L'électricité d'origine nucléaire, qui représente en France plus de 75% de la production totale d'électricité, est-elle le poumon de l'industrie nationale ? En tout, la consommation industrielle dans l'Hexagone s'élève à environ 140 térawattheures (TWh), soit un tiers de la consommation totale d'électricité. Elle concerne 30.000 entreprises - dont 600 «électro-intensives» - qui emploient 3 millions de salariés pour un chiffre d'affaires de 900 milliards d'euros. L'électricité d'origine nucléaire, qui représente en France plus de 75% de la production totale d'électricité, est-elle le poumon de l'industrie nationale ? En tout, la consommation industrielle dans l'Hexagone s'élève à environ 140 térawattheures (TWh), soit un tiers de la consommation totale d'électricité. Elle concerne 30.000 entreprises - dont 600 «électro-intensives» - qui emploient 3 millions de salariés pour un chiffre d'affaires de 900 milliards d'euros. En marge de ces gros volumes, l'électricité nucléaire se distingue depuis longtemps par ses prix attractifs. «A la fin des années 1980, Péchiney avait voulu délocaliser ses activités au Canada, où l'énergie hydraulique représente un atout considérable. Le groupe est finalement resté en France parce qu'EDF a pu faire une contre-offre compétitive basée sur le coût compétitif de l'électricité nucléaire», se souvient Colette Lewiner, directrice internationale du secteur énergie et utilities chez Capgemini. Précisément, dans son dernier «Observatoire des marchés européens de l'énergie», Capgemini montre que l'électricité en France reste l'une des moins chères en Europe. «Mais aux yeux des industriels, l'argument prix n'est pas le seul critère déterminant. Ils veulent aussi avoir de la visibilité, or les prix de l'électricité nucléaire se distinguent par leur prévisibilité: ils sont beaucoup moins sensibles aux variations que les prix de l'électricité obtenue à partir d'énergies fossiles comme le gaz ou le pétrole, note Jean-Jacques Nieuviaert, conseiller en charge de l'économie générale et des marchés à l'Union française de l'électricité (UFE). Les entreprises ont besoin de stabilité dans leurs approvisionnements.» Energie peu carbonée Pour Philippe Monloubou, directeur commerce d'EDF, l'avantage pour le nucléaire d'être une énergie décarbonée joue également un rôle important : «Tout récemment, un dirigeant d'une grande entreprise internationale m'a confié que s'il devait implanter une usine, à prix équivalent, il choisirait le pays le moins carboné.» Le marché des émissions de gaz à effet de serre, avec des quotas à respecter pour chaque entreprise - et donc des pénalités -, va, en effet, monter en puissance. A Bruxelles, la Commission a souvent stigmatisé cet avantage induit représenté par une électricité nucléaire bon marché. Pour dynamiser la concurrence, une nouvelle loi prévoit qu'EDF cède à un prix attractif une partie importante de la production de ses centrales. «Début 2012, nos concurrents nous rachèteront 42 euros le mégawattheure (MWh) nucléaire et pourront donc faire eux aussi leurs offres sur cette base par rapport à un prix de marché qui est actuellement de 53 euros, ajoute Philippe Monloubou, autant dire que notre parc nucléaire avantage fortement l'industrie.» Quelle économie pour l'Afrique en 2060 ? Urbanisation galopante, baisse de l'activité agricole, bouleversement de la carte des ressources naturelles, et croissance des migrations. Ce sont les quatre scénarios que prédit le rapport récent de la Banque de développement africaine (AfDB) pour l'Afrique de 2060. Dans une cinquantaine d'années, 65% des Africains vont vivre dans des zones urbaines, contre 40% aujourd'hui : «L'urbanisation rapide sera une conséquence de la pression démographique croissante, d'une probable dégradation de la production agricole et de la réduction des coûts des déplacements», explique le rapport. Les migrations (nationales ou internationales) vont surtout se faire vers les régions littorales. Ainsi, on peut s'attendre à la création de nombreuses mégalopoles côtières, comme c'est le cas en Asie et en Amérique latine. Par ailleurs, une partie de la population ira habiter dans les pays occidentaux qui auront besoin de cette