Les Bourses européennes ont terminé en hausse mardi au terme d'une séance marquée par l'intérêt des investisseurs pour les valeurs défensives dans un contexte de craintes persistantes sur le commerce et le Brexit qui ont pénalisé l'automobile et les technologiques. A Paris, le CAC 40 a fini sur une progression de 0,81% à 4.928,18 points. Le Footsie britannique a pris 1,29% et le Dax allemand a grappillé 0,08%, la progression de l'indice étant limitée par les craintes sur le commerce et par le net repli de SAP après ses résultats. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,51%, le FTSEurofirst 300 de 0,79% et le Stoxx 600 de 0,8%. L'annonce par les Etats-Unis de treize chefs d'inculpation contre le géant des télécommunications Huawei Technologies, deux de ses filiales et sa directrice financière a ravivé l'inquiétude liée aux tensions commerciales alors que les pourparlers sur le commerce doivent reprendre dans les prochains jours entre Chinois et Américains. Le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, a toutefois déclaré s'attendre à ce que les discussions aboutissent à des progrès importants, en réfutant tout lien entre ces négociations et les accusations visant Huawei. Autre feuilleton suivi de près par les investisseurs: celui du Brexit. Les députés britanniques sont à nouveau appelés à voter, à partir de 19h00 GMT, sur sept amendements au projet de retrait négocié par Theresa May qu'ils ont massivement rejeté le 15 janvier dernier. "Le FTSE 100 et la livre ne tiennent pas compte du fait qu'un Brexit sans accord soit possible (...) Il y a une sorte de croyance aveugle en un Brexit prolongé ou repoussé", a déclaré David Madden, analyste chez CMC Markets, qui ajoute que le marché paraît "un peu trop optimiste".
Valeurs & indicateurs Le regain d'inquiétude sur le commerce a favorisé les secteurs défensifs comme les biens de consommation (+1,6%), les services aux collectivités (+1,6%) ou encore la santé (+0,86%). Le secteur du pétrole et du gaz (+1,52%) a également été bien entouré avec la hausse des cours du brut. A l'inverse, l'indice Stoxx de la technologie (-0,47%) et celui de l'automobile ont été délaissés (-0,5%) sur fond de tensions autour du commerce et de la croissance en Chine. A Paris, l'équipementier Valeo a signé la plus forte baisse du CAC 40 (-2,83%), suivi par STMicroelectronics (-1,67%). A la hausse, Sartorius Stedim Biotech a bondi de 15,20%, sa plus forte progression en une séance depuis juin 2009, porté par ses résultats annuels et l'annonce de solides prises de commandes pour cette année. Sa maison mère allemande Sartorius, dont les résultats annuels sont de la même veine, a fini en tête du Stoxx 600 (+18,2%). Dans l'actualité des fusions et acquisitions, le réassureur Scor a chuté de 11,41% après l'annonce par l'assureur mutualiste Covéa de l'abandon de son projet de rapprochement; Scor a décidé d'engager des actions pénales contre son principal actionnaire après cette annonce, intervenue en cours de séance. Sur le marché obligataire, le rendement du Bund allemand à 10 ans a fini en légère baisse, autour de 0,20%. Les rendements obligataires grecs ont nettement reculé dans la foulée d'une émission par Athènes de dette à cinq ans, une première depuis la fin, en août, du plan d'aide international dont bénéficiait le pays depuis 2010. Le rendement de l'emprunt grec à cinq ans a touché un creux de six mois et celui à 10 ans un plus bas de plus de cinq mois.
Wall Street finit irrégulière La Bourse de New York a fini en ordre dispersé mardi, le Dow Jones profitant d'un rebond des valeurs industrielles alors que les technologiques ont plombé le Nasdaq avant d'importantes publications de résultats, à commencer par celle d'Apple attendue à la clôture. L'indice Dow Jones a gagné 51,74 points, soit 0,21%, à 24.579,96 points alors que le S&P-500, plus large, a cédé 3,85 points (0,15%) à 2.640,00. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 57,40 points (0,81%) à 7.028,29. "C'est un jour d'indécision. Entre les résultats attendus à la clôture et la Fed demain, puis le rapport sur l'emploi (vendredi), personne ne veut se hasarder à prendre des grosses positions", résume Willie Delwiche, stratège chez Baird. La Réserve fédérale a entamé sa réunion de politique monétaire de deux jours, à l'issue de laquelle devrait être annoncé un statu quo sur les taux. Le marché attend surtout la conférence de presse que donnera son président Jerome Powell à 19h30 GMT pour voir s'il confirme son récent changement de ton et si la "patience" promise par la banque centrale concernera aussi la réduction de son bilan. L'annonce par les Etats-Unis de poursuites contre l'équipementier télécoms chinois Huawei Technologies a par ailleurs ravivé l'inquiétude liée aux tensions commerciales. Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a toutefois déclaré s'attendre à ce que les discussions avec le vice-Premier ministre chinois prévues en fin de semaine à Washington débouchent sur des progrès. Quelque 6,9 milliards de titres ont changé de mains à Wall Street, à comparer à une moyenne de 7,6 milliards sur les 20 séances précédentes.
