"Notre pays traverse une période sans précédent au cours de laquelle le peuple algérien a fait montre d'une maturité qui a impressionné le monde entier et une prise de conscience quant aux dangers de la corruption et à la nécessité de lutter contre ce fléau et d'en poursuivre les acteurs, ce qui a amené la magistrature à être à l'avant-garde et à se hisser dans l'accomplissement de ses missions constitutionnelles, au niveau des revendications légitimes du peuple et de ses aspirations à une vie décente et un meilleur lendemain ".
C'est là un passage de l'allocution du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati lors de l'installation jeudi de Sid-Ahmed Merrad en qualité de Procureur général près la Cour d'Alger. Il a précisé à cette occasion que la lutte contre la corruption " n'atteindra ses objectifs qu'après la récupération des avoirs criminels que représentent les fonds détournés et qui constituent à l'heure actuelle, une pierre angulaire aux niveaux national et international, les expériences d'autres Etats en la matière ayant montré que rien ne contribue aussi efficacement à la lutte contre ce type de crime que la poursuite de ses auteurs pour la récupération des fonds détournés ".Précisant qu'il s'agit de gains illicites, le ministre de la Justice a souligné la nécessité d'approfondir les enquêtes préliminaires pour identifier les auteurs de ces crimes de corruption et déterminer et localiser les montants détournés afin de les saisir ou de les geler jusqu'à ce que les auteurs soient présentés devant les juridictions compétentes qui trancheront conformément à la loi. A cet égard, M. Zeghmati a fait savoir que l'Algérie " dispose des mécanismes juridiques nécessaires pour récupérer les fonds détournés vers l'étranger ", affirmant que la justice est aujourd'hui déterminée à lutter contre la corruption par l'application rigoureuse de la loi " en toute transparence, indépendance et neutralité et dans le strict respect des régles d'un procès équitable ", et ce, tout au long de l'action publique sans que personne ne soit lésé et tout en respectant la présomption d'innocence et les droits de la défense dans le cadre du principe d'égalité garanti par la Constitution ". Dans cet esprit de réhabilitation du rôle et de la mission de la justice, il convient de rappeler que le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah , à l'issue de sa visite de travail et d'inspection effectuée au mois de juin dernier à la 3éme Région militaire (Béchar),v a affirmé que la lutte contre la corruption n'admet " aucune limite et " aucune exception ne sera faite à quiconque ". " Partant du fait que la lutte contre la corruption n'admet aucune limite et qu'aucune exception ne sera faite à quiconque, cette voie sera celle que l'institution militaire veillera à entreprendre avec détermination, posant ainsi les jalons de l'affranchissement de l'Algérie du vice de la corruption et des corrupteurs avant la tenue de la prochaine élection présidentielle", a-t-il martelé. Plus en détail, le chef d'état-major de l'ANP déclare : " Il y a lieu d'affirmer encore une fois la détermination de l'institution militaire à accompagner la justice, avec une ferme conviction et un sens élevé du devoir, ainsi que de la protéger de façon à lui permettre d'exécuter convenablement ses missions et s'acquitter judicieusement de son rôle de moralisateur, en déterrant tous les dossiers et en les traitant en toute équité quelles que soient les circonstances, de façon à faire comparaître devant la justice tous les corrompus quels que soient leur fonction ou leur rang social ". Le général de corps d'armée a ajouté qu'il apparaît aujourd'hui, à travers tous les dossiers présentés devant la justice, qu'il a été procédé par le passé et de manière délibérée, à la mise en place des conditions propices à la pratique de la corruption. " Il apparaît également que ce qu'on appelait à l'époque réforme de la justice n'était malheureusement que des paroles en l'air et des révisions creuses qui, bien au contraire, ont encouragé les corrompus à persister dans leurs méfaits et ont été parrainés pour empiéter sur les droits du peuple et enfreindre les lois délibérément sans crainte et sans aucune conscience ". Pour lui, " l'heure des comptes est arrivé, et le temps d'assainir notre pays de toute personne malhonnête qui a troublé la vie quotidienne du peuple et qui a obstrué l'horizon face aux Algériens et semé la peur, voire le désespoir en l'avenir ". La conclusion faite par M. Ahmed Gaïd Salah est qu'il estime qu'il existe un lien direct entre la corruption, la mauvaise gestion et la crise économique actuelle, " Ce qui paraît étrange, c'est la gravité des dossiers présentés devant la justice et démontre que les personnes concernées ont perdu tous les attributs de l'engagement et les exigences de la responsabilité, du fait de la mise à profit de leurs fonctions, de leur influence et de leur pouvoir pour transgresser les lois et enfreindre les limites et les régles, ajoutant " cette gestion anarchique et illégale de créer des projets stériles et sans intérêts réels pour l'économie nationale. Ils ont été octroyés de manière sélective, à des montants astronomiques sous forme de crédits, ce qui a perturbé la cadence du développement en Algérie. Ces pratiques immorales sont en parfaite contradiction avec la teneur des discours hypocrites de ceux qui les tenaient ", a conclu, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. Le garde des Sceaux a, par ailleurs, souligné que l'institution judiciaire " s'acquitte de ses missions constitutionnelles dans le respect des lois de la République en tant que garante des libertés et droits fondamentaux de tout un chacun sans aucune exclusive ni considération conjoncturelle ou personnelle, car notre magistrature nationale n'a d'autre objectif, dans l'Etat de droit, que de consacrer la justice et le droit ". Pour lui, la lutte contre ce dangereux fléau " n'est pas la mission de la seule magistrature à