immigration : «En 2060, on pense qu'aux Etats-Unis et en Europe, 32% de la population aura 60 ans ou plus. En l'absence d'une augmentation de la natalité, l'immigration sera nécessaire pour garantir un ratio travailleurs/retraités correct», explique l'AfDB. Ces déplacements de population, favorisés par le développement des moyens de communication et d'information, devraient être amplifiés par le changement climatique. Cette évolution du climat aura également un impact négatif sur l'agriculture africaine qui dépend des précipitations, alors que les sols seront déjà affectés par «un appauvrissement à cause de la pression démographique». Enfin, les atouts des puissances économiques africaines seront redistribués, car les ressources naturelles (le pétrole et les minerais) vont s'épuiser dans certains pays et vont être découvertes et exploitées dans d'autres. Le rapport évoque le cas de l'Afrique du Sud, l'un des premiers pays africains pour l'exploitation minière, «qui deviendra un pays pauvre en ressources». Cette nouvelle donne économique et démographique modifiera considérablement la demande et l'offre mondiale en matière d'énergies et ressources naturelles, mais aussi de produits alimentaires. Pourquoi l'Afrique ne se développe pas Le continent n'exploite pas ses nombreuses richesses et n'a pas su tirer les leçons des modèles sociopolitiques expérimentés à travers le monde. C'est une lapalissade de dire que l'Afrique est un continent riche, tant elle regorge de ressources naturelles. Même ci celles-ci ne sont pas inépuisables, l'Afrique est encore riche de ses terres en grande partie cultivables et de ses ressources humaines. Et pourtant, elle peine à se développer -c'est le moins que l'on puisse dire. Au lieu de tirer leçon des succès et des échecs des modèles de développement qui ont été expérimentés de par le monde, elle continue à s'engluer dans ses politiques stériles. Plusieurs facteurs essentiels sont la cause de cette situation. La faillite des politiques Depuis la fin de la colonisation, presque tous les pays africains ont été dirigés par une élite sans vision politique à moyen ou long terme. Cette élite, qui s'est substituée aux anciens colonisateurs, a été incapable d'ambition et s'est davantage préoccupée d'elle-même que des peuples dont elle prétend défendre les intérêts. Résultat : le système colonial a été purement et simplement perpétué sous une autre forme dans les domaines politique, économique et culturel au fil des années. A cela, il faut ajouter l'insécurité de l'environnement économique qui ne favorise pas les investissements et le règne de l'informel. L'indépendance est donc devenue une véritable dépendance vis-à-vis des puissances étrangères, en particulier des anciennes puissances coloniales. Faute de réflexions endogènes ou prospectives et de volonté politique en vue d'amorcer un changement par une synergie d'actions, les politiques actuelles sont une navigation à vue. Les Etats sont gérés à la petite semaine par les dirigeants, juste le temps d'accomplir les hautes charges qui sont les leurs. Le marché de consommateurs Il n'y a pas meilleur marché de consommation que l'Afrique. C'est ce que nous appelons, avec un certain humour, dans nombre de pays africains les «receveurs universels». Comment peut-on se développer quand on consomme tout ce qui vient de l'extérieur sans distinction et qu'on ne produit rien, ou pas grand-chose? Le comble, c'est que beaucoup d'Africains ont le complexe suranné de la préférence étrangère. Même quand ce qui est produit localement est de bien meilleure qualité que ce qui est importé. L'extraversion est non seulement un phénomène économique, mais aussi culturel. Et cette tendance doit être inversée par la création et la recherche de qualité, afin que les produits africains puissent être concurrentiels à l'échelle internationale. L'Afrique ne doit pas être uniquement un marché de consommateurs -bien au contraire, elle a tout intérêt à se lancer dans la production tous azimuts. En effet, les Africains doivent encore prouver, comme qui dirait, qu'ils ne savent pas jouer que du banjo. La négligence de l'agriculture L'agriculture a toujours été reléguée au dernier rang des activités humaines en Afrique. Le paysan est considéré comme un citoyen de seconde zone. C'est le moins que rien. La plupart des Africains veulent être des commis de l'Etat. