Nabil Chabane est un expert algérien en télécommunications qui a participé, il y a quelques années en Europe, à l'élaboration de projets similaires à ceux connus aujourd'hui. Il est P-DG de Webphone Network SPA et a bien voulu éclairer nos lecteurs sur les questions liées aux nouvelles technologies et aux choix qui sont faits dans le domaine et actuellement mis en œuvre en Algérie. Nabil Chabane est un expert algérien en télécommunications qui a participé, il y a quelques années en Europe, à l'élaboration de projets similaires à ceux connus aujourd'hui. Il est P-DG de Webphone Network SPA et a bien voulu éclairer nos lecteurs sur les questions liées aux nouvelles technologies et aux choix qui sont faits dans le domaine et actuellement mis en œuvre en Algérie. Midi Libre : Monsieur Nabil Chabane, il y a indéniablement un grand engouement pour tout ce qui touche au domaine des TIC et l'Algérie est plus que jamais concernée. De nouvelles notions sont alors apparues : GIX, IP, Cybercriminalité, Cyber-sécurité, ETSI, CALEA. Qu'en est-il vraiment de ces nouveaux concepts ? Nabil Chabane : Je partage avec vous ce constat et je dis que cet engouement d'une partie de la société civile algérienne pour les TIC concerne aussi le cadre général dans lequel les services de communications leurs sont offerts.Toutes ces notions prisent ensemble ont effectivement de quoi intriguer. Elles peuvent être reliées les unes aux autres mais, il serait préférable de les aborder au préalable séparément. En ce qui concerne le GIX (Global Internet Exchange), sur le fond, il s'agit en fait tout simplement de la mise en œuvre d'un point de raccordement (dit Point de Peering) des réseaux des différents fournisseurs d'accès à Internet (ISP) en Algérie; en effet, chaque ISP possède un ensemble d'équipements de télécommunications qui sont reliés entre eux et qui constituent son propre réseau. Si un utilisateur, ayant souscrit à un accès à internet auprès d'un ISP-A, et souhaitant bénéficier d'un service offert par un autre fournisseur de services ISP-B, alors les infrastructures ou réseaux de chacun des fournisseurs de services (ISP-A et ISP-B) doivent être interconnectés (c'est-à-dire reliés entre eux) directement ou indirectement. Les points de peering type GIX permettent justement d'assurer une interconnexion directe entres ISP, optimisant ainsi les conditions techniques d'échange de trafic entre leurs utilisateurs. S'agissant des coûts, il faut dire que là, tout au moins, les accords de peering se sont appuyés sur le principe du "settlement-free" ou "sender keeps all", et c'est ainsi qu'aucune partie ne paie l'autre pour les échanges directes d'informations entre leurs clients. Généralement les points de peering sont situés dans des centres de co-location (data center) où les différents ISP et opérateurs centralisent leurs points de présence. Bien entendu, sur un territoire aussi vaste que l'Algérie on doit s'attendre à ce que d'autres points de peering que le GIX, voient le jour si toutefois la situation des ISP se débloque et qu'en conséquence leurs réseaux se développent. En effet, deux ISP présents dans la région de Tamanrasset par exemple auront, pour les raisons invoquées précédemment, tout intérêt à établir entre eux des accords de peering sur place. Pour votre information, sachez qu'en France on compte, pour Paris et sa région, pas moins de 15 points de peering (GIX) et 05 en provinces. Est-ce que cela nécessite l'installation de grandes infrastructures ? Non pas du tout. Cela dépend, en fait, du nombre d'ISP à connecter, de la capacité en terme de débit que la GIX offrira à chaque ISP relié. Le besoin immédiat et à moyen terme est tout à fait modeste et c'est pourquoi le matériel mis en œuvre n'est pas important tant du point de vue technologique que financier. Pour vous donner une idée, lorsque nous avons mis en place le MAE (Metropolitan Area Exchange) à Paris pour UUNet, il s'agissait, dans sa première version, d'un petit point de peering mais qui couvrait déjà à l'époque des besoins largement supérieurs à ce que l'on peut concevoir actuellement en Algérie, il s'agissait en fait d'un