Wall Street est attendue en hausse lundi pour la dernière séance de l'année au terme d'un mois de décembre et d'un exercice 2018 qui resteront les plus mauvais de la décennie, comme en Europe. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse d'environ 1% après un tweet du président Donald Trump faisant état de "gros progrès" dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. "Les avancées signalées par Trump dans le dossier commercial et la poursuite du rally de la semaine dernière font du bien au moral des investisseurs", commente Peter Cardillo, chef économiste chez Spartan Capital Securities. La hausse des cours du pétrole soutient aussi la tendance, comme cela a été le cas pour la demi-séance en Europe. À Paris, le CAC 40 a fini la séance en hausse de 1,11% à 4.730,69 points mais il recule de 10,95% sur l'année, sa plus mauvaise performance annuelle depuis 2011. A Londres, le FTSE, pénalisé par la vigueur de la livre, a cédé 0,09% lundi pour une baisse annuelle de 12,5%, la plus forte depuis 2008. Les Bourses de Francfort et Milan sont restées fermées pour la Saint-Sylvestre. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a gagné 0,42%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro 0,55% et le Stoxx 600 0,46%. Sur l'ensemble de 2018, le Stoxx 600 perd 13,2% et l'EuroStoxx 50 recule de 14,3%, leur plus mauvais cru depuis 2008 et 2011 respectivement. Les volumes ont été faibles pour l'ultime séance de l'année et devraient l'être aussi à Wall Street, où les rares investisseurs présents sont encore échaudés par la volatilité des dernières semaines. A ce stade, le S&P-500 accuse une baisse de 9,94% en décembre, sa plus forte baisse mensuelle depuis février 2009 et son plus mauvais mois de décembre depuis la Grande Dépression. Depuis le début de l'année, son recul atteint 7,03% et le Dow accuse une perte de 6,70%, leurs plus mauvaises performances depuis 2008. Le Nasdaq, après six années de hausse, accuse un repli de 4,62% en 2018. L'essentiel de la baisse a été réalisé sur les trois derniers mois de l'année avec pour principaux facteurs les tensions commerciales, la montée des taux d'intérêt américains et le ralentissement de la croissance des bénéfices des entreprises, sans oublier les incertitudes autour du Brexit. La paralysie partielle des administrations fédérales américaines, avec un "shutdown" qui en est à son 10e jour, est venue aggraver le tout la semaine dernière. Nombre de ces facteurs persisteront en 2019 mais dans l'immédiat l'attention des marchés se focalisera sur des indicateurs américains plus tard dans la semaine, notamment l'indice ISM manufacturier jeudi et le rapport mensuel de l'emploi le lendemain.
Valeurs Les volumes sont restés faibles et les mouvements limités en Europe pour cette dernière séance de l'année. Le secteur européen de la distribution (+0,85%) a profité de la hausse de Kering (+3,55%) et de son concurrent LVMH (+2,16%). Le segment du luxe figure parmi les meilleures performances du CAC 40 cette année, avec des hausses allant de 3% à 8%, en dépit du ralentissement économique de la Chine, un marché crucial pour le secteur. PSA, en hausse de près de 10% cette année, se distingue assez nettement du reste du secteur automobile européen, qui a accusé une année "noire". L'indice Stoxx automobile signe avec les banques la plus mauvaise performance sectorielle cette année (-28%), plombé par la montée des tarifs douaniers, le ralentissement du marché automobile chinois et les nouvelles normes anti-pollution qui ont particulièrement impacté les constructeurs automobiles allemands. De son côté, PSA a bénéficié de l'amélioration considérable de ses marges et du redressement, entrepris pour l'heure avec succès, de sa filiale allemande Opel. Le titre a encore gagné 2,11% lundi, à 18,65 euros. Lanterne rouge du CAC 40 cette année, Valeo a chuté de près de 60% en 12 mois, après avoir multiplé les avertissements sur résultats. Le titre de l'équipementier s'est offert lundi un rebond de 3,91% lundi pour signer la meilleure performance de l'indice. Hors du CAC, le courtier d'assurances April a tenu le haut de l'affiche en ce dernier jour de l'année avec un bond de 15,32%, à son meilleur niveau depuis mai 2011, après l'annonce de négociations en vue de son rachat par le fonds CVC. La grande volatilité des actions a alimenté l'appétit des investisseurs pour les actifs refuges, comme les obligations souveraines. Le rendement de l'emprunt d'Etat japonais à dix ans est retombé lundi en territoire négatif pour la première fois depuis septembre 2017. Celui des Treasuries de même échéance est retombé à 2,71%, un plus bas depuis février. Le marché obligataire américain fermera plus tôt lundi (à 19h00 GMT) et sera fermé pour le Nouvel An. En Europe, le rendement du Bund est stable juste sous 0,25%.