Valeurs & indicateurs Apple a cédé 1,04% avant ses résultats mais le titre s'adjugeait plus de 6% dans les échanges d'après-Bourse, la firme à la pomme ayant annoncé un bénéfice conforme aux attentes malgré une baisse de ses ventes d'iPhone. Amazon.com, Facebook et Microsoft, qui publient aussi leurs comptes cette semaine, ont fini la séance en baisse de plus de 2%. Sept des 11 indices sectoriels S&P ont fini en territoire positif, emmenés par les industrielles qui ont repris 1,37% après leur déconvenue de la veille suite à un avertissement de Caterpillar. Le secteur a profité de publications positives de 3M (+1,94%) et des groupes de défense L3 Technologies et Harris, qui ont tous deux bondi de plus de 8%. Caterpillar a repris 1,74% après son plongeon de 9,13% la veille. L'indice S&P des technologiques, qui avait lui pâti lundi d'un avertissement de Nvidia, est en revanche resté orienté à la baisse (-1,01%). La plus forte baisse sectorielle a été pour les services de communication (-1,06%), plombés par l'opérateur télécoms Verizon (-3,25%), lanterne rouge du Dow Jones après ses résultats inférieurs aux attentes. Allergan (-8,55%), plus forte baisse du S&P 500, et Harley-Davidson (-5,05%) ont aussi été sanctionnés après des publications qui ont déçu les investisseurs. Xerox (+11,40%) et Pfizer (+3,14%) ont à l'inverse vu leurs résultats bien accueillis et ont signé les meilleures performances du S&P et du Dow Jones respectivement. En repli pour le troisième mois consécutif, l'indice de confiance du consommateur calculé par le Conference Board a reculé de 6,4 points à 120,2 en janvier, son plus bas niveau depuis juillet 2017, dans un contexte marqué par le blocage ("shutdown") d'une partie des administrations fédérales et les turbulences sur les marchés financiers. Les prix immobiliers dans les grandes villes ont augmenté de 4,7% en rythme annuel, leur plus faible croissance depuis janvier 2015, contre 4,9% attendu en moyenne et 5,0% en octobre.
Taux & changes Les rendements ont baissé dans l'attente de la décision monétaire de la Réserve fédérale mercredi et en réaction au mauvais indice de confiance du consommateur. Le rendement des Treasuries à 10 ans, référence du marché américain, a perdu 3,2 points de base à 2,71% et celui des notes à 2 ans, qui reflète le mieux les anticipations sur les taux de la Fed, s'est détendu de deux points de base à 2,57%. La plus forte baisse a été pour le taux du papier à sept ans, qui a reculé de 3,8 points de base à 2,61% après une adjudication réussie de 32 milliards de dollars d'obligations. L'euro/dollar a fait du surplace à la veille des annonces de la Fed, laissant sur le devant de la scène le sterling qui a chuté de 0,75% pour revenir à 1,30 dollar. La devise britannique a décroché après le rejet par la Chambre des Communes d'amendements censés éviter un Brexit sans accord, ce qui a ravivé les craintes d'une sortie désordonnée de l'Union européenne susceptible de nuire à l'économie du royaume. L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises de référence, grignotait 0,07% en fin de séance, à 95,81, après avoir touché un plus bas de deux semaines à 95,62. L'euro/dollar était stable à 1,1433, tout comme le dollar/yen autour de 109,30.
Or L'or a atteint un plus haut de huit mois et demi sur fond d'inquiétudes concernant les négociations sino-américaines et en prévision d'une pause de la Fed dans ses hausses de taux. L'accès de faiblesse du dollar et les craintes entourant le commerce ont porté l'or à son plus haut niveau depuis la mi-mai 2018 à 1.311,67 dollars l'once. D'après une enquête Reuters, la perspective d'un ralentissement de la croissance mondiale et celle d'une pause dans la remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis devraient permettre aux cours de l'or de monter en 2019, sans pour autant retrouver les plus hauts des dernières années. Les futures US sur l'or ont fini en hausse de 0,4% à 1.308,90 dollars l'once. L'or, profitant de son statut de valeur refuge, a repris plus de 13% depuis son plus bas d'un an et demi touché en août dernier.