En février 2011, les pénuries de céréales et la volatilité des prix alimentaires mettent en danger les régions les plus pauvres et ont poussé 44 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. En février 2011, les pénuries de céréales et la volatilité des prix alimentaires mettent en danger les régions les plus pauvres et ont poussé 44 millions de personnes supplémentaires dans l'extrême pauvreté. Les prix alimentaires mondiaux restent soutenus et volatils même si, en moyenne, l'indice mondial des prix alimentaires n'a pas évolué entre juillet et septembre. Les prix intérieurs ont eux aussi beaucoup fluctué sur cette période, sans que l'on puisse repérer une tendance claire, ce qui complique les prévisions pour l'évolution future des cours intérieurs. Parmi les 20 pays ayant connu les plus fortes augmentations de prix alimentaires lors du dernier épisode de flambée mondiale, entre juin 2010 et février 2011, certains ont vu cette tendance se poursuivre (les augmentations pouvant atteindre 86 %) quand d'autres ont enregistré une stabilisation ou un recul des prix (parfois de 25 %). De nombreux facteurs expliquent cette volatilité des prix mondiaux et intérieurs, sans que l'on puisse repérer facilement celui ou ceux qui prédominent. D'où la nécessité d'un suivi attentif de ces fluctuations de prix alimentaires, d'autant que l'économie mondiale reste fragile. La volatilité des cours alimentaires internationaux reste légèrement supérieure à celle des prix intérieurs. Cette dernière semble davantage liée aux caractéristiques et aux conditions du pays qu'à des chocs sur les cours mondiaux. Les prix intérieurs sont plus instables dans les pays enclavés et à faible revenu que dans les pays à revenu intermédiaire et ceux ayant un débouché sur la mer. Tendances de l'évolution des prix alimentaires mondiaux Les cours mondiaux restent élevés alors que l'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale n'a pas évolué entre juillet et septembre. Malgré un repli marginal de 1 % en septembre, à 5 % de son record de février, l'indice des prix alimentaires reste supérieur de 19 % à son niveau de septembre 2010. Par ailleurs, l'évolution des prix internationaux varie selon le produit. Au dernier trimestre, une augmentation de 3 % des cours des céréales a été partiellement compensée par un recul équivalent du prix des matières grasses. Le renchérissement des céréales est essentiellement dû à l'augmentation du prix du riz (+11 %) et du blé (+4 %) Le maïs a perdu 2 %, une tendance également observée pour le sucre (-6 %) et l'huile de soja (-2 %). Sur la même période, les cours du pétrole brut ont reculé en moyenne de 7 % alors que les engrais augmentaient de 3 %. Des anticipations positives pour les approvisionnements et les stocks pourraient lever une partie des tensions sur les cours alimentaires mondiaux. Les dernières prévisions du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA) tablent pour 2011/2012 sur un niveau record des stocks de blé depuis dix ans, grâce à un rebond dans les principaux pays producteurs, comme l'Australie, le Canada et le Kazakhstan, et en Europe. Cette évolution pourrait entraîner une révision à la hausse de 5 % de la production mondiale par rapport aux estimations de production pour 2010/2011. De même et malgré un recul marginal attendu aux Etats-Unis, à cause d'un été anormalement chaud, la production mondiale de maïs devrait augmenter de 4 %, dopée par les bons résultats en Argentine, au Brésil, en Chine, dans la fédération de Russie et en Ukraine. La production mondiale de riz devrait elle aussi connaître une embellie en 2011/2012, grâce en grande partie à des précipitations particulièrement propices pendant la mousson en Inde qui ont entraîné une récolte exceptionnelle. L'Inde a aussi autorisé des entreprises privées à exporter du riz non basmati en juillet, une première depuis trois ans, afin d'écouler des stocks gouvernementaux record. Mais les exportations de riz thaï devraient chuter en termes relatifs, de un tiers à un quart du total mondial en 2012, pénalisées par l'augmentation des prix à l'exportation qui a suivi l'annonce du programme thaïlandais de prêts hypothécaires pour le riz. D'autres grands exportateurs, comme l'Inde et le Pakistan, devraient combler ce déficit. D'autres facteurs augurent bien du niveau des prix alimentaires dans les prochains mois. Les inquiétudes relatives à l'état de l'économie mondiale – en particulier aux Etats-Unis et dans la zone euro – ont d'une manière générale ralenti la demande. Ces troubles économiques persistants doivent faire l'objet d'une surveillance rigoureuse, puisque le risque d'une décélération générale de la demande ne peut pas être totalement écarté. Si cette situation devait se prolonger à l'échelle planétaire, elle aurait probablement des effets sur les prix alimentaires mondiaux. Le repli éventuel des cours mondiaux affectera diversement les pays, selon qu'ils sont importateurs – ou exportateurs – nets de ces denrées de base. Les répercussions seront aussi liées à la fragilité macroéconomique des pays en développement et, au final, à la marge de manœuvre budgétaire de chacun ainsi qu'à son aptitude à protéger effectivement ses populations les plus vulnérables des aléas des prix alimentaires : lorsque les prix baissent, ce sont les producteurs nets pauvres des zones rurales les plus touchés et, lorsque les prix montent, ce sont les consommateurs nets pauvres. D'une manière générale, les pays en développement disposent actuellement d'une marge budgétaire plus faible qu'avant la crise financière de 2007 pour contrecarrer un ralentissement – puisqu'ils ont dû notamment adopter des mesures de relance (et, dans certains cas, augmenter les subventions pour les denrées alimentaires et les carburants). Plus inquiétant, le fait que les craintes liées à l'économie mondiale ne pèsent sur des décisions nationales d'investissements à moyen et long termes dans la recherche agronomique et des techniques de production plus efficaces – d'autant plus que la volatilité des cours persistera. L'indice des prix alimentaires mondiaux estime le prix à l'exportation de différents produits vivriers dans le monde, exprimé en dollars nominaux (2000=100).Conjugué à un recul général des cours de l'énergie, le repli de la demande mondiale pourrait aussi atténuer la demande d'éthanol, qui ne devrait augmenter que de 1 % en 2011/12, après avoir connu des hausses de respectivement 9, 24 et 21 % les trois dernières années. Cette situation pourrait réduire l'affectation du maïs et des huiles végétales à la production d'éthanol et de biocarburants. En outre, les récoltes exceptionnelles de maïs en Chine et de riz en Inde ainsi que la décision de l'Ukraine de supprimer les taxes sur les exportations de céréales (d'ici juillet 2012) sont autant de facteurs qui contribuent à endiguer la hausse des prix mondiaux. Mais un certain nombre de sujets de préoccupation demeurent quant à la volatilité des prix alimentaires mondiaux. Premièrement, les prix restent sensiblement plus soutenus qu'à la même époque l'an dernier et, dans le cas du riz, suivent une tendance ascendante depuis mai. Ensuite, le prix des engrais – essentiels pour la production agricole – est resté élevé, à pratiquement plus de la moitié de son niveau d'il y a un an. Par ailleurs, les marchés alimentaires mondiaux et les marchés de l'énergie sont depuis quelques années étroitement imbriqués. Des inquiétudes durables quant aux perspectives de l'économie mondiale conjuguées aux incertitudes entourant l'approvisionnement en pétrole face aux risques de dégradation de la situation dans la République arabe syrienne, mais aussi l'espoir d'une reprise rapide des exportations de la Libye, devraient entretenir la volatilité des cours de l'énergie. Les prix des autres matières premières hors alimentation – minerais et métaux notamment – ont eux aussi connu de fortes variations : après un recul en août et en septembre, ils étaient repartis à la hausse début octobre (c'est surtout vrai des métaux précieux). Une partie de ces fluctuations déteindra forcément sur les prix alimentaires. Enfin, malgré de bonnes perspectives globales de production, les marchés du riz devront faire l'objet d'un suivi attentif, dans la mesure où le programme de prêts hypothécaires pour le riz en Thaïlande a renchéri les prix à l'exportation du riz thaï (5 % de brisures) qui, de 566 dollars la tonne en moyenne en août, sont passés à 598 dollars en septembre. Certains analystes tablent toujours sur une nouvelle augmentation des cours dans les prochains mois. Sans compter que les récentes inondations qui ont frappé la Thaïlande – les pires en 50 ans – pourraient aggraver le manque de visibilité à court terme, les pertes de production étant estimées entre 4 à 6 millions de tonnes de riz (soit environ 16 à 24 % du total de la production prévue). Le Nord, le Nord-est et le centre du pays et leurs 2,4 millions d'habitants ont été touchés