Les Bourses européennes ont terminé sans grand changement mardi, une tendance partagée sur l'ensemble des marchés d'actions, les prises d'initiative restant très limitées en amont du sommet du G20 et de la rencontre prévue entre le président américain Donald Trump et son homologue Xi Jinping. Les tensions entre les Etats-Unis et l'Iran alimentent également la prudence des investisseurs, qui se replient vers les actifs jugés les plus sûrs, comme l'or, la dette souveraine et le yen. À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,13% à 5.514,57 points. Le Dax allemand a reculé de 0,38% mais le Footsie britannique est parvenu à grappiller 0,08%. L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,32%, le FTSEurofirst 300 a cédé 0,06% et le Stoxx 600 s'est replié de 0,1%. La rhétorique guerrière entre les Etats-Unis et l'Iran s'est poursuivie mardi au lendemain de l'annonce de l'alourdissement des sanctions américaines contre le régime de Téhéran. Donald Trump a menacé de riposter avec une "force considérable et destructrice" à toute attaque iranienne. Outre ce point d'attention, les investisseurs attendent surtout en fin de semaine la rencontre, lors du sommet du G20, entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping qui pourrait permettre de relancer les négociations commerciales entre les deux pays, au point mort depuis plusieurs semaines. "Dans l'ensemble, l'évolution du commerce s'est avérée presque impossible à prévoir, à maintes reprises", commente Jeremy Ocansey chez Fidelity. "La réunion prévue pourrait aboutir à une poignée de main et à un accord pour continuer à parler, ce qui mettrait la situation en pause pendant six mois - mais elle pourrait aussi aboutir à une rupture et à l'imposition de droits de douane américains sur les 300 milliards de dollars restants de produits chinois, ou à une échéance à laquelle cela aura lieu. L'élément humain des personnalités de Xi et Trump sera probablement décisif". A la clôture en Europe, les indices new-yorkais évoluaient en légère baisse, la prudence dominant également sur le marché américain. L'indice Dow Jones reculait de 0,19%, le Standard & Poor's 500 cédait 0,37% et le Nasdaq Composite abandonnait 0,72%. Tout comme en Europe, la séance est aussi animée par une opération de M&A, à savoir le rachat d'Allergan, le fabricant du Botox, par le groupe de biopharmacie AbbVie pour environ 63 milliards de dollars (55,3 milliards d'euros). L'action Allergan s'envole de 26,79% tandis que le titre Abbvie recule de 14,88%.
Valeurs L'actualité des fusions-acquisitions a animé la séance en Europe, avec l'annonce du rachat d'Altran par Capgemini. Cette opération, qui vise à créer un acteur mondial de la transformation numérique des entreprises industrielles, est jugée pertinente par les investisseurs et analystes : en tête du Stoxx 600, l'action Altran a bondi de 22,18% pour s'aligner avec le prix de l'offre de Capgemini, qui a pris pour sa part 8,43%, plus forte hausse du CAC 40. A l'inverse, Iliad (-3,43%) a été pénalisé par l'abaissement de la recommandation de Berenberg sur le titre, à "conserver" contre "achat". De son côté, Carrefour (-3,49%) a accusé la plus forte baisse du CAC 40 en réaction à la dégradation de sa note de crédit par l'agence Fitch, à 'BBB' contre 'BBB+'.
