L'inflation reste clairement le sujet fort qui préoccupe tous les acteurs de la scène économique. Depuis les derniers mois de l'année 2007 et le début de l'année 2008, soit en six mois, les hausses se suivent à un rythme vertigineux.Selon le dernier rapport de l'office national des statistiques (ONS), l'Algérie a enregistré un taux d'inflation de 4,8% au cours des trois premiers mois 2008. Cette variation est due en grande partie à une hausse importante des prix des agro-industriels avec 13, 7%, les produits agricoles avec 5.2%, et enfin les boissons avec 9.2%. La majorité des experts attribuent cette augmentation, essentiellement, à l'évolution globale des cours des matières premières sur les marchés mondiaux. La flambée des prix des produits alimentaires est, en effet, perceptible dans les quatre coins de la planète. Quant aux prix des produits manufacturés, ils ont augmenté, au cours des trois premiers mois 2008, de 0,80% alors que ceux des services ont progressé de 0,60%. Ces statistiques viennent confirmer que l'Algérie est en train de vivre une inflation galopante à court terme. L'économiste algérien Saïd Ighil Ahriz, renvoie cette inflation à la domination de produits importés sur le marché national. Ce qui l'amène à la qualifier d'inflation importée. " Depuis l'ouverture de l'économie du marché, il y a une concurrence entre les produits locaux et ceux importés. Ce qui a poussé notre pays à assister régulièrement à des pertes de marchés en faveur de l'importation ". Toutefois, l'économiste écarte le risque d'une inflation galopante à court terme en assurant que si les mécanismes économiques seraient conjugués avec une volonté politique, l'Algérie pourra se mettre à l'abri de la crise. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohammed Laksaci, a estimé, il y a quelques jours, que cette hausse des prix est due au manque de l'offre et à la spéculation, caractéristiques d'un marché algérien souffrant du manque d'organisation et de réglementation. Reste qu'en Algérie cette forte inflation, qui pèse sur le pouvoir d'achat des ménages, alimente les revendications de hausses salariales. Pour le mois de mars dernier, l'indice des prix à la consommation a connu une légère hausse de 1,9% par rapport à février dernier, soit une variation mensuelle largement supérieure à celle relevée le même mois en 2007 (0,8%). Sur une année (mars 2007 à mars 2008), le niveau moyen des prix à la consommation a atteint 5,6%. Cette hausse est due à l'augmentation des prix des biens alimentaires qui se distinguent par une hausse significative des prix (10,7%). L'augmentation est plus importante pour les produits alimentaires industriels avec 15,7%, selon l'ONS. De mars 2007 à mars 2008, le prix des produits manufacturés a augmenté de 1% et les services de 0,4%, selon les détails de l'Office. Il en reste néanmoins, que si notre marché continue de dépendre des marchés extérieurs, nous aurons du mal à contenir l'impact de la crise et à maîtriser les effets de l'inflation. Il est vrai qu'aujourd'hui les prix des produits de base semblent être emprisonnés dans une bulle haussière ce qui n'est pas fait pour améliorer le pouvoir d'achat des ménages. Cette situation se ressent d'ailleurs, vu les tensions ravivées sur le front social et le sentiment de malaise qui se généralise. Les pouvoirs publics ont beau concéder des subventions sur différents produits, la spéculation prend le pas. Les prix continuent de flamber.