simple Switch/Catalyste. Vos lecteurs ingénieurs ou techniciens sauront apprécier. Dans ces conditions, l'utilisateur lambda notera-t-il une différence en matière de qualité de service par exemple ? Dans un certain nombre de cas, oui. Prenons l'exemple de deux internautes algériens clients auprès de deux ISP distincts dont les réseaux n'étaient jusqu'alors pas connectés directement. Le GIX permettra alors de corriger cela, assurant du même coup une optimisation des échanges entre les réseaux desdits ISP et donc une meilleure qualité de service. Dans le cas de l'utilisation d'un service tel que la VoIP les internautes apprécieront alors nettement la différence. Cela dit, il convient de noter que les problèmes de qualité de services rencontrés par les internautes algériens n'ont rien à voir avec les problèmes de peering et, en la matière, le GIX ne saurait apporter de solution. On sait que dans la configuration actuelle des réseaux, les échanges entre internautes algériens passent obligatoirement par l'étranger. Est-ce que le GIX permettra d'éviter cela? Dans une certaine mesure, oui; mais là encore, si le trafic dont vous parlez se retrouve à l'international, c'est essentiellement parce que les services souscris y sont hébergés, c'est-à-dire fournis à l'international. C'est-à-dire ? Le GIX en tant que point de peering, est l'un des correctifs qui convenaient à être mis en œuvre pour corriger certaines défaillances en termes d'architecture internet en Algérie. Et qu'en est-il du lien entre le GIK et la Cybersecurité ? Il faut savoir que la cybersecurité, c'est la sécurité du réseau internet qui permet de pouvoir intercepter l'ensemble des connections établies par les utilisateurs du dit réseau. Aucun Etat ne peut se soustraire à ce vent sécuritaire. Donc il y a un contexte du tout sécuritaire qui trouve une expression particulière dans le domaine de l'internet. Voulez-vous nous expliquer un peu plus ? Si les délits affichés pour justifier de la mise en œuvre de la cybersecurité sont bien réels, les technologies ou les techniques mises en œuvre dépassent largement les besoins sécuritaires; en effet l'organisation des technologies autour du «Lawful interception» ( interception licite, le prouve. Aujourd'hui, le citoyen lambda se trouve sujet à une surveillance effective sur l'ensemble de ses connexions électroniques et même plus. Ainsi, aujourd'hui seuls la communication orale et le échanges écrits restent préservées. Midi Libre : Monsieur Nabil Chabane, il y a indéniablement un grand engouement pour tout ce qui touche au domaine des TIC et l'Algérie est plus que jamais concernée. De nouvelles notions sont alors apparues : GIX, IP, Cybercriminalité, Cyber-sécurité, ETSI, CALEA. Qu'en est-il vraiment de ces nouveaux concepts ? Nabil Chabane : Je partage avec vous ce constat et je dis que cet engouement d'une partie de la société civile algérienne pour les TIC concerne aussi le cadre général dans lequel les services de communications leurs sont offerts.Toutes ces notions prisent ensemble ont effectivement de quoi intriguer. Elles peuvent être reliées les unes aux autres mais, il serait préférable de les aborder au préalable séparément. En ce qui concerne le GIX (Global Internet Exchange), sur le fond, il s'agit en fait tout simplement de la mise en œuvre d'un point de raccordement (dit Point de Peering) des réseaux des différents fournisseurs d'accès à Internet (ISP) en Algérie; en effet, chaque ISP possède un ensemble d'équipements de télécommunications qui sont reliés entre eux et qui constituent son propre réseau. Si un utilisateur, ayant souscrit à un accès à internet auprès d'un ISP-A, et souhaitant bénéficier d'un service offert par un autre fournisseur de services ISP-B, alors les infrastructures ou réseaux de chacun des fournisseurs de services (ISP-A et ISP-B) doivent être interconnectés (c'est-à-dire reliés entre eux) directement ou indirectement. Les points de peering type GIX permettent justement d'assurer une interconnexion directe entres ISP, optimisant ainsi les conditions techniques d'échange de trafic entre leurs utilisateurs. S'agissant des coûts, il faut