elle seule mais l'affaire de tous ". Alors que les affaires de corruption présumée marquent l'actualité à travers presque toutes les wilayas du pays, le large mouvement opéré par le chef de l'Etat dans le corps des procureurs généraux, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a suspendu mercredi, deux juges exerçant respectivement près le tribunal d'El-Harrach et la Cour de justice de Tiaret, et mis fin aux fonctions d'un procureur de la République près le tribunal de Tlemcen, a indiqué, jeudi, un communiqué du ministére de la Justice . Le ministre de la Justice, garde des Sceaux a suspendu, mercredi 14 août 2O19, " deux juges, le premier exerçant près le tribunal d'El-Harrach pour non respect de l'obligation de réserve et usurpation d'identité, et le second, exerçant près la Cour de justice de Tiaret pour abus de fonction et comportement nuisible à la réputation du secteur de la justice, et ce, " en application de l'article 65 de la loi organique portant statut de la magistrature, stipulant qu' " en cas où le ministre est informé qu'une faute grave commise par un magistrat (…), il procède immédiatement à sa suspension après enquête préliminaire comportant les explications du magistrat intéressé et après avoir informé le bureau du Conseil supérieur de la magistrature ".En application de l'article 26 de la même loi, il a été mis fin aux fonctions du procureur de la République prés le tribunal de Tlemcen pour abus de fonction et violation délibérée de procédures judiciaires avec la soumission de son dossier à l'enquête. La justice militaire qui a aussi un très grand rôle à jouer dans cette conjoncture difficile que traverse le pays, vient de bénéficier d'un décret présidentiel portant statut particulier des magistrats militaires stipulant : " Le magistrat militaire bénéficie de la protection de l'Etat contre toute forme de pression ou d'intervention de nature à influer sur son impartialité et/ou à attenter à son indépendance ". Ce décret publié dans le dernier numéro du Journal officiel renforce de fait le rôle du magistrat militaire, sa protection dans l'exercice de ses fonctions. " Le magistrat militaire bénéficie de la protection de l'Etat contre les menaces, outrages, injures, diffamations ou attaques de quelque nature que ce soit dont il peut faire l'objet dans l'exercice, à l'occasion ou en raison de l'exercice de ses fonctions, même après sa mise à la retraite ". Le magistrat militaire " n'est reconnu responsable que pour les erreurs personnelles, il n'est pas responsable des erreurs liées à l'exercice de la profession, sauf si l'Etat intente une action afférente à ces erreurs ", note le même décret. De tout ce qui précède, la détermination du chef de l'Etat, du vice-ministre de la Défense nationale et enfin du ministre de la Justice, garde des Sceaux viennent comme un gage, une fois de plus pour assurer et garantir que la justice ne renoncerait plus à sa mission moralisatrice, rouvrir tous les dossiers lourds sans exception ou pression. Cet objectif poursuivi depuis la démission de l'ex-président de la République témoigne en la capacité de la loi consistant à la préservation des deniers publics, de l'économie nationale et de l'argent du peuple. Un rôle plus pénal, plus assuré, plus garanti et amplement soutenu par l'accompagnement de l'Institution militaire pour une vaste opération nationale d'assainissement et de moralisation de la vie publique. Une dimension de vérité exigée par le peuple du fait qu'elle met en surface l'exercice prédateur de la bande dont les délits et crimes commis relèvent désormais des lois de la République surtout que les faits se rapportent à des affaires de corruption, malversations et autres délits contre l'économie nationale. Ils sont tellement avérés que la question du traitement pénal des coupables s'avère être une réponse au Hirak. Un Hirak dont le seul référent reste l'Etat de droit, la démocratie et le jugement sans exception des prédateurs. Un jugement qui ne soit ni banale ni incomplet, une justice prônant l'Etat de droit. L'implication directe du Haut Commandement de l'ANP dans cette vaste opération de lutte contre la corruption et le détournement des fonds publics est une réponse suffisante qu'il y a vraiment un renouveau politique qui pointe à l'horizon. Cela constitue aux yeux de l'opinion publique un signe encourageant. En effet, comme le montre le nombre de dossiers qui sont traités par la justice, les dossiers en phase de réouverture, les personnalités impliquées et qui sont les meneurs et les responsables de la collusion du pouvoir politique avec une mafia d'oligarques, ce fut réellement une bande de voleurs qui s'est accaparée des biens du peuple. Un phénomène apparu avec la montée en puissance du pouvoir illégal de Saïd Bouteflika, frère conseiller de l'ex-président de la République. Un phénomène qui s'était ancré profondément dans le système politiqué national avec comme épicentre deux ex-Premiers ministres, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia qui ont fait des pratiques de corruption qu'elles soient finalement acceptées et jugées normales par les autres responsables, agents de l'Etat. Cela a permis de placer l'Algérie sous le contrôle d'une bande de prédateurs, d'une mafieuse oligarchie de vrais notables financiers et économiques et politiques usurpateurs qui avaient la main sur toute la vie nationale. Une gouvernance du pays au sens propre d'une omerta Une omerta dénoncée pendant vingt ans par les citoyens. Ces derniers avaient aussi les yeux fixés sur une justice partiale et jamais impartiale, ses pratiques et ses réformes protégeant de mieux en mieux la haute délinquance du pouvoir, ses alliés et ses complices. Ce fut aussi une situation plus difficile pour le justiciable lambda, soumis à un véritable calvaire… Le trio Saïd Bouteflika, Abdelmalek Sella et Ahmed Ouyahia ont scientifiquement planifié la corruption au grand jour. Une réelle dilatation. une réelle omerta influencée par la toute la bande.