Excepté Yannick Noah, rares sont les joueurs de tennis africains à s'être illustrés dans un sport qui, pour des raisons culturelles comme financières, reste encore «fermé» au continent noir. La vie de Yannick Noah est un conte de fées qui a certes commencé à Sedan (nord-est de la France), ville d'origine du dernier vainqueur français de Roland-Garros, mais qui a connu son premier vrai miracle à Yaoundé (capitale du Cameroun) où le champion devenu chanteur a passé son enfance. Excepté Yannick Noah, rares sont les joueurs de tennis africains à s'être illustrés dans un sport qui, pour des raisons culturelles comme financières, reste encore «fermé» au continent noir. La vie de Yannick Noah est un conte de fées qui a certes commencé à Sedan (nord-est de la France), ville d'origine du dernier vainqueur français de Roland-Garros, mais qui a connu son premier vrai miracle à Yaoundé (capitale du Cameroun) où le champion devenu chanteur a passé son enfance. Né d'un père camerounais, Zacharie, et d'une mère bretonne, Marie-Claire, Noah a vu son destin basculer en 1971, à l'âge de 11 ans, alors que quelques champions de tennis de l'époque —l'Américain Arthur Ashe en tête— effectuaient une tournée de promotion en Afrique. Noah tapa dans l'œil d'Ashe, qui le recommanda auprès de Philippe Chatrier, alors vice-président de la Fédération française de tennis, ce dernier se pressant de le faire admettre au programme tennis-études de Nice. «J'espère qu'on se retrouvera un jour à Wimbledon», lui avait lancé Ashe. Promesse tenue: sept ans plus tard, les deux joueurs disputèrent ensemble un double sur le plus célèbre central du monde. En 1983, toujours sous les yeux d'Ashe, alors commentateur pour la télévision américaine, Noah réalise enfin son rêve en triomphant à Roland-Garros, suscitant des joies semblables à Paris et Yaoundé. A tel point que le président de l'époque, François Mitterrand, lui demanda de l'accompagner quelques jours plus tard lors d'une visite officielle au Cameroun. Au fond, Yannick Noah est bien le plus grand champion de tennis que l'Afrique peut directement revendiquer. Rares sont les joueurs qui ont émergé d'un continent si peu représenté dans un sport qui, d'une certaine manière, lui reste encore relativement «fermé». L'âge d'or du tennis africain Il suffit de consulter les tableaux de simple de l'actuel tournoi de Roland-Garros pour s'en apercevoir, avec un seul représentant africain chez les hommes comme chez les femmes grâce aux Sud-Africains Kevin Anderson, 35e de la hiérarchie internationale et Chanelle Scheepers, 65e. Il n'y a, il est vrai, que huit Africains et quatre Africaines parmi les 500 premiers des deux classements mondiaux.C'est un total évidemment misérable, mais il n'a pas toujours été aussi désespérant. Il y a quelques années, l'Afrique du Sud avait placé deux des siens parmi les meilleurs mondiaux avec Wayne Ferreira et Amanda Coetzer, tous deux demi-finalistes du Grand Chelem. Le Maroc pouvait compter sur les talents conjugués de Younes El Aynaoui, Hicham Arazi et Karim Alami qui propulsèrent le royaume chérifien dans le groupe mondial (première division) de la coupe Davis. Prouesse également réussie par le Zimbabwe, solidement représenté par les frères Black, Byron et Wayne. Le Sénégalais Yahiya Doumbia remporta de son côté deux tournois sur le circuit ATP. Le Nigérian Nduka Odizor, 52e mondial en 1984, fut un redoutable spécialiste des surfaces rapides. Certains se souviendront également de l'Egyptien Ismail El Shafei, quart de finaliste à Wimbledon en 1981. Il ne faut pas oublier non plus qu'en 1974, l'Afrique du Sud, emmenée notamment par les grands spécialistes de double que furent Bob Hewitt et Frew McMillan, remporta la coupe Davis en profitant en finale du forfait de l'Inde pour cause d'apartheid. Des initiatives, mais des infrastructures insuffisantes On le voit, le bilan n'est pas nul. L'Afrique, qui organise deux tournois du circuit ATP à Johannesburg et Casablanca, et une épreuve WTA à Fès en attendant la création prochaine d'une autre au Caire, n'est pas