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L'insalubrité de la cote ouest
Saison estivale, plages
Publié dans Le Midi Libre le 24 - 07 - 2007

Les milliers, voire les millions de mètres cubes d'eaux usées quotidiennement déversées par les multiples bouches d'égouts existant sur la côte Ouest, déteignent le bleu de la mer.
Les milliers, voire les millions de mètres cubes d'eaux usées quotidiennement déversées par les multiples bouches d'égouts existant sur la côte Ouest, déteignent le bleu de la mer.
Dans certaines plages, les estivants pataugent inconsciemment dans des eaux aux couleurs boueuses exhalant des odeurs nauséabondes. Une triste réalité qui a concouru à la désertion de nos plages de la part des émigrés qui, cette année, se bousculent aux frontières tunisiennes. Sur un grand nombre de plages, le sable n'est plus ce qu'il était jadis. Au petit matin ou en fin de journée, la bande sablonneuse offre un aspect de dépotoirs géants, conséquence du manque de civisme des citoyens, mais également du manque d'entretien de la part des services concernés. En outre, et bien que les plages n'aient pas fait l'objet de concession, il n'en demeure pas moins que des plagistes clandestins sont nombreux à accaparer des pans de plages à des fins d'exploitation. En dépit du caractère illégal de leur activité et à la faveur de la permissivité des autorités, ils offrent, toutefois ‘'des prestations salutaires aux familles en quête de quiétude et de sécurité dans un environnement saint". Il demeure que le manque flagrant d'hygiène en certains lieux est révoltant. Comme chaque année, des flopées de petits commerçants ambulants dont les produits de toutes sortes sont très prisés par les estivants de tous âges sillonnent les plages. Inlassablement, ils parcourent des distances ahurissantes pour écouler leurs produits.
En parcourant la côte Ouest à partir de Bab-El-Oued, le constat que nous dressons est, tout simplement dramatique. «On a l'impression que les pouvoirs publics sont démissionnaires», déplorent, la plupart des personnes abordées en divers points. S'il est vrai que l'omniprésence des services de sécurité rassure un tantinet les citoyens, ces derniers ne manquent pas de pointer du doigt la menace que génère l'insalubrité de l'eau de mer de même que celle des plages. ‘'Nous nous baignons dans une mer altérée par les eaux usées déversées'', affirment des estivants de même que des pêcheurs qui estiment que «cette situation, plus que polluante, a contribué, pour une grande partie, à la disparition de la faune marine». Un citoyen, féru de chasse sous-marine, dont il tire sa pitance est scandalisé par le degré de pollution des fonds marins. «Le poisson se fait de plus en plus rare», tempête-t-il. Il ajoutera «qu'à la place du poisson ce sont des tonnes de détritus déposées au fond que nous découvrons lors de nos plongées».
Des plages dépotoirs
Même en surface, des sachets, des bouteilles en plastique ainsi que des détritus de toutes sorte flottent allègrement sans que cela n'émeuve les pouvoirs publics. Au petit matin, lorsque la mer est calme, le fond sablonneux est parsemé de déchets. Le ressac des vagues laisse apparaître une mousse loin d'être blanche. «Je suis obligé d'emmener les membres de ma famille dans des plages locales car je n'ai pas la possibilité de les emmener en Tunisie ou ailleurs où les plages sont plus accueillantes et plus sûres», affirme un père de famille qui finit par avouer «qu'en fin de journée, des bains aseptisants au savon de même que l'administration de lavages oculaires à l'aide de médicaments adéquats sont obligatoires pour tout le monde ». Les pères de familles démunis se contentent, quand à eux, de bains oculaires à l'aide de concoctions faites à base de sel et d'eau préalablement bouillie. En fin de journée, la plupart des plages offrent l'image de dépotoirs, conséquence du manque de civisme de citoyens contraints, par manque de poubelles «d'enfouir les emballages, sachets et autres épluchures dans le sable». Des dépôts que le vent finit par mettre au grand jour. Dans certaines plages de la côte, les quelques arbres jouxtant les plages sont les survivants et les témoins de forêts, envahies par la grisaille du béton. C'est le cas de le dire sur les plages de Zéralda, Germaine, l'Abattoir et ceux dans le prolongement jusqu'à Douaouda. Les quelques arbres existant font office de toilettes publiques. En effet, les estivants, dans ce cas de figure, n'ont d'autre solution que de se soulager à l'abri de ces buissons. Ce qui, par conséquent, constitue une corvée astreignante pour les chefs de famille. Tous les mots et expressions ne suffiront pas pour décrire l'insalubrité et le manque d'hygiène qui caractérisent les plages de la côte ouest à l'exception des plages situées en zones interdites où celles mitoyennes à un ensemble de villas et hôtels à l'instar d'Azur Plage ou Palm Beach. La disponibilité des commodités en ces lieux est un facteur concourrant à la grande affluence. Les kiosques diffusant des tubes raï à de très forts décibels génèrent une cacophonie, loin de refléter une atmosphère de détente et de loisir. Tout compte fait, ces moments de détente sont acquis contre monnaie sonnante et trébuchante.
