Les Bourses européennes ont terminé en baisse vendredi dans le sillage de Wall Street, le rebond des créations d'emplois en juin freinant l'espoir d'une baisse significative des taux d'intérêt de la Réserve fédérale (Fed) à la fin du mois. À Paris, l'indice CAC 40 a perdu 0,48% à 5.593,72 points. Le Footsie britannique a cédé 0,66% et le Dax allemand a perdu 0,49%. L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,46%, le FTSEurofirst 300 de 0,71% et le Stoxx 600 de 0,72%. Le Stoxx a pris 1,36% sur la semaine et le CAC 40 a gagné 0,99%. Le département du Travail a annoncé vendredi 224.000 créations de postes non-agricoles le mois dernier, alors que la médiane des prévisions des économistes interrogés par Reuters en prévoyait 160.000. Toutefois, une hausse modérée des salaires et d'autres signes de ralentissement de l'économie pourraient continuer à encourager la Fed à abaisser les taux d'intérêt ce mois-ci, mais de façon moins agressive que prévu. Avec le rebond des créations d'emplois, les marchés ont maintenant "écarté la probabilité d'une double baisse des taux d'intérêt de la part de la Réserve fédérale à sa réunion du 30 et 31 juillet", dit Olivier Blackbourn chez Janus Henderson, ce qui explique la baisse des actions en Europe et à Wall Street. Les anticipations d'un assouplissement monétaire, alimentées par une série de statistiques décevantes, et l'apaisement des tensions entre Washington et Pékin sur le dossier commercial ont permis à la Bourse de New York d'atteindre des niveaux records cette semaine. Le marché évalue toujours à 100% la probabilité d'une hausse de taux à la fin du mois, avec toutefois une majorité désormais écrasante misant sur un abaissement de seulement 25 points de base de l'objectif des "fed funds", selon le baromètre FedWatch de CME Group. La Bourse de New York était orientée à la baisse au moment de la clôture en Europe, le rebond de la croissance de l'emploi aux États-Unis calmant les espoirs de baisse significative des taux par la Réserve fédérale fin juillet. A l'heure de la clôture, l'indice Dow Jones perdait 0,46%, le S&P-500, cédait 0,62% et le Nasdaq Composite reculait de 0,56%. Le secteur financier prenait 0,21% et l'indice des bancaires proprement dites s'octroyait 0,68%. L'indice des semi-conducteurs de Philadelphie perdait 0,97% après les prévisions décevantes de Samsung. Intel comptait parmi les plus importantes baisses du Dow Jones avec un repli de 1,42%.
Valeurs En Bourse, l'indice Stoxx des banques a signé l'une des rares progression du jour (+0,33%). Société générale a gagné 1,76% et Deutsche Bank 2,47%. Le groupe suédois de technologies industrielles Hexagon a signé la plus forte baisse du Stoxx 600 (-10,92%) après avoir averti que ses ventes allaient baisser au deuxième trimestre en raison de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Cet avertissement a pésé sur plusieurs poids lourds du secteur industriel comme Schneider Electric (-4,07%), plus forte baisse du CAC, et Siemens (-2,94%), plus forte baisse du Dac. L'indice Stoxx de l'industrie a reculé de 1,89%. L'impact des tensions commerciales s'est fait aussi sentir sur les fabricants de semi-conducteurs comme le sud-coréeen Samsung Electronics qui a annoncé que son bénéfice d'exploitation devrait fortement baisser au deuxième trimestre. A Paris, STMicroelectronics a perdu 2,45%.