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous les pays africains font de l'agriculture la base de leur développement. Mais ils ne font rien pourtant pour développer cette agriculture. Et ce n'est qu'un euphémisme. Il faut bien le dire, depuis l'époque de la pierre, l'Afrique n'a remplacé l'outil agricole que par le fer. Rien de plus. Ce n'est pas avec la houe et la daba que l'Afrique peut se rendre autosuffisante alimentairement avant de parler de développer son agriculture à des fins de commercialisation ou de transformation. Comme les résultats d'investissements dans ce secteur ne s'obtiennent qu'à moyen ou long terme, cela intéresse peu les investisseurs étrangers et les Etats eux-mêmes. Pourtant, cela concerne la presque totalité de la population du continent. Avec une démographie galopante et un dérèglement climatique qui s'accentue d'année en année, les moyens agricoles traditionnels ne peuvent plus nourrir les nombreuses bouches du continent tant qu'ils n'évolueront pas. Et un homme qui a faim est un homme qui ne pense pas, et par conséquent ne se donne pas les moyens de son développement. L'inadéquation du système éducatif Plus de cinquante ans après les indépendances de la plupart des pays d'Afrique, le système éducatif ne s'est toujours pas adapté aux réalités du monde actuel et à l'évolution des sociétés africaines. L'enseignement élémentaire reste encore un luxe pour la majorité. Et l'enseignement supérieur ne forme en grande partie que des diplômés sans emploi, incapables d'entreprendre ou de s'insérer dans la vie active dès qu'ils quittent leur formation. Malheureusement, dans un tel contexte, l'enseignement technique et professionnel qui devrait être privilégié demeure le parent pauvre du système éducatif africain. C'est une des questions essentielles du développement de l'Afrique à laquelle il convient absolument d'apporter une solution adéquate. L'instabilité sociopolitique On peut compter sur les doigts d'une seule main les pays africains qui peuvent se targuer d'avoir connu une longue stabilité sociopolitique. Or celle-ci est une condition sine qua non du développement. L'Afrique souffre de la faiblesse de son organisation sociale et politique. Tant et si bien que la conjugaison des conflits internes et des appétits voraces externes que suscitent ses richesses ne sont pas pour la prémunir de crises plus ou moins graves. L'une des raisons à cette instabilité chronique et récurrente est la difficulté à s'approprier les principes de la démocratie. Qu'ils accèdent au pouvoir, au pire par un coup d'Etat, succession dynastique ou au mieux par des élections passablement démocratiques, les chefs d'Etat africains finissent la plupart du temps par succomber à la tentation de la dictature. Grâce à l'absence d'armées républicaines, à la corruption, à l'analphabétisme d'une grande partie des peuples, au clientélisme, au culte de la personnalité et tutti quanti. Toutes choses qui engendrent des conflits sociopolitiques. De manière inconsciente ou non, les peuples africains sont eux-mêmes des usines à dictateurs. La corruption La corruption est un véritable fléau en Afrique, qui touche particulièrement les élites. En l'absence d'initiatives individuelles ou collectives de production de richesses, l'Etat reste la seule vache à lait. La politique est ainsi le plus grand pourvoyeur d'emplois et le seul moyen de s'enrichir de façon licite ou illicite sans travailler. Cet état de fait inhibe toute initiative et transforme certains agents de l'Etat, mais surtout ceux qui sont au pouvoir ou proches, en de véritables sangsues. Les économies en sont du coup gangrénées. Si l'argent qui part en fumée au moyen de la corruption était effectivement investi en faveur des populations, l'Afrique aurait fait un grand bond en avant sur la voie du développement. Mais qui refuse de gagner de l'argent sans travailler ? Ils ne sont pas légion, ces agents de l'Etat ou hommes politiques en Afrique. De nos jours, ils sont malheureusement comme des espèces humaines en voie de disparition. La