J'ai apprécié la contribution de mon ami le professeur Abderrahmane Mebtoul intitulée « Amendements de la loi des hydrocarbures, pour un débat national » parue dans plusieurs quotidiens algériens. Je propose dans cette présente réflexion, à la demande du professeur, lui-même expert dans ce domaine, en tant qu'ancien cadre supérieur au ministère de l'Energie et à Sonatrach, ayant eu le privilège d'exercer d'importantes responsabilités pendant de longues années et étant actuellement à l'international, d'apporter ma modeste contribution. 1.-Améliorer l'efficacité énergétique Nous devons, assurément, veiller à utiliser au mieux nos ressources en hydrocarbures. Car il ne suffit pas de développer les énergies renouvelables ; encore faudrait-il s'efforcer de gaspiller le moins possible de ces précieuses ressources, pour en laisser un peu aux générations futures !.. On pourrait y parvenir en améliorant l'efficacité énergétique dans le résidentiel et le tertiaire, qui, à eux seuls, consomment plus de la moitié de l'énergie finale, si toutefois il y avait une volonté politique de ce faire, dans ce domaine. Pour rappel, l'efficacité énergétique est le rapport entre l'énergie qui peut être économisée, à une température ambiante donnée, et l'énergie qui a été consommée pour atteindre la même température. En d'autres termes, plus l'énergie consommée est basse, pour atteindre une température donnée, et plus l'efficacité énergétique, – qui dépend essentiellement des qualités thermiques de l'enveloppe des bâtiments (murs de façade et terrasses) -, est améliorée. Les réglementations thermiques définissent, généralement, des seuils de consommation d'énergie à ne pas dépasser, exprimés en kWh/m2/an de bâtiment, ce qui manque cruellement dans notre pays. Qu'a-t-on fait, au demeurant, dans ce domaine, jusqu'à ce jour ? Mis à part la vente d'ampoules basse consommationet le programme « Eco-bât », lancé conjointement entre les ministères de l'Energie et de l'Habitat, rien d'autre n'a été initié. Le programme « Eco-bât », lancé il y a plus de 2 ans, a consisté en la réalisation de 600 logements, découpé en 11 projets, et confié à 11 OPGI. L'Aprue, sous tutelle du ministère de l'Energie, a eu pour seule mission de procurer le financement des surcoûts résultant de l'utilisation éventuelle de nouveaux matériaux relativement plus performants. Depuis le lancement de ce programme, on ne sait toujours pas quelles dispositions techniques ont été prises, et encore moins l'expérience que nous en avons tiré ! Et du reste, le saurons-nous un jour, étant donné l'opacité dans laquelle ce programme s'est déroulé ? 2.-Mes onze propositions dans le cadre de l'amendement de la loi La loi en question devrait, clairement, énoncer ce qui suit : a) Le ministère de l'Energie est la seule institution chargée de promouvoir l'efficacité énergétique dans tous les domaines d'activités, y compris le résidentiel et le tertiaire. b) Le Ministère de l'Energie doit veiller, particulièrement, à ce que les actions menées dans le cadre des énergies renouvelables aillent de pair avec celles relatives à l'efficacité énergétique. c) Pour donner l'exemple, le ministère de l'Energie doit veiller à ce que les projets inscrits dans le cadre du développement des énergies renouvelables, telles qu'usines de fabrication de panneaux photovoltaïques, soient conçus de telle sorte à minimiser les pertes d'énergie au travers de leurs parois en utilisant des matériaux et procédés particulièrement efficaces en énergie. d) Les autres ministères, y compris celui de l'Habitat, sont chargés de la stricte application des mesures décidées par le gouvernement, dans ce domaine, suite aux actions engagées par le ministère de l'Energie et visant à accroître l'efficacité énergétique. e) Pour atteindre cet objectif, le ministère de l'Energie est chargé du lancement de plusieurs projets pilotes intégrant de nouveaux matériaux et procédés de construction particulièrement efficaces en énergie, c'est-à-dire capables de réduire d'au moins 40% les consommations d'énergie pour le chauffage et la climatisation, par rapport aux déperditions de référence prévues à la réglementation thermique en vigueur (DTR C 3-2) , et plus tard, par rapport aux seuils de consommation exprimés en kWh/m2/an de bâtiment. f) Dans