Wall St finit en baisse La Bourse de New York a fini en baisse vendredi, le chiffre supérieur aux attentes des emplois créés aux Etats-Unis en juin ayant semé le doute sur les anticipations de baisse de taux de la Réserve fédérale, un facteur qui avait permis à Wall Street d'inscrire des records en début de semaine. L'indice Dow Jones a perdu 43,88 points, soit 0,16%, à 26.922,12 et le S&P-500, plus large, a cédé 5,41 points, soit 0,18%, à 2.990,41. Le Nasdaq Composite a reculé de 8,44 points, soit 0,1%, à 8.161,79. Tous trois avaient inscrits mercredi des plus hauts de clôture, le troisième d'affilée pour le S&P-500. Selon les statistiques officielles publiées une heure avant l'ouverture vendredi, l'économie américaine a créé 224.000 emplois non-agricoles en juin alors que les économistes interrogés par Reuters en prévoyaient 160.000 seulement. La hausse des salaires a parallèlement ralenti, à 0,2% le mois dernier après 0,3% en mai, et sa progression sur un an est restée à 3,1% pour le deuxième mois consécutif. Le marché tablait sur une hausse de 0,3% sur un mois et de 3,2% sur un an. "Le rapport sur l'emploi a montré que l'économie ralentissait mais ne vacillait pas. C'est important parce que l'une des questions clés avant la publication du rapport portait sur ses implications sur la possibilité que la Fed baisse les taux à la fin du mois", explique Kate Warne, stratège d'Edward Jones. "Elle peut encore décider une baisse d'un quart de point qui aurait valeur d'assurance mais ce qui est sûr, c'est que les indicateurs ne se dégradent pas rapidement." Dans son rapport semestriel au Congrès, la Fed réaffirme son engagement à agir de manière "appropriée" pour soutenir la croissance en expliquant que le marché de l'emploi a "continué à se renforcer" depuis le début de l'année et que la récente faiblesse de l'inflation est due à des "influences passagères". Les volumes ont été limités, une partie des investisseurs étant absents pour ce lendemain d'"Independence Day", avec environ 5,08 milliards de titres échangés contre 6,8 milliards en moyenne sur les 20 dernières séances. Il s'agit du volume le plus faible enregistré sur une séance complète depuis le début de l'année. Sur l'ensemble de la semaine, réduite à trois séances et demie par la fête nationale américaine, le Dow affiche une hausse de 1,21%, le S&P-500 une progression de 1,65% et le Nasdaq un gain de 1,94%.
Valeurs L'indice S&P des valeurs bancaires, sensible à l'évolution des taux d'intérêt, a progressé de 0,73% et contribué à la progression de 0,38% du secteur financier, la plus marquée des 11 grands secteurs de la cote. A l'opposé, les secteurs défensifs que sont la santé, l'immobilier et les services aux collectivités ("utilities") ont cédé respectivement 0,73%, 0,57% et 0,17%. Egalement en net repli, le compartiment des semi-conducteurs a perdu 0,6% après l'annonce par le géant sud-coréen Samsung Electronics d'une chute de son bénéfice d'exploitation au deuxième trimestre. Nvidia a perdu 1,55% et Intel 0,87%.
Taux La perspective de voir la Fed baisser ses taux moins rapidement qu'anticipé jusqu'à présent a logiquement favorisé la hausse des rendements des emprunts d'Etat américain. En fin de séance, celui des Treasuries à dix ans prenait plus de huit points de base à 2,039% après un pic à 2,068%, au plus haut depuis plus d'une semaine. Le deux ans, à 1,8694%, affichait quant à lui un rebond de plus de dix points, le plus important sur une séance depuis plus de quatre ans. "La partie courte (de la courbe des rendements-ndlr) a complètement abandonné l'idée d'une baisse de taux de 50 points de base ce mois-ci et n'escompte désormais guère plus qu'une baisse de prudence de 25 points de base", explique Jim Vogel, stratège taux de FTN Financial.
Changes En réduisant la probabilité d'une baisse marquée des taux au cours des mois à venir, les chiffres mensuels de l'emploi américain ont donné un coup de fouet au dollar, qui s'appréciait de 0,49% en fin de séance face à un panier de devises de référence, au plus haut depuis deux semaines et demie. Après la publication du rapport mensuel sur l'emploi, le dollar a amplifié ses gains. Il gagne 0,61% face à un panier de devises internationales, à son plus haut niveau depuis le 19 juin. "Les anticipations d'une baisse plus lente et/ou moindre des taux d'intérêt américains permettent au dollar de se renforcer, les données économiques américaines demeurant meilleures qu'ailleurs", ajoute Olivier Blackbourn. L'euro retombe autour de 1,121 dollar, un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis deux semaines. La monnaie unique était déjà en légère baisse en réaction aux chiffres des commandes à l'industrie en Allemagne, qui ont baissé bien plus que prévu en mai, le ministère de l'Economie ayant ajoutant qu'il n'y aurait sans doute pas d'amélioration dans les mois à venir.