur d'une nouvelle façon de faire et de vivre ensemble dans le bénéfice des peuples de la région, avec des projets innovants et concrets. D'ailleurs, les organismes internationaux, bailleurs de fonds, ont pris part à cette rencontre afin d'examiner les projets porteurs, d'où la proposition du président français de faire le point dans six mois, par souci de suivi et d'efficacité. C'est dans ce sens qu'un agenda "positif" a été proposé pour promouvoir la Méditerranée comme "une mer de toutes les opportunités" dans un contexte d'urgence afin d'inspirer une génération solidaire face aux enjeux transnationaux. Le maître mot est en quelque sorte le partage des "bonnes pratiques" de gouvernance, de vivre-ensemble et de bon-voisinage entre les pays de Méditerranée occidentale, à travers des solutions "pratiques" et le soutien de plusieurs projets d'avenir "structurants". Dans ce cadre, la dimension humaine dans la nouvelle vision méditerranéenne devra nécessairement prendre en charge la connaissance et la mobilité, où la jeunesse est au centre de l'intégration entre les deux rives. La question environnementale a constitué une des préoccupations majeures du sommet qui souhaite une Méditerranée "durable", "vivante, sans déchets et à faibles émissions carbone". C'est dans ce sens que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a affirmé dans son intervention que l'Algérie s'est dotée d'une stratégie "ambitieuse" pour le développement des énergies renouvelables, indiquant que d'importants financements et investissements ont été consentis. Il a estimé que les idées et initiatives, qui ont émergé des 45 propositions de projets issus du Forum d'Alger, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique ou encore les plateformes d'échanges de bonnes pratiques, "donnent une dimension concrète à notre feuille de route pour réussir notre transition vers un modèle économique durable et sobre en carbone". Dans cet élan ambitieux, reste cependant la question des mentalités qui, pour les dix pays participants, constitue une véritable barrière. Afin de dépasser cet obstacle, le sommet propose l'idée de manifestations culturelles et sportives communes, comme la création de festivals de cinéma, de théâtre et de musique sur les deux rives, avec comme engagement pour une Méditerranée innovante, numérique et entrepreneuriale. Tous les intervenants se sont accordés sur le suivi de ce projet ambitieux, fruit d'un labeur ininterrompu de la société civile et des dirigeants, tenant compte du mort-né processus de Barcelone. En tout cas, les plaidoiries vont dans le sens d'une nouvelle vision de coopération et construction d'un espace de co-développement, de vivre-ensemble et de paix. Reste à savoir si cette volonté commune ne va être affectée par les défis qui demeurent toujours posés, a-t-on estimé. Pour rappel, une réunion préparatoire des MAE du Dialogue 5+5 des deux rives de la Méditerranée occidentale a été tenue dimanche soir à Marseille. Ont pris part à cette réunion les MAE de la rive nord de la Méditerranée de France, d'Espagne, d'Italie, de Malte et du Portugal (secrétaire d'Etat). Du côté de la rive sud, il y a eu la participation du ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, et des MAE du Maroc, de la Tunisie, de la Libye et de la Mauritanie. Le chef de la diplomatie algérienne a souligné dans son intervention l'intérêt de l'Algérie au Forum de l'énergie et l'importance de la société civile dans la création d'une synergie pour impulser une nouvelle dynamique dans la coopération entre les pays des deux rives. A l'issue de cette rencontre, qui prépare le sommet des deux rives de la Méditerranée de lundi, les ministres ont signé une déclaration sur les engagements pour une nouvelle ambition en Méditerranée. Le sommet, Forum de la Méditerranée, se tiendra lundi à Marseille pour relancer une nouvelle dynamique de coopération. Ce sommet, dont on dit formel, s'inscrit dans le cadre du Dialogue 5+5 Méditerranée qui réunit cinq Etats de la rive sud de la Méditerranée (l'Algérie, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie et la Libye) et cinq Etats de la rive nord (le Portugal, l'Espagne, la France, l'Italie et Malte). La délégation algérienne est conduite par le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum. L'Union européenne, l'Allemagne, mais aussi les organisations pan-méditerranéennes et les principales organisations économiques internationales présentes dans la région sont associés à cette initiative. Les principales organisations économiques internationales sont la Banque Mondiale, la Banque européenne d'investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Cette rencontre a pour ambition de relancer la dynamique de coopération en Méditerranée occidentale par la mise en œuvre de projets concrets en faveur du développement humain, économique et durable dans la région.