dire que là, tout au moins, les accords de peering se sont appuyés sur le principe du "settlement-free" ou "sender keeps all", et c'est ainsi qu'aucune partie ne paie l'autre pour les échanges directes d'informations entre leurs clients. Généralement les points de peering sont situés dans des centres de co-location (data center) où les différents ISP et opérateurs centralisent leurs points de présence. Bien entendu, sur un territoire aussi vaste que l'Algérie on doit s'attendre à ce que d'autres points de peering que le GIX, voient le jour si toutefois la situation des ISP se débloque et qu'en conséquence leurs réseaux se développent. En effet, deux ISP présents dans la région de Tamanrasset par exemple auront, pour les raisons invoquées précédemment, tout intérêt à établir entre eux des accords de peering sur place. Pour votre information, sachez qu'en France on compte, pour Paris et sa région, pas moins de 15 points de peering (GIX) et 05 en provinces. Est-ce que cela nécessite l'installation de grandes infrastructures ? Non pas du tout. Cela dépend, en fait, du nombre d'ISP à connecter, de la capacité en terme de débit que la GIX offrira à chaque ISP relié. Le besoin immédiat et à moyen terme est tout à fait modeste et c'est pourquoi le matériel mis en œuvre n'est pas important tant du point de vue technologique que financier. Pour vous donner une idée, lorsque nous avons mis en place le MAE (Metropolitan Area Exchange) à Paris pour UUNet, il s'agissait, dans sa première version, d'un petit point de peering mais qui couvrait déjà à l'époque des besoins largement supérieurs à ce que l'on peut concevoir actuellement en Algérie, il s'agissait en fait d'un simple Switch/Catalyste. Vos lecteurs ingénieurs ou techniciens sauront apprécier. Dans ces conditions, l'utilisateur lambda notera-t-il une différence en matière de qualité de service par exemple ? Dans un certain nombre de cas, oui. Prenons l'exemple de deux internautes algériens clients auprès de deux ISP distincts dont les réseaux n'étaient jusqu'alors pas connectés directement. Le GIX permettra alors de corriger cela, assurant du même coup une optimisation des échanges entre les réseaux desdits ISP et donc une meilleure qualité de service. Dans le cas de l'utilisation d'un service tel que la VoIP les internautes apprécieront alors nettement la différence. Cela dit, il convient de noter que les problèmes de qualité de services rencontrés par les internautes algériens n'ont rien à voir avec les problèmes de peering et, en la matière, le GIX ne saurait apporter de solution. On sait que dans la configuration actuelle des réseaux, les échanges entre internautes algériens passent obligatoirement par l'étranger. Est-ce que le GIX permettra d'éviter cela? Dans une certaine mesure, oui; mais là encore, si le trafic dont vous parlez se retrouve à l'international, c'est essentiellement parce que les services souscris y sont hébergés, c'est-à-dire fournis à l'international. C'est-à-dire ? Le GIX en tant que point de peering, est l'un des correctifs qui convenaient à être mis en œuvre pour corriger certaines défaillances en termes d'architecture internet en Algérie. Et qu'en est-il du lien entre le GIK et la Cybersecurité ? Il faut savoir que la cybersecurité, c'est la sécurité du réseau internet qui permet de pouvoir intercepter l'ensemble des connections établies par les utilisateurs du dit réseau. Aucun Etat ne peut se soustraire à ce vent sécuritaire. Donc il y a un contexte du tout sécuritaire qui trouve une expression particulière dans le domaine de l'internet. Voulez-vous nous expliquer un peu plus ? Si les délits affichés pour justifier de la mise en œuvre de la cybersecurité sont bien réels, les technologies ou les techniques mises en œuvre dépassent largement les besoins sécuritaires; en effet l'organisation des technologies autour du «Lawful interception» ( interception licite, le prouve. Aujourd'hui, le citoyen lambda se trouve sujet à une surveillance effective sur l'ensemble de ses connexions électroniques et même plus. Ainsi, aujourd'hui seuls la communication orale et le échanges écrits restent préservées.