bonne gouvernance n'est pas le fort des dirigeants africains. Bien au contraire, c'est ce qui leur permet de rester au pouvoir en organisant des élections truquées d'avance par l'achat de conscience non seulement des électeurs en majorité analphabètes, mais aussi de ceux qui organisent les élections. Quand ils ne sont pas purement et simplement des dignes représentants de groupements économiques et politiques étrangers qui font feu de tout bois à cet effet. En marge de ces gros volumes, l'électricité nucléaire se distingue depuis longtemps par ses prix attractifs. «A la fin des années 1980, Péchiney avait voulu délocaliser ses activités au Canada, où l'énergie hydraulique représente un atout considérable. Le groupe est finalement resté en France parce qu'EDF a pu faire une contre-offre compétitive basée sur le coût compétitif de l'électricité nucléaire», se souvient Colette Lewiner, directrice internationale du secteur énergie et utilities chez Capgemini. Précisément, dans son dernier «Observatoire des marchés européens de l'énergie», Capgemini montre que l'électricité en France reste l'une des moins chères en Europe. «Mais aux yeux des industriels, l'argument prix n'est pas le seul critère déterminant. Ils veulent aussi avoir de la visibilité, or les prix de l'électricité nucléaire se distinguent par leur prévisibilité: ils sont beaucoup moins sensibles aux variations que les prix de l'électricité obtenue à partir d'énergies fossiles comme le gaz ou le pétrole, note Jean-Jacques Nieuviaert, conseiller en charge de l'économie générale et des marchés à l'Union française de l'électricité (UFE). Les entreprises ont besoin de stabilité dans leurs approvisionnements.» Energie peu carbonée Pour Philippe Monloubou, directeur commerce d'EDF, l'avantage pour le nucléaire d'être une énergie décarbonée joue également un rôle important : «Tout récemment, un dirigeant d'une grande entreprise internationale m'a confié que s'il devait implanter une usine, à prix équivalent, il choisirait le pays le moins carboné.» Le marché des émissions de gaz à effet de serre, avec des quotas à respecter pour chaque entreprise - et donc des pénalités -, va, en effet, monter en puissance. A Bruxelles, la Commission a souvent stigmatisé cet avantage induit représenté par une électricité nucléaire bon marché. Pour dynamiser la concurrence, une nouvelle loi prévoit qu'EDF cède à un prix attractif une partie importante de la production de ses centrales. «Début 2012, nos concurrents nous rachèteront 42 euros le mégawattheure (MWh) nucléaire et pourront donc faire eux aussi leurs offres sur cette base par rapport à un prix de marché qui est actuellement de 53 euros, ajoute Philippe Monloubou, autant dire que notre parc nucléaire avantage fortement l'industrie.» Quelle économie pour l'Afrique en 2060 ? Urbanisation galopante, baisse de l'activité agricole, bouleversement de la carte des ressources naturelles, et croissance des migrations. Ce sont les quatre scénarios que prédit le rapport récent de la Banque de développement africaine (AfDB) pour l'Afrique de 2060. Dans une cinquantaine d'années, 65% des Africains vont vivre dans des zones urbaines, contre 40% aujourd'hui : «L'urbanisation rapide sera une conséquence de la pression démographique croissante, d'une probable dégradation de la production agricole et de la réduction des coûts des déplacements», explique le rapport. Les migrations (nationales ou internationales) vont surtout se faire vers les régions littorales. Ainsi, on peut s'attendre à la création de nombreuses mégalopoles côtières, comme c'est le cas en Asie et en Amérique latine. Par ailleurs, une partie de la population ira habiter dans les pays occidentaux qui auront besoin de cette immigration : «En 2060, on pense qu'aux Etats-Unis et en Europe, 32% de la population aura 60 ans ou plus. En l'absence d'une augmentation de la natalité, l'immigration sera nécessaire pour garantir un ratio travailleurs/retraités correct», explique l'AfDB. Ces déplacements de population, favorisés par le développement des moyens de communication et d'information, devraient être amplifiés par le changement climatique. Cette évolution du climat aura également un impact