par ces inondations, laissant d'immenses étendues de terre agricole sous l'eau. Cette situation ralentit les expéditions (même si aucun cas de défaut n'a encore été recensé) et pourrait avoir entraîné la destruction d'un certain nombre d'entrepôts et de rizeries. Point positif, la récolte de cette culture primordiale était pratiquement finie dans certaines régions – notamment le centre – avant l'arrivée des eaux. En outre, on s'attend à de bons résultats pour les cultures forcées, ce qui pourrait partiellement compenser ces pertes de production . Enfin, même si les stocks de céréales devraient augmenter en 2011/12, ils restent faibles, avec un ratio stocks/utilisation de 21 % (voire même, dans le cas du maïs aux Etats-Unis, de 7 %). Dans ce type de situation, des chocs, même minimes, peuvent avoir un effet amplifié sur la volatilité des prix. Volatilité des prix alimentaires internationaux et nationaux Ces incertitudes étant sans doute appelées à durer, les prix alimentaires mondiaux vont continuer de fluctuer. De l'avis général en effet, des facteurs structurels vont entretenir ces niveaux de prix et cette volatilité à moyen terme. Le dernier rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2011, voit dans le développement économique et la pression démographique rapides, l'imbrication croissante des marchés alimentaires et énergétiques et la montée en puissance des biocarburants les facteurs structurels qui expliquent à la fois la fluctuation des prix et leurs niveaux. De même, la volatilité des prix intérieurs devrait se poursuivre. Les différences entre pays en termes de dépendance vis-à-vis des importations vivrières et de saisonnalité des récoltes sont des facteurs qui contribueront très certainement à la fluctuation des prix d'un pays à l'autre et au sein de chaque pays. Dans l'exemple récent le plus dramatique – la crise de la Corne de l'Afrique – les prix alimentaires ont légèrement reculé en moyenne en août, après avoir atteint des niveaux historiques en juin et en juillet, signe d'une augmentation de l'offre liée aux grandes récoltes saisonnières qui viennent de s'achever ou sont encore en cours. Mais même dans les zones de production excédentaire, les pressions à la hausse se poursuivront sans doute, attisées par une demande soutenue des zones déficitaires dans la région comme en Afrique centrale. L'encadré 1 rend compte de la situation humanitaire actuelle dans la Corne de l'Afrique. Les prix alimentaires mondiaux restent soutenus et volatils même si, en moyenne, l'indice mondial des prix alimentaires n'a pas évolué entre juillet et septembre. Les prix intérieurs ont eux aussi beaucoup fluctué sur cette période, sans que l'on puisse repérer une tendance claire, ce qui complique les prévisions pour l'évolution future des cours intérieurs. Parmi les 20 pays ayant connu les plus fortes augmentations de prix alimentaires lors du dernier épisode de flambée mondiale, entre juin 2010 et février 2011, certains ont vu cette tendance se poursuivre (les augmentations pouvant atteindre 86 %) quand d'autres ont enregistré une stabilisation ou un recul des prix (parfois de 25 %). De nombreux facteurs expliquent cette volatilité des prix mondiaux et intérieurs, sans que l'on puisse repérer facilement celui ou ceux qui prédominent. D'où la nécessité d'un suivi attentif de ces fluctuations de prix alimentaires, d'autant que l'économie mondiale reste fragile. La volatilité des cours alimentaires internationaux reste légèrement supérieure à celle des prix intérieurs. Cette dernière semble davantage liée aux caractéristiques et aux conditions du pays qu'à des chocs sur les cours mondiaux. Les prix intérieurs sont plus instables dans les pays enclavés et à faible revenu que dans les pays à revenu intermédiaire et ceux ayant un débouché sur la mer. Tendances de l'évolution des prix alimentaires mondiaux Les cours mondiaux restent élevés alors que l'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale n'a pas évolué entre juillet et septembre. Malgré un repli marginal de 1 % en septembre, à 5 % de son record de février, l'indice des prix alimentaires reste supérieur de 19 % à son niveau de septembre 2010. Par ailleurs, l'évolution des prix internationaux varie selon le produit. Au dernier trimestre, une augmentation de 3 % des cours des céréales a été partiellement compensée par un recul équivalent du prix des matières grasses. Le renchérissement des céréales est essentiellement dû à l'augmentation du prix du