Wall Street clôt par une hausse La Bourse de New York a fini en hausse mais dans des volumes réduits lundi pour la dernière séance de l'année 2018, la pire depuis dix ans pour les actions américaines. L'indice Dow Jones a gagné 265,06 points sur la journée, soit 1,15%, à 23.327,46 et le S&P-500, plus large, a pris 21,11 points, soit 0,85%, à 2.506,85. Le Nasdaq Composite a progressé de 50,76 points, soit 0,77%, à 6.635,28. La tendance a été soutenue entre autres par les propos du président américain sur l'entretien téléphonique qu'il a eu pendant le week-end avec son homologue chinois, Xi Jinping: Donald Trump a évoqué de "gros progrès" sur la voie d'un accord commercial. Les médias officiels chinois ont été plus réservés, rapportant simplement que Xi Jinping espérait voir les deux parties parvenir à s'entendre. Parallèlement, l'annonce d'une contraction de l'activité du secteur manufacturier chinois en décembre, pour la première fois depuis 2016 selon l'indice PMI officiel a nourri les craintes d'un ralentissement marqué de la croissance de la deuxième économie mondiale. Le mois de décembre se solde par un repli de 9,18% pour le S&P-500, sa plus forte baisse mensuelle depuis février 2009 et son pire mois de décembre depuis 1931. Le Dow a quant à lui cédé 8,66% sur le mois et le Nasdaq 9,48%. Sur l'ensemble de l'année, le S&P accuse un recul de 6,24% tandis que le Dow abandonne 5,63% et le Nasdaq Composite 3,88%, leur plus forte baisse depuis 2008. Ces pertes ont été concentrées sur les trois derniers mois de l'année avec la conjonction des tensions commerciales sino-américaines, de la remontée des taux d'intérêt, du ralentissement de la croissance des profit des entreprises, des craintes liées au Brexit et du "shutdown", la fermeture d'une partie des administrations fédérales faute d'accord budgétaire. Le S&P a perdu 13,97% au quatrième trimestre, le Dow 11,83% et le Nasdaq 17,54%. "On a fait très fort pendant la majeure partie de l'année, c'est réellement au dernier trimestre que la situation s'est un peu effondrée", résume JJ Kinahan, stratège de TD Ameritrade. "Les gens sont devenus nerveux principalement à cause des inconnues auxquelles le marché est confronté." Et ces inconnues risquent de peser encore sur la tendance au moins pendant les premières semaines de l'année 2019, estiment de nombreux investisseurs. "On aborde 2019 dans l'incertitude et tout le monde est en mode attentiste", dit JJ Kinahan. "Les gens vont avoir besoin d'éléments concrets avant de repartir de l'avant." Le repli de Wall Street en 2018 reste inférieur à celui de l'indice mondial MSCI, qui a perdu 11,1% en un an.
Valeurs L'indice S&P des valeurs industrielles, toujours sensible aux informations sur les tensions commerciales, a gagné 1,01% sur la journée après les propos de Donald Trump sur son entretien avec Xi Jinping. Boeing a pris 1,93% et Caterpillar 1,16%. La meilleure performance sectorielle du jour revient toutefois à la santé avec un gain de 1,39%. Le secteur affiche sur 2018 une progression de 4,69%, l'une des deux seules performances annuelles positives parmi les 11 grands secteurs de Wall Street avec les services aux collectivités ("utilities") (+0,19%). Dans le rouge, les secteurs de l'énergie, des matières premières, des services de communication, de l'industrie et de la finance accusent des baisses de 14,7% à 20,5% sur l'année. La plus forte hausse du Dow en 2018 revient au géant de la pharmacie et de la santé Merck & Co avec un bond de 35,8% et la plus forte baisse à la banque Goldman Sachs avec un recul de 34,4%. Les rendements des emprunts d'Etat américains ont baissé dans des volumes qui figurent parmi les plus faibles enregistrés depuis un an. En fin de séance, celui des titres à dix ans s'affichait à 2,682%, en repli d'un demi-point de base par rapport à la clôture de vendredi. Celui du deux ans cédait 0,44 point de base à 2,492% et celui du 30 ans 0,3 point à 3,017%. Pour le marché des Treasuries, l'année 2018 aura été dominée par l'aplatissement de la courbe des rendements, les écarts de rendement entre les principales échéances étant tombés à leurs plus bas niveaux depuis 2007 (moins de 19 points de base pour l'écart deux/dix ans).