négatif sur l'agriculture africaine qui dépend des précipitations, alors que les sols seront déjà affectés par «un appauvrissement à cause de la pression démographique». Enfin, les atouts des puissances économiques africaines seront redistribués, car les ressources naturelles (le pétrole et les minerais) vont s'épuiser dans certains pays et vont être découvertes et exploitées dans d'autres. Le rapport évoque le cas de l'Afrique du Sud, l'un des premiers pays africains pour l'exploitation minière, «qui deviendra un pays pauvre en ressources». Cette nouvelle donne économique et démographique modifiera considérablement la demande et l'offre mondiale en matière d'énergies et ressources naturelles, mais aussi de produits alimentaires. Pourquoi l'Afrique ne se développe pas Le continent n'exploite pas ses nombreuses richesses et n'a pas su tirer les leçons des modèles sociopolitiques expérimentés à travers le monde. C'est une lapalissade de dire que l'Afrique est un continent riche, tant elle regorge de ressources naturelles. Même ci celles-ci ne sont pas inépuisables, l'Afrique est encore riche de ses terres en grande partie cultivables et de ses ressources humaines. Et pourtant, elle peine à se développer -c'est le moins que l'on puisse dire. Au lieu de tirer leçon des succès et des échecs des modèles de développement qui ont été expérimentés de par le monde, elle continue à s'engluer dans ses politiques stériles. Plusieurs facteurs essentiels sont la cause de cette situation. La faillite des politiques Depuis la fin de la colonisation, presque tous les pays africains ont été dirigés par une élite sans vision politique à moyen ou long terme. Cette élite, qui s'est substituée aux anciens colonisateurs, a été incapable d'ambition et s'est davantage préoccupée d'elle-même que des peuples dont elle prétend défendre les intérêts. Résultat : le système colonial a été purement et simplement perpétué sous une autre forme dans les domaines politique, économique et culturel au fil des années. A cela, il faut ajouter l'insécurité de l'environnement économique qui ne favorise pas les investissements et le règne de l'informel. L'indépendance est donc devenue une véritable dépendance vis-à-vis des puissances étrangères, en particulier des anciennes puissances coloniales. Faute de réflexions endogènes ou prospectives et de volonté politique en vue d'amorcer un changement par une synergie d'actions, les politiques actuelles sont une navigation à vue. Les Etats sont gérés à la petite semaine par les dirigeants, juste le temps d'accomplir les hautes charges qui sont les leurs. Le marché de consommateurs Il n'y a pas meilleur marché de consommation que l'Afrique. C'est ce que nous appelons, avec un certain humour, dans nombre de pays africains les «receveurs universels». Comment peut-on se développer quand on consomme tout ce qui vient de l'extérieur sans distinction et qu'on ne produit rien, ou pas grand-chose? Le comble, c'est que beaucoup d'Africains ont le complexe suranné de la préférence étrangère. Même quand ce qui est produit localement est de bien meilleure qualité que ce qui est importé. L'extraversion est non seulement un phénomène économique, mais aussi culturel. Et cette tendance doit être inversée par la création et la recherche de qualité, afin que les produits africains puissent être concurrentiels à l'échelle internationale. L'Afrique ne doit pas être uniquement un marché de consommateurs -bien au contraire, elle a tout intérêt à se lancer dans la production tous azimuts. En effet, les Africains doivent encore prouver, comme qui dirait, qu'ils ne savent pas jouer que du banjo. La négligence de l'agriculture L'agriculture a toujours été reléguée au dernier rang des activités humaines en Afrique. Le paysan est considéré comme un citoyen de seconde zone. C'est le moins que rien. La plupart des Africains veulent être des commis de l'Etat. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, tous les pays africains font de l'agriculture la base de leur développement. Mais ils ne font rien pourtant pour développer cette agriculture. Et ce n'est qu'un euphémisme. Il faut bien le dire, depuis l'époque de la pierre, l'Afrique n'a remplacé l'outil agricole que par le fer. Rien de plus. Ce n'est pas avec la houe et la daba que l'Afrique peut se rendre autosuffisante alimentairement avant de parler de développer son agriculture à des fins de commercialisation ou de transformation. Comme les résultats d'investissements dans ce secteur ne s'obtiennent qu'à moyen ou long terme, cela intéresse peu les investisseurs étrangers et les Etats eux-mêmes. Pourtant, cela concerne la presque totalité de la population du continent. Avec une démographie galopante et un dérèglement climatique qui s'accentue d'année en année, les moyens agricoles traditionnels ne peuvent plus nourrir les nombreuses bouches du continent tant qu'ils n'évolueront pas. Et un homme qui a faim est un homme qui ne pense pas, et par conséquent ne se donne pas les moyens de son développement. L'inadéquation du système éducatif Plus de cinquante ans après les indépendances de la plupart des pays d'Afrique, le système éducatif ne s'est toujours pas adapté aux réalités du monde actuel et à l'évolution des sociétés africaines. L'enseignement élémentaire reste encore un luxe pour la majorité. Et l'enseignement supérieur ne forme en grande partie que des diplômés sans emploi, incapables d'entreprendre ou de s'insérer dans la vie active dès qu'ils quittent leur formation. Malheureusement, dans un tel contexte, l'enseignement technique et professionnel qui devrait être privilégié demeure le parent pauvre du système éducatif africain. C'est une des questions essentielles du développement de l'Afrique à laquelle il convient absolument d'apporter une solution adéquate. L'instabilité sociopolitique On peut compter sur les doigts d'une seule main les pays africains qui peuvent se targuer d'avoir connu une longue stabilité sociopolitique. Or celle-ci est une condition sine qua non du développement. L'Afrique souffre de la faiblesse de son organisation sociale et politique. Tant et si bien que la conjugaison des conflits internes et des appétits voraces externes que suscitent ses richesses ne sont pas pour la prémunir de crises plus ou moins graves. L'une des raisons à cette instabilité chronique et récurrente est la difficulté à s'approprier les principes de la démocratie. Qu'ils accèdent au pouvoir, au pire par un coup d'Etat, succession dynastique ou au mieux par des élections passablement démocratiques, les chefs d'Etat africains finissent la plupart du temps par succomber à la tentation de la dictature. Grâce à l'absence d'armées républicaines, à la corruption, à l'analphabétisme d'une grande partie des peuples, au clientélisme, au culte de la personnalité et tutti quanti. Toutes choses qui engendrent des conflits sociopolitiques. De manière inconsciente ou non, les peuples africains sont eux-mêmes des usines à dictateurs. La corruption La corruption est un véritable fléau en Afrique, qui touche particulièrement les élites. En l'absence d'initiatives individuelles ou collectives de production de richesses, l'Etat reste la seule vache à lait. La politique est ainsi le plus grand pourvoyeur d'emplois et le seul moyen de s'enrichir de façon licite ou illicite sans travailler. Cet état de fait inhibe toute initiative et transforme certains agents de l'Etat, mais surtout ceux qui sont au pouvoir ou proches, en de véritables sangsues. Les économies en sont du coup gangrénées. Si l'argent qui part en fumée au moyen de la corruption était effectivement investi en faveur des populations, l'Afrique aurait fait un grand bond en avant sur la voie du développement. Mais qui refuse de gagner de l'argent sans travailler ? Ils ne sont pas légion, ces agents de l'Etat ou hommes politiques en Afrique. De nos jours, ils sont malheureusement comme des espèces humaines en voie de disparition. La bonne gouvernance n'est pas le fort des dirigeants africains. Bien au contraire, c'est ce qui leur permet de rester au pouvoir en organisant des élections truquées d'avance par l'achat de conscience non seulement des électeurs en majorité analphabètes, mais aussi de ceux qui organisent les élections. Quand ils ne sont pas purement et simplement des dignes représentants de groupements économiques et politiques étrangers qui font feu de tout bois à cet effet.