riz (+11 %) et du blé (+4 %) Le maïs a perdu 2 %, une tendance également observée pour le sucre (-6 %) et l'huile de soja (-2 %). Sur la même période, les cours du pétrole brut ont reculé en moyenne de 7 % alors que les engrais augmentaient de 3 %. Des anticipations positives pour les approvisionnements et les stocks pourraient lever une partie des tensions sur les cours alimentaires mondiaux. Les dernières prévisions du ministère de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA) tablent pour 2011/2012 sur un niveau record des stocks de blé depuis dix ans, grâce à un rebond dans les principaux pays producteurs, comme l'Australie, le Canada et le Kazakhstan, et en Europe. Cette évolution pourrait entraîner une révision à la hausse de 5 % de la production mondiale par rapport aux estimations de production pour 2010/2011. De même et malgré un recul marginal attendu aux Etats-Unis, à cause d'un été anormalement chaud, la production mondiale de maïs devrait augmenter de 4 %, dopée par les bons résultats en Argentine, au Brésil, en Chine, dans la fédération de Russie et en Ukraine. La production mondiale de riz devrait elle aussi connaître une embellie en 2011/2012, grâce en grande partie à des précipitations particulièrement propices pendant la mousson en Inde qui ont entraîné une récolte exceptionnelle. L'Inde a aussi autorisé des entreprises privées à exporter du riz non basmati en juillet, une première depuis trois ans, afin d'écouler des stocks gouvernementaux record. Mais les exportations de riz thaï devraient chuter en termes relatifs, de un tiers à un quart du total mondial en 2012, pénalisées par l'augmentation des prix à l'exportation qui a suivi l'annonce du programme thaïlandais de prêts hypothécaires pour le riz. D'autres grands exportateurs, comme l'Inde et le Pakistan, devraient combler ce déficit. D'autres facteurs augurent bien du niveau des prix alimentaires dans les prochains mois. Les inquiétudes relatives à l'état de l'économie mondiale – en particulier aux Etats-Unis et dans la zone euro – ont d'une manière générale ralenti la demande. Ces troubles économiques persistants doivent faire l'objet d'une surveillance rigoureuse, puisque le risque d'une décélération générale de la demande ne peut pas être totalement écarté. Si cette situation devait se prolonger à l'échelle planétaire, elle aurait probablement des effets sur les prix alimentaires mondiaux. Le repli éventuel des cours mondiaux affectera diversement les pays, selon qu'ils sont importateurs – ou exportateurs – nets de ces denrées de base. Les répercussions seront aussi liées à la fragilité macroéconomique des pays en développement et, au final, à la marge de manœuvre budgétaire de chacun ainsi qu'à son aptitude à protéger effectivement ses populations les plus vulnérables des aléas des prix alimentaires : lorsque les prix baissent, ce sont les producteurs nets pauvres des zones rurales les plus touchés et, lorsque les prix montent, ce sont les consommateurs nets pauvres. D'une manière générale, les pays en développement disposent actuellement d'une marge budgétaire plus faible qu'avant la crise financière de 2007 pour contrecarrer un ralentissement – puisqu'ils ont dû notamment adopter des mesures de relance (et, dans certains cas, augmenter les subventions pour les denrées alimentaires et les carburants). Plus inquiétant, le fait que les craintes liées à l'économie mondiale ne pèsent sur des décisions nationales d'investissements à moyen et long termes dans la recherche agronomique et des techniques de production plus efficaces – d'autant plus que la volatilité des cours persistera. L'indice des prix alimentaires mondiaux estime le prix à l'exportation de différents produits vivriers dans le monde, exprimé en dollars nominaux (2000=100).Conjugué à un recul général des cours de l'énergie, le repli de la demande mondiale pourrait aussi atténuer la demande d'éthanol, qui ne devrait augmenter que de 1 % en 2011/12, après avoir connu des hausses de respectivement 9, 24 et 21 % les trois dernières années. Cette situation pourrait réduire l'affectation du maïs et des huiles végétales à la production d'éthanol et de biocarburants. En outre, les récoltes exceptionnelles de maïs en Chine et de riz en Inde ainsi que la décision de l'Ukraine de supprimer les taxes sur les exportations de céréales (d'ici juillet 2012) sont autant de facteurs qui contribuent à endiguer la hausse des prix mondiaux. Mais un certain nombre de sujets de