le cas où les nouveaux matériaux et procédés performants en énergie ainsi introduits ont fait l'objet de brevets d'invention, la procédure de passation des marchés de gré à gré sera autorisée, conformément à l'article 43 du Code des marchés publics. g) Le ministère de l'Energie (Aprue) doit, sans plus tarder, informer la population des domaines où il a apporté sa contribution financière, dans le cadre du programme « Eco-Bât ». h) Le ministère de l'Habitat (Cnebib) doit, sans plus tarder, procéder à la mise à jour du DTR C 3.2, notamment, par une définition des seuils de performance énergétique des bâtiments à respecter, exprimés en kWh/m2/an de bâtiment, ainsi que l'introduction du concept d'inertie thermique et de déphasage des ondes de température. i) Le ministère de l'Habitat (Cnebib) doit publier, sans plus tarder, un erratum corrigeant l'exemple fourni en annexe 4, en y ajoutant les pertes d'énergie par ponts thermiques, qui sont loin d'être néglige ables, et qui montreraient que la plupart des projets réalisés dans le cadre de programmes publics de logements ne répondent pas à la réglementation thermique en vigueur. j) Le ministère de l'Habitat (CTC) est chargé de veiller à ce que les projets de bâtiments publics répondent à la réglementation thermique en vigueur, et d'apposer un visa préalable à toute autorisation de construire des bâtiments publics. k) Le ministère de l'Habitat (11 OPGI) doit, sans plus tarder, informer la population des dispositions techniques adoptées dans le cadre du programme « Eco-Bât », destiné à accroître l'efficacité énergétique dans les logements inscrits dans les programmes publics, et de l'avancement des travaux. En résumé, un débat serein et sans passion s'impose. Sonatrach, comme l'a rappelé, à juste titre le professeur Abderrahmane Mebtoul, a besoin d'un bon management stratégique pour s'adapter aux nouvelles mutations énergétiques mondiales recelant d'importantes compétences, la ressource humaine, le pilier de développement de toute entreprise. * Chérif Ouabdesselam, ancien cadre supérieur du ministère de l'Energie et de Sonatrach - Directeur général de Texor Ingénierie J'ai apprécié la contribution de mon ami le professeur Abderrahmane Mebtoul intitulée « Amendements de la loi des hydrocarbures, pour un débat national » parue dans plusieurs quotidiens algériens. Je propose dans cette présente réflexion, à la demande du professeur, lui-même expert dans ce domaine, en tant qu'ancien cadre supérieur au ministère de l'Energie et à Sonatrach, ayant eu le privilège d'exercer d'importantes responsabilités pendant de longues années et étant actuellement à l'international, d'apporter ma modeste contribution. 1.-Améliorer l'efficacité énergétique Nous devons, assurément, veiller à utiliser au mieux nos ressources en hydrocarbures. Car il ne suffit pas de développer les énergies renouvelables ; encore faudrait-il s'efforcer de gaspiller le moins possible de ces précieuses ressources, pour en laisser un peu aux générations futures !.. On pourrait y parvenir en améliorant l'efficacité énergétique dans le résidentiel et le tertiaire, qui, à eux seuls, consomment plus de la moitié de l'énergie finale, si toutefois il y avait une volonté politique de ce faire, dans ce domaine. Pour rappel, l'efficacité énergétique est le rapport entre l'énergie qui peut être économisée, à une température ambiante donnée, et l'énergie qui a été consommée pour atteindre la même température. En d'autres termes, plus l'énergie consommée est basse, pour atteindre une température donnée, et plus l'efficacité énergétique, – qui dépend essentiellement des qualités thermiques de l'enveloppe des bâtiments (murs de façade et terrasses) -, est améliorée. Les réglementations thermiques définissent, généralement, des seuils de consommation d'énergie à ne pas dépasser, exprimés en kWh/m2/an de bâtiment, ce qui manque cruellement dans notre pays. Qu'a-t-on fait, au demeurant, dans ce domaine, jusqu'à ce jour ? Mis à part la vente d'ampoules basse consommationet le programme « Eco-bât », lancé conjointement entre les ministères de l'Energie et de l'Habitat, rien d'autre n'a été initié. Le programme « Eco-bât », lancé il y a plus de 2 ans, a consisté en la réalisation de 600 logements, découpé en 11 projets, et confié à 11 OPGI. L'Aprue, sous tutelle du ministère de l'Energie, a eu pour seule mission de procurer le financement des surcoûts résultant de l'utilisation éventuelle de nouveaux matériaux relativement plus performants. Depuis le lancement de ce programme, on ne sait toujours pas quelles dispositions techniques ont été prises, et encore moins l'expérience que nous en avons tiré ! Et du reste, le saurons-nous un jour, étant donné l'opacité dans laquelle ce programme s'est déroulé ? 