complètement rayée de la carte du tennis professionnel, mais elle reste en proie à des difficultés accentuées par la plongée de l'Afrique du Sud, désormais nettement moins présente au plus haut niveau. Le tennis y reste un sport relativement secondaire notamment en raison d'infrastructures encore insuffisantes. Selon les chiffres communiqués par la Fédération internationale de tennis (FIT), l'Afrique compterait 13.000 courts —dont beaucoup font partie de complexes touristiques— et recenserait 1,3 million de personnes jouant au moins quatre fois dans l'année. A titre de comparaison, la France revendique 1,1 million de licenciés. Les efforts de la FIT, par le biais d'un fonds de développement s'appuyant sur les ressources engendrées par les tournois du Grand Chelem, sont réels. Ils se sont traduits par la mise sur pied de deux centres d'entraînement de jeunes, à Pretoria (Afrique du Sud) et Dakar (Sénégal), et d'un circuit de tournois à travers le continent dominé par le championnat d'Afrique des jeunes, dont la 34e édition vient de se dérouler au Botswana. En 2010, la FIT suivait ainsi plus particulièrement 32 jeunes joueurs dont 15 à Dakar, parmi lesquels les Sénégalais Samba Diouf, Souleymane Diallo et Seynabou Diop, les Togolais Bernard Alipoe et Batazi Abissoubie ou les Ivoiriens Sarah Haidara et Connor Yao. Elle aidait aussi des espoirs comme la Tunisienne Ons Jabeur, finaliste du tournoi juniors de Roland-Garros en 2010. «L'Afrique manque un peu de tout» Jacques Hervet, entraîneur français, a sillonné l'Afrique pour le compte de la FIT qui lui avait confié il y a quelques années la mission de suivre et d'aider plusieurs joueurs issus de pays plus défavorisés et notamment africains, comme les frères Black. Il demeure relativement pessimiste pour l'Afrique: Si Jacques Hervet estime utile le travail effectué dans les centres de Dakar et Pretoria, il pense aussi qu'il est impérieux de ne pas trop s'y attarder. L'avenir de ces jeunes pousses est ailleurs, dans d'autres structures d'entraînement —en France, où les Marocains El Aynaoui et Arazi se sont notamment aguerris, en Espagne ou aux Etats-Unis. C'est évidemment une prise de risques parfois monumentale qui freine les ambitions. Le football, par exemple, offre tellement plus d'options et de débouchés. Alors que la Chine, dont la présence était inexistante voilà vingt ans, s'éveille au tennis par la grâce notamment de joueuses comme Na Li, finaliste du dernier Open d'Australie, l'Afrique paraît encore très loin du but. Né d'un père camerounais, Zacharie, et d'une mère bretonne, Marie-Claire, Noah a vu son destin basculer en 1971, à l'âge de 11 ans, alors que quelques champions de tennis de l'époque —l'Américain Arthur Ashe en tête— effectuaient une tournée de promotion en Afrique. Noah tapa dans l'œil d'Ashe, qui le recommanda auprès de Philippe Chatrier, alors vice-président de la Fédération française de tennis, ce dernier se pressant de le faire admettre au programme tennis-études de Nice. «J'espère qu'on se retrouvera un jour à Wimbledon», lui avait lancé Ashe. Promesse tenue: sept ans plus tard, les deux joueurs disputèrent ensemble un double sur le plus célèbre central du monde. En 1983, toujours sous les yeux d'Ashe, alors commentateur pour la télévision américaine, Noah réalise enfin son rêve en triomphant à Roland-Garros, suscitant des joies semblables à Paris et Yaoundé. A tel point que le président de l'époque, François Mitterrand, lui demanda de l'accompagner quelques jours plus tard lors d'une visite officielle au Cameroun. Au fond, Yannick Noah est bien le plus grand champion de tennis que l'Afrique peut directement revendiquer. Rares sont les joueurs qui ont émergé d'un continent si peu représenté dans un sport qui, d'une certaine manière, lui reste encore relativement «fermé». L'âge d'or du tennis africain Il suffit de consulter les tableaux de simple de l'actuel tournoi de Roland-Garros pour s'en apercevoir, avec un seul représentant africain chez les hommes comme chez les femmes grâce aux Sud-Africains Kevin Anderson, 35e