Le printemps des poètes un rendez-vous hautement lyrique se clot aujourd'hui au centre culturel français avec un spectacle du poète maudit, Omar Khayyam ”. Un spectacle que présentera aujourd'hui à partir de 19h30, la compagnie, “ Lire autrement ” au CCF d'Alger. Voilà que le rendez-vous lyrique qui en est à sa septième édition rassemble des créateurs de la prose et du sens de plusieurs pays se rassemblent pour déclamer le monde dans des mots, des langues aussi différentes que ressemblantes. Beaucoup de férus de la prose se sont déplacés au “ Printemps des poètes ” ouvert depuis le dimanche dernier avec des lectures de poèmes et autres spectacles. Jeunes et moins jeunes ont eu l'opportunité durant cette semaine d'écouter les faiseurs du langage d'ici et d'ailleurs. C'est la première fois que des écrivains internationaux participent à cette manifestation dans laquelle chaque auteur récitait ses vers dans sa propre langue. L'auditoire a ainsi écouté les productions poétiques en arabe dialectal algérien, en marocain, en syrien, en maltais, en catalan, en islandais, ou encore slovène. Ceux qui n'ont pas saisi les sens ont pu pour le moins, apprécier la tonalité voire le lyrisme de chaque poème qui recouvrait une certaine esthète surtout quand la voix de celui qui le déclame est attrayante. Il y avait parmi les poètes, des traducteurs comme le marocain Mohammed El Amraoui qui est convaincu du fait qu'on ne peut dire qu'une “ langue est plus poétique qu'une autre.” C'est ainsi que certains poètes et traducteurs présents à cette manifestation ont mis leur plume à contribution afin de retranscrire les vers d'auteurs. Après la découverte de ces récitals qui renvoient à des contrées lointaines et proches, le public pourrait aller aujourd'hui à la rencontre d'une autre galaxie, celle du mémorable Omar Khayyam, dans un spectacle que présentera la comédienne Simone Herault, accompagnée par le musicien Athar Torabi à la sétar et kamanché . Simone Heraul n'était au départ qu'une voix que des millions de voyageurs entendaient dans les 400 quais de gares de France. D'autres spectateurs découvraient sa voix pleine de grâce à travers la radio où elle a exercé depuis prés de trente ans. Ce n'est qu'au début des années 2000 qu'elle décida de mettre un visage sur cette voix devenue familière et ce, à travers la compagnie “ Lire autrement ” qu'elle fonda et un livre qu'elle a signé aux éditions de La Vie du Rail et qui s'intitule “ Grâce à ma voix.” Le public devra donc la rencontrer aujourd'hui pour un récital qui s'intitule le secret de la “ Création ” dont voici un extrait : “ Que je sois là, le ciel n'en est pas mieux loti. Que je parte, il n'en est plus grand ni plus petit. Jamais nul n'est venu me souffler à l'oreille pourquoi je suis venu, pourquoi je suis parti. Vais-je longtemps poser des briques sur la mer ? Idolâtres, croyants, j'en ai dégoût amer. Qui donc peut m'affirmer : Khayyam l'enfer existe ? Qui fut au paradis ? Qui revint de l'enfer ? Le secret éternel, tous deux nous l'ignorons ; Lire l'énigme un jour, jamais nous ne pourrons. Derrière le rideau de nous deux l'on discute ; rideau levé, ni toi ni moi nous ne serons. ” Nul n'ignore que la popularité de ce poète perse du XIème siècle, est surtout due à ses Robbayat, quatrains parfois désabusés où il chante la vie, les femmes, le vin. Cela lui valut d'ailleurs quelques problèmes avec des dignitaires religieux car le vin n'est pas la boisson privilégiée par le Coran! La première traduction est due à Edward Fitzgerald en 1850. Une des difficultés de Fitzgerald fut de distinguer le vrai du faux, car plus de 1000 poèmes sont attribués à Khayyam. Fitzgerald en retint 170, et sa traduction est aussi considérée comme un des chefs-d'œuvre de la littérature anglo-saxonne. Cette 7e édition du Printemps des poètes qui s'inscrit donc dans le brassage des cultures nous fera découvrir un poète dont les productions restent encore aujourd'hui d'une grande actualité.