Wall Street recule La Bourse de New York a fini en net repli mardi, pénalisée tout à la fois par les tensions commerciales, des indicateurs économiques décevants et des déclarations de responsables de la Réserve fédérale qui ont tempéré les espoirs d'une baisse marquée des taux le mois prochain. L'indice Dow Jones a perdu 179,32 points, soit 0,67%, à 26548,22. Le S&P-500, plus large, a cédé 27,97 points, soit 0,95%, à 2917,38le Nasdaq Composite a reculé de 120,98 points, soit 1,51%, sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 3 juin, à 7884,72 points. Jerome Powell, le président de la Fed, a déclaré lors d'un colloque à New York que la banque centrale s'interrogeait sur l'opportunité d'une baisse de taux face aux tensions commerciales et aux autres motifs d'incertitude. Il a aussi insisté sur l'indépendance de l'institution, au lendemain de critiques de Donald Trump réclamant de nouveau une baisse de taux. Auparavant, James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, avait déclaré qu'une baisse de taux de 50 points de base en juillet ne lui semblait pas justifiée. Les investisseurs ont revu leurs anticipations en matière d'évolution des taux d'intérêt après les propos de Powell et Bullard: selon le baromètre FedWatch de CME Group, les marchés n'estiment plus qu'à 35% environ la probabilité d'une baisse de taux de 50 points de base en juillet, contre plus de 56% en début de journée. "Powell et Bullard ont tous deux fait des déclarations qui suggèrent qu'il pourrait n'y avoir aucune baisse de taux en juillet", estime Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel. "Après la réunion de la semaine dernière, les espoirs d'une baisse des taux ont décollé mais elle pourrait ne pas être à l'ordre du jour le mois prochain." "De même, la semaine dernière, on espérait fortement que quelque chose de positif sortirait de la réunion du G20 mais la date approche et l'optimisme se dissipe quelque peu." Les marchés continuent en effet de surveiller l'évolution des déclarations américaines et chinoises en attendant la rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping prévue samedi en marge du sommet du G20. Or pour Washington, l'objectif de l'entretien est de relancer les négociations, non de les conclure. Le Moyen-Orient reste aussi une source d'inquiétude: au lendemain de nouvelles sanctions de Washington, Téhéran a estimé que la Maison blanche avait un comportement "d'attardé mental" alors que Donald Trump assurait que les Etats-Unis riposteraient avec une force "considérable et destructrice" à toute attaque iranienne.
Indicateurs du jour & valeurs Sur le front de l'économie américaine, la confiance du consommateur s'est dégradée plus que prévu en juin pour tomber à son plus bas niveau depuis septembre 2017: l'indice du Conference Board est tombé à 121,5 contre 131,3 en mai. Les ventes de logements individuels neufs ont quant à elle reculé de 7,8% en données ajustées des variations saisonnières à 626.000 unités le mois dernier, leur niveau le plus faible depuis décembre. Les économistes interrogés par Reuters visaient une hausse de 1,9%, à 680.000 millions d'unités. Dix des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini la journée en territoire négatif et les replis les plus marqués ont touché d'une part les technologiques (-1,84%), d'autre part les services de communications (-1,60%). Microsoft (-3,16%), Cisco Systems (-1,92%), Intel (-1,64%) et Apple (-1,52%) figurent parmi les plus fortes baisses du Dow Jones. "La faiblesse de ces valeurs montrent que les gens se retirent du marché, se retirent des ETF", estime Peter Tuz. Seul compartiment épargné par la baisse générale, celui des matières premières a fini stable. Le secteur bancaire, affecté par la perspective d'une baisse des taux d'intérêt, un handicap pour sa rentabilité, a cédé 0,64%. Dans l'actualité des fusions-acquisitions, le groupe pharmaceutique AbbVie a chuté de 16,25% après l'annonce du rachat d'Allergan (+25,36%), surtout connu comme le fabricant du Botox, pour environ 63 milliards de dollars (55,3 milliards d'euros). L'opération a permis au S&P de la santé de gagner 0,41%.
Taux Le rendement des bons du Trésor à dix ans a oscillé pendant la majeure partie de la séance autour du seuil de 2% et s'affichait juste en dessous de 1,99% au moment de la clôture, le marché étant influencé à la fois par la perspective d'une prolongation des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et par les propos de James Bullard augurant d'une baisse de taux moins marquée qu'anticipé le mois prochain. En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a touché un nouveau plus bas historique à -0,336% et celui de l'OAT française de même échéance est tombé en territoire négatif.
Changes Les déclarations de Jerome Powell et James Bullard ont profité au dollar en éloignant la perspective d'une baisse marquée des taux de la Fed. En fin de séance, l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, gagnait ainsi 0,17% alors qu'il accusait une baisse de même ampleur au plus bas du jour. L'euro se traitait autour de 1,1370 dollar après avoir atteint, à 1,1412, son plus haut niveau depuis le 21 mars.
Métaux L'or a atteint son plus haut niveau depuis six ans, à 1.438,63 dollars l'once, à la faveur du repli du dollar, des anticipations de baisse de taux aux Etats-Unis et des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran. Il a toutefois réduit ses gains après les déclarations de James Bullard et Jerome Powell, qui ont profité au dollar.