Le président afghan, M. Hamid Karzai, a essuyé, hier, un revers significatif, le Parlement afghan ayant rejeté samedi les candidatures de 17 ministres, soit près des trois-quarts des ministres soumis à son approbation. Le président afghan, M. Hamid Karzai, a essuyé, hier, un revers significatif, le Parlement afghan ayant rejeté samedi les candidatures de 17 ministres, soit près des trois-quarts des ministres soumis à son approbation. La nomination de sept ministres seulement a été agréée dont celle des titulaires des postes-clés de la Défense et de l'Intérieur, soutenus par la communauté internationale. "Sur les 24 candidats proposés au Parlement, sept ont réussi à obtenir votre vote de confiance", a déclaré le président du Parlement, Mohammad Yunus Qanoni, aussitôt après le comptage des votes à bulletin secret des députés de la Wolesi Jirga (chambre basse du Parlement). Seuls les ministres de l'Intérieur, de la Défense, de l'Education, de la Culture, de l'Agriculture et de l'Industrie ont été approuvés. Les ministres-clés de l'Intérieur, Mohammad Hanif Atmar, et de la Défense, Abdul Rahim Wardak, qui avaient le soutien des pays occidentaux, ont ainsi été reconduits. La seule femme proposée par le président n'a pas été retenue à la Condition féminine. Le titulaire du poste de ministre des Affaires étrangères ne sera choisi qu'après la conférence de Londres sur l'Afghanistan le 28 janvier, où le ministre sortant, Rangin Dadfar Spanta, sera présent. Réélu le 2 novembre au terme d'un scrutin calamiteux entaché de fraudes massives à son bénéfice et après le retrait de son adversaire au 2e tour, M. Karzaï, 51 ans, avait mis plus d'un mois et demi à présenter au Parlement son gouvernement. Soigneusement étudié par la communauté internationale, celui-ci est composé de groupes hétéroclites rassemblant d'anciens chefs de guerre de la résistance anti-soviétique, leurs anciens adversaires communistes, des technocrates formés en Occident et des personnalités de la société civile. Le président afghan était soumis à la pression des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, qui le sommaient de faire de la lutte effective contre la corruption endémique qui sévit jusqu'au sommet de l'Etat, une priorité de son nouveau mandat. Ils réclamaient à ce titre un cabinet formé de ministres intègres et compétents, ayant, comme l'y avait incité la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, un profil d'experts plutot que de chefs de guerre. Les alliés avaient aussi prévenu que leur aide financière allait etre subordonnée aux efforts dans la lutte contre ce fléau. La nouvelle stratégie américaine en Afghanistan livré à une violence tout aussi endémique, outre l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires sur le terrain, entend faire de la population un facteur essentiel pour une sortie de crise problématique. Pour déjouer son hostilité à l'occupant et son ras-le-bol face à la violence et à des conditions de vie désastreuses, la lutte contre la corruption dans ce pays classé parmi les plus pauvre est perçue comme un moyen privilégié pour obtenir son soutien ou du moins pour neutraliser son hostilité. Faut t-il donc croire que M. Karzai, accusé d'avoir gouverné avec des hommes véreux et compromis dans des trafics de tous genres, soumis aussi à des pressions internes et à des luttes d'intérêt féroces pour le partage du pouvoir et de ses prébendes, a échoué dans cette tâche ? Ou faut-il croire également que le Parlement afghan n'échappe pas de son côté aux mêmes pressions internes ? Après sa prestation de serment, le 19 novembre, le chef de l'Etat avait lui-même investi ses deux vice-présidents, d'anciens chefs de guerre à la réputation controversée: le Hazara Karim Khalili et surtout le "maréchal à vie" Mohammad Qasim Fahim, un Tadjik, ancien leader de la résistance contre les Soviétiques. Ce dernier est notamment accusé par l'organisation Human Rights Watch (HRW) de violations des droits de l'Homme et de trafic de drogue. Mais samedi, les députés ont rejeté la candidature d'Ismaïl Khan, un ancien chef de guerre au poste de ministre de l'Energie. «Karzaï n'a pas assez réfléchi à la liste qu'il proposait. Il subissait une forte pression", a commenté Nasrullah Stanikzia, professeur de droit à l'université de Kaboul. Le président afghan est donc tenu de revoir sa copie. Et comme, selon le porte-parole du Parlement, Hasseeb Noori, le président ne peut pas proposer le même candidat à un poste une seconde fois, la revoir de fond en comble. Et comme le Parlement est en vacances d'hiver à partir du 5 