Plusieurs milliers de personnes sont de nouveau descendues dans la rue samedi 7 décembre contre la réforme des retraites à l'appel de la CGT, avec des manifestations parfois tendues à Nantes, Lyon et Toulouse et des incidents à Paris pour l'acte 56 des "gilets jaunes". Pour la première fois, les revendications du mouvement populaire et des syndicats semblent converger, note la presse internationale. Les Gilets jaunes ont fait leur "grand retour" samedi 7 décembre dans les rues de France, résume Rudolf Balmer, correspondant en France du Tageszeitung, au terme d'une nouvelle journée de manifestations, émaillée de tensions, qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers tout le pays. "La forte mobilisation des syndicats contre la réforme des retraites a redonné du courage" aux gilets jaunes,estime le journaliste. Pourtant, ce n'était pas gagné."Les fédérations syndicales telles que la CGT étaient initialement réticentes à soutenir le mouvement de protestation idéologiquement difficile à définir et sociologiquement hétérogène" rappelle Rudolf Balmer."Mais elles ont fini par s'identifier aux appels pour plus de pouvoir d'achat et plus de droits démocratiques". Si bien qu'aujourd'hui, "syndicalistes et gilets jaunes marchent ensemble" et "la convergence des revendications et des mouvements", qui "a lieu dans la rue, met le gouvernement sous pression" conclut le journaliste du Tageszeitung.
"Une même vision de Macron" : "arrogant et déconnecté" de la réalité "La participation de certains gilets jaunes" aux manifestations pour les retraites "marque un fort contraste avec la situation de l'année dernière, lorsqu'ils avaient rejeté toute collaboration avec les syndicats qu'ils estimaient inefficaces et archaïques" renchérit le New York Times. Au-delà de leurs combats communs, le quotidien remarque que gilets jaunes et militants syndicaux partagent également une même vision du président Emmanuel Macron qu'ils estiment "arrogant et déconnecté de leurs luttes quotidiennes". "Affaiblis, les gilets jaunes avaient besoin de reprendre de l'importance après que la violence leur a fait perdre des sympathisants. Ils ont mis à profit la réforme des retraites pour y parvenir", note de son côté Maria Laura Avignolo, correspondante en France du journal argentin Clarín. Mais "le drame, c'est que le mouvement est récupéré par des gilets ultra-violents".
"En France, c'est toujours la rue qui gouverne" A Nantes, "la violence a déjà commencé du côté des Gilets jaunes et des Black Blocs, avec des destructions, des vitres brisées et des pillages"souligne-t-elle. Le rassemblement a dégénéré samedi quand des manifestants ont attaqué la préfecture, en jetant bouteilles, pavés, mais aussi fusées, les forces de l'ordre ripostant par des tirs de lacrymogène. A Paris, en fin de journée, plusieurs dizaines de personnes ont répondu à un appel à se rassembler aux Halles pour "une convergence des colères". Ces manifestations sauvages ont été progressivement dispersées par les forces de l'ordre avant le début de la soirée. Face à l'ampleur du mouvement de protestation, "il devient évident que le gouvernement Macron va être amené à revoir son important projet de réforme", comme tous les autres dirigeants français y ont été contraints avant lui, souligne Sascha Lehnartz, journaliste au quotidien allemandDieWelt. "En France, c'est toujours la rue qui gouverne" estime-t-il.