2.-Mes onze propositions dans le cadre de l'amendement de la loi La loi en question devrait, clairement, énoncer ce qui suit : a) Le ministère de l'Energie est la seule institution chargée de promouvoir l'efficacité énergétique dans tous les domaines d'activités, y compris le résidentiel et le tertiaire. b) Le Ministère de l'Energie doit veiller, particulièrement, à ce que les actions menées dans le cadre des énergies renouvelables aillent de pair avec celles relatives à l'efficacité énergétique. c) Pour donner l'exemple, le ministère de l'Energie doit veiller à ce que les projets inscrits dans le cadre du développement des énergies renouvelables, telles qu'usines de fabrication de panneaux photovoltaïques, soient conçus de telle sorte à minimiser les pertes d'énergie au travers de leurs parois en utilisant des matériaux et procédés particulièrement efficaces en énergie. d) Les autres ministères, y compris celui de l'Habitat, sont chargés de la stricte application des mesures décidées par le gouvernement, dans ce domaine, suite aux actions engagées par le ministère de l'Energie et visant à accroître l'efficacité énergétique. e) Pour atteindre cet objectif, le ministère de l'Energie est chargé du lancement de plusieurs projets pilotes intégrant de nouveaux matériaux et procédés de construction particulièrement efficaces en énergie, c'est-à-dire capables de réduire d'au moins 40% les consommations d'énergie pour le chauffage et la climatisation, par rapport aux déperditions de référence prévues à la réglementation thermique en vigueur (DTR C 3-2) , et plus tard, par rapport aux seuils de consommation exprimés en kWh/m2/an de bâtiment. f) Dans le cas où les nouveaux matériaux et procédés performants en énergie ainsi introduits ont fait l'objet de brevets d'invention, la procédure de passation des marchés de gré à gré sera autorisée, conformément à l'article 43 du Code des marchés publics. g) Le ministère de l'Energie (Aprue) doit, sans plus tarder, informer la population des domaines où il a apporté sa contribution financière, dans le cadre du programme « Eco-Bât ». h) Le ministère de l'Habitat (Cnebib) doit, sans plus tarder, procéder à la mise à jour du DTR C 3.2, notamment, par une définition des seuils de performance énergétique des bâtiments à respecter, exprimés en kWh/m2/an de bâtiment, ainsi que l'introduction du concept d'inertie thermique et de déphasage des ondes de température. i) Le ministère de l'Habitat (Cnebib) doit publier, sans plus tarder, un erratum corrigeant l'exemple fourni en annexe 4, en y ajoutant les pertes d'énergie par ponts thermiques, qui sont loin d'être néglige ables, et qui montreraient que la plupart des projets réalisés dans le cadre de programmes publics de logements ne répondent pas à la réglementation thermique en vigueur. j) Le ministère de l'Habitat (CTC) est chargé de veiller à ce que les projets de bâtiments publics répondent à la réglementation thermique en vigueur, et d'apposer un visa préalable à toute autorisation de construire des bâtiments publics. k) Le ministère de l'Habitat (11 OPGI) doit, sans plus tarder, informer la population des dispositions techniques adoptées dans le cadre du programme « Eco-Bât », destiné à accroître l'efficacité énergétique dans les logements inscrits dans les programmes publics, et de l'avancement des travaux. En résumé, un débat serein et sans passion s'impose. Sonatrach, comme l'a rappelé, à juste titre le professeur Abderrahmane Mebtoul, a besoin d'un bon management stratégique pour s'adapter aux nouvelles mutations énergétiques mondiales recelant d'importantes compétences, la ressource humaine, le pilier de développement de toute entreprise. * Chérif Ouabdesselam, ancien cadre supérieur du ministère de l'Energie et de Sonatrach - Directeur général de Texor Ingénierie