janvier pour 45 jours, M. Karzaï ne pourra proposer des noms pour ses 17 ministères vacants qu'à partir du 20 février, soit après la tenue de la Conférencse internationale sur l'Afghanistan prévue le 18 janvier à Londres. N. S. La nomination de sept ministres seulement a été agréée dont celle des titulaires des postes-clés de la Défense et de l'Intérieur, soutenus par la communauté internationale. "Sur les 24 candidats proposés au Parlement, sept ont réussi à obtenir votre vote de confiance", a déclaré le président du Parlement, Mohammad Yunus Qanoni, aussitôt après le comptage des votes à bulletin secret des députés de la Wolesi Jirga (chambre basse du Parlement). Seuls les ministres de l'Intérieur, de la Défense, de l'Education, de la Culture, de l'Agriculture et de l'Industrie ont été approuvés. Les ministres-clés de l'Intérieur, Mohammad Hanif Atmar, et de la Défense, Abdul Rahim Wardak, qui avaient le soutien des pays occidentaux, ont ainsi été reconduits. La seule femme proposée par le président n'a pas été retenue à la Condition féminine. Le titulaire du poste de ministre des Affaires étrangères ne sera choisi qu'après la conférence de Londres sur l'Afghanistan le 28 janvier, où le ministre sortant, Rangin Dadfar Spanta, sera présent. Réélu le 2 novembre au terme d'un scrutin calamiteux entaché de fraudes massives à son bénéfice et après le retrait de son adversaire au 2e tour, M. Karzaï, 51 ans, avait mis plus d'un mois et demi à présenter au Parlement son gouvernement. Soigneusement étudié par la communauté internationale, celui-ci est composé de groupes hétéroclites rassemblant d'anciens chefs de guerre de la résistance anti-soviétique, leurs anciens adversaires communistes, des technocrates formés en Occident et des personnalités de la société civile. Le président afghan était soumis à la pression des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, qui le sommaient de faire de la lutte effective contre la corruption endémique qui sévit jusqu'au sommet de l'Etat, une priorité de son nouveau mandat. Ils réclamaient à ce titre un cabinet formé de ministres intègres et compétents, ayant, comme l'y avait incité la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, un profil d'experts plutot que de chefs de guerre. Les alliés avaient aussi prévenu que leur aide financière allait etre subordonnée aux efforts dans la lutte contre ce fléau. La nouvelle stratégie américaine en Afghanistan livré à une violence tout aussi endémique, outre l'envoi de 30.000 soldats supplémentaires sur le terrain, entend faire de la population un facteur essentiel pour une sortie de crise problématique. Pour déjouer son hostilité à l'occupant et son ras-le-bol face à la violence et à des conditions de vie désastreuses, la lutte contre la corruption dans ce pays classé parmi les plus pauvre est perçue comme un moyen privilégié pour obtenir son soutien ou du moins pour neutraliser son hostilité. Faut t-il donc croire que M. Karzai, accusé d'avoir gouverné avec des hommes véreux et compromis dans des trafics de tous genres, soumis aussi à des pressions internes et à des luttes d'intérêt féroces pour le partage du pouvoir et de ses prébendes, a échoué dans cette tâche ? Ou faut-il croire également que le Parlement afghan n'échappe pas de son côté aux mêmes pressions internes ? Après sa prestation de serment, le 19 novembre, le chef de l'Etat avait lui-même investi ses deux vice-présidents, d'anciens chefs de guerre à la réputation controversée: le Hazara Karim Khalili et surtout le "maréchal à vie" Mohammad Qasim Fahim, un Tadjik, ancien leader de la résistance contre les Soviétiques. Ce dernier est notamment accusé par l'organisation Human Rights Watch (HRW) de violations des droits de l'Homme et de trafic de drogue. Mais samedi, les députés ont rejeté la candidature d'Ismaïl Khan, un ancien chef de guerre au poste de ministre de l'Energie. «Karzaï n'a pas assez réfléchi à la liste qu'il proposait. Il subissait une forte pression", a commenté Nasrullah Stanikzia, professeur de droit à l'université de Kaboul. Le président afghan est donc tenu de revoir sa copie. Et comme, selon le porte-parole du Parlement, Hasseeb Noori, le président ne peut pas proposer le même candidat à un poste une seconde fois, la revoir de fond en comble. Et comme le Parlement est en vacances d'hiver à partir du 5 janvier pour 45 jours, M. Karzaï ne pourra proposer des noms pour ses 17 ministères vacants qu'à partir du 20 février, soit après la tenue de la Conférencse internationale sur l'Afghanistan prévue le 18 janvier à Londres. N. S.