préoccupation demeurent quant à la volatilité des prix alimentaires mondiaux. Premièrement, les prix restent sensiblement plus soutenus qu'à la même époque l'an dernier et, dans le cas du riz, suivent une tendance ascendante depuis mai. Ensuite, le prix des engrais – essentiels pour la production agricole – est resté élevé, à pratiquement plus de la moitié de son niveau d'il y a un an. Par ailleurs, les marchés alimentaires mondiaux et les marchés de l'énergie sont depuis quelques années étroitement imbriqués. Des inquiétudes durables quant aux perspectives de l'économie mondiale conjuguées aux incertitudes entourant l'approvisionnement en pétrole face aux risques de dégradation de la situation dans la République arabe syrienne, mais aussi l'espoir d'une reprise rapide des exportations de la Libye, devraient entretenir la volatilité des cours de l'énergie. Les prix des autres matières premières hors alimentation – minerais et métaux notamment – ont eux aussi connu de fortes variations : après un recul en août et en septembre, ils étaient repartis à la hausse début octobre (c'est surtout vrai des métaux précieux). Une partie de ces fluctuations déteindra forcément sur les prix alimentaires. Enfin, malgré de bonnes perspectives globales de production, les marchés du riz devront faire l'objet d'un suivi attentif, dans la mesure où le programme de prêts hypothécaires pour le riz en Thaïlande a renchéri les prix à l'exportation du riz thaï (5 % de brisures) qui, de 566 dollars la tonne en moyenne en août, sont passés à 598 dollars en septembre. Certains analystes tablent toujours sur une nouvelle augmentation des cours dans les prochains mois. Sans compter que les récentes inondations qui ont frappé la Thaïlande – les pires en 50 ans – pourraient aggraver le manque de visibilité à court terme, les pertes de production étant estimées entre 4 à 6 millions de tonnes de riz (soit environ 16 à 24 % du total de la production prévue). Le Nord, le Nord-est et le centre du pays et leurs 2,4 millions d'habitants ont été touchés par ces inondations, laissant d'immenses étendues de terre agricole sous l'eau. Cette situation ralentit les expéditions (même si aucun cas de défaut n'a encore été recensé) et pourrait avoir entraîné la destruction d'un certain nombre d'entrepôts et de rizeries. Point positif, la récolte de cette culture primordiale était pratiquement finie dans certaines régions – notamment le centre – avant l'arrivée des eaux. En outre, on s'attend à de bons résultats pour les cultures forcées, ce qui pourrait partiellement compenser ces pertes de production . Enfin, même si les stocks de céréales devraient augmenter en 2011/12, ils restent faibles, avec un ratio stocks/utilisation de 21 % (voire même, dans le cas du maïs aux Etats-Unis, de 7 %). Dans ce type de situation, des chocs, même minimes, peuvent avoir un effet amplifié sur la volatilité des prix. Volatilité des prix alimentaires internationaux et nationaux Ces incertitudes étant sans doute appelées à durer, les prix alimentaires mondiaux vont continuer de fluctuer. De l'avis général en effet, des facteurs structurels vont entretenir ces niveaux de prix et cette volatilité à moyen terme. Le dernier rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2011, voit dans le développement économique et la pression démographique rapides, l'imbrication croissante des marchés alimentaires et énergétiques et la montée en puissance des biocarburants les facteurs structurels qui expliquent à la fois la fluctuation des prix et leurs niveaux. De même, la volatilité des prix intérieurs devrait se poursuivre. Les différences entre pays en termes de dépendance vis-à-vis des importations vivrières et de saisonnalité des récoltes sont des facteurs qui contribueront très certainement à la fluctuation des prix d'un pays à l'autre et au sein de chaque pays. Dans l'exemple récent le plus dramatique – la crise de la Corne de l'Afrique – les prix alimentaires ont légèrement reculé en moyenne en août, après avoir atteint des niveaux historiques en juin et en juillet, signe d'une augmentation de l'offre liée aux grandes récoltes saisonnières qui viennent de s'achever ou sont encore en cours. Mais même dans les zones de production excédentaire, les pressions à la hausse se poursuivront sans doute, attisées par une demande soutenue des zones déficitaires dans la région comme en Afrique centrale. L'encadré 1 rend compte de la situation humanitaire actuelle dans la Corne de l'Afrique.