de la hiérarchie internationale et Chanelle Scheepers, 65e. Il n'y a, il est vrai, que huit Africains et quatre Africaines parmi les 500 premiers des deux classements mondiaux.C'est un total évidemment misérable, mais il n'a pas toujours été aussi désespérant. Il y a quelques années, l'Afrique du Sud avait placé deux des siens parmi les meilleurs mondiaux avec Wayne Ferreira et Amanda Coetzer, tous deux demi-finalistes du Grand Chelem. Le Maroc pouvait compter sur les talents conjugués de Younes El Aynaoui, Hicham Arazi et Karim Alami qui propulsèrent le royaume chérifien dans le groupe mondial (première division) de la coupe Davis. Prouesse également réussie par le Zimbabwe, solidement représenté par les frères Black, Byron et Wayne. Le Sénégalais Yahiya Doumbia remporta de son côté deux tournois sur le circuit ATP. Le Nigérian Nduka Odizor, 52e mondial en 1984, fut un redoutable spécialiste des surfaces rapides. Certains se souviendront également de l'Egyptien Ismail El Shafei, quart de finaliste à Wimbledon en 1981. Il ne faut pas oublier non plus qu'en 1974, l'Afrique du Sud, emmenée notamment par les grands spécialistes de double que furent Bob Hewitt et Frew McMillan, remporta la coupe Davis en profitant en finale du forfait de l'Inde pour cause d'apartheid. Des initiatives, mais des infrastructures insuffisantes On le voit, le bilan n'est pas nul. L'Afrique, qui organise deux tournois du circuit ATP à Johannesburg et Casablanca, et une épreuve WTA à Fès en attendant la création prochaine d'une autre au Caire, n'est pas complètement rayée de la carte du tennis professionnel, mais elle reste en proie à des difficultés accentuées par la plongée de l'Afrique du Sud, désormais nettement moins présente au plus haut niveau. Le tennis y reste un sport relativement secondaire notamment en raison d'infrastructures encore insuffisantes. Selon les chiffres communiqués par la Fédération internationale de tennis (FIT), l'Afrique compterait 13.000 courts —dont beaucoup font partie de complexes touristiques— et recenserait 1,3 million de personnes jouant au moins quatre fois dans l'année. A titre de comparaison, la France revendique 1,1 million de licenciés. Les efforts de la FIT, par le biais d'un fonds de développement s'appuyant sur les ressources engendrées par les tournois du Grand Chelem, sont réels. Ils se sont traduits par la mise sur pied de deux centres d'entraînement de jeunes, à Pretoria (Afrique du Sud) et Dakar (Sénégal), et d'un circuit de tournois à travers le continent dominé par le championnat d'Afrique des jeunes, dont la 34e édition vient de se dérouler au Botswana. En 2010, la FIT suivait ainsi plus particulièrement 32 jeunes joueurs dont 15 à Dakar, parmi lesquels les Sénégalais Samba Diouf, Souleymane Diallo et Seynabou Diop, les Togolais Bernard Alipoe et Batazi Abissoubie ou les Ivoiriens Sarah Haidara et Connor Yao. Elle aidait aussi des espoirs comme la Tunisienne Ons Jabeur, finaliste du tournoi juniors de Roland-Garros en 2010. «L'Afrique manque un peu de tout» Jacques Hervet, entraîneur français, a sillonné l'Afrique pour le compte de la FIT qui lui avait confié il y a quelques années la mission de suivre et d'aider plusieurs joueurs issus de pays plus défavorisés et notamment africains, comme les frères Black. Il demeure relativement pessimiste pour l'Afrique: Si Jacques Hervet estime utile le travail effectué dans les centres de Dakar et Pretoria, il pense aussi qu'il est impérieux de ne pas trop s'y attarder. L'avenir de ces jeunes pousses est ailleurs, dans d'autres structures d'entraînement —en France, où les Marocains El Aynaoui et Arazi se sont notamment aguerris, en Espagne ou aux Etats-Unis. C'est évidemment une prise de risques parfois monumentale qui freine les ambitions. Le football, par exemple, offre tellement plus d'options et de débouchés. Alors que la Chine, dont la présence était inexistante voilà vingt ans, s'éveille au tennis par la grâce notamment de joueuses comme Na Li, finaliste du dernier Open d'Australie, l'Afrique paraît encore très loin du but.