Des moments de détente
à 2.500 DA
«Pour passer une bonne journée à Azur Plage, il faut dépenser la bagatelle de 600 DA par personnes ce qui revient à dire que pour moi et les cinq membres de ma famille, il me faut dépenser pas moins de 2.500 DA, transport y compris», révèle un chef de famille qui révèle néanmoins « qu'en payant tout est accessible». A l'approche du mois d'août, les plagistes activent sur les plages et bien que leurs activités soient en contradiction avec les propos des responsables du secteur arguant la gratuité, il demeure que les pans qu'ils occupent sont quotidiennement débarrassés des détritus au profit des baigneurs soumis, par ailleurs, au paiement des parasols et des tentes qu'ils mettent à leur disposition. Dans d'autres plages, ces tentes sont utilisées par certaines personnes en manque d'intimité, des couples à la recherche de discrétion. Pour 200 DA, le couple en question bénéficie, non seulement de la tente, mais également de la protection des prestataires. Même si cette année cette pratique est entourée de discrétion, elle est largement condamnée par les riverains.
Les métiers de la misère
Ils sont des centaines de jeunes adolescents et adolescentes, condamnés à survivre en s'adonnant à des activités clandestines sur les plages. Ils et elles sont également sur les grands axes routiers. Une façon comme une autre d'échapper à la misère sociale. Chaque cas évoque une histoire. La survie est, néanmoins, le dénominateur commun pour cette tranche de population. «Je préfère vendre du pain ou des galettes pour faire vivre mes frères plutôt que de voler», avoue le jeune Malik en guise de réponse à la question de connaître les raisons qui l'ont poussé à s'adonner à cette activité. Son grand frère qui l'accompagne martèle en affirmant qu'«il n'y a pas de sot métier, sinon que la pauvreté est dans les esprits». Malik et son frère affrontent la vie avec courage en refusant toute forme de fatalité en dépit des conditions dramatiques dans lesquelles «survivent» leurs parents. «Ce travail est très éreintant mais en écoulant au moins 20 pains par jour à raison de 25 DA l'unité, cela me fait 200 DA de bénéfice» ajoutant que «durant les grandes chaleurs, mon frère et moi arrivons à écouler 30 pains chacun». Arborant un air de fierté, il affirme «qu'en fin de journée, ils remettent 600 à 700 DA à leurs parents». Samira n'a que 13 ans et, pourtant, elle doit quotidiennement avaler des kilomètres à pied sur un sable, parfois brûlant, pour écouler ses pains de «tadjine» et ses œufs bouillis. Par décence ou par honte, elle à des réticences à révéler les raisons qui l'ont poussée à déserter l'école pour s'adonner à ce commerce. Après insistance, elle affirme appartenir à une famille pauvre dont le père a disparu sans laisser de traces. «Depuis le jour où il est parti, ma mère handicapée, mes deux sœurs cadette et frère étions sans ressources et par voie de conséquence, étions dans l'obligation d'assurer notre subsistance en vendant du pain ou des M'hadjeb», dira-t-elle du bout des lèvres. Même pauvre, la honte s'affiche sur son visage. Le petit visage bronzé n'a pas empêché la rougeur de l'envahir. En évoquant les conditions lamentables que vit sa famille ainsi que les nombreuses autres familles dont les enfants versent dans les mêmes pratiques, ses yeux scintillent. D'un geste brusque, elle nous tourne le dos et se fond dans la foule.
Un commerce
en cache un autre
Galettes, M'hadjeb, beignets au sucre, cigarettes, café ou thé chaud, biscuits ou autres produits sont proposés aux estivants par ces nuées d'enfants de tous âges. La jeune Yasmine âgée de 16 ans préfère vendre du pain sur le bord de la route sous le regard rassurant de son jeune frère Aimed. «Mon père était agriculteur dans une des bourgades dans la périphérie de Khemis-Miliana et après avoir quitté les lieux de notre ancienne résidence pour échapper à la menace terroriste, nous avons déambulé jusqu'au moment où mon père a décidé de construire une habitation illicite aux environs de Koléa», dit Yasmine en essayant de retenir des larmes. Durant le court échange de propos, elle déclare que d'innombrables autres filles qui exerçaient le même métier ont fini par succomber à la tentation de l'argent facile en se prostituant. A demi-mot, elle souligne, à sa façon, l'aspect avilissant de cette pratique. C'est le cas de Amel, une jeune fille de 21 ans qui «s'offre aux plus offrants aux alentours de la plage Colonel Abbas». «La nuit, nous exerçons dans les nombreux cabarets», lance une des prostituées, rencontrée un peu plus loin.
Les vendeuses à la sauvette
Cette dernière, poussant l'indécence, avoue «réaliser un pécule supérieur à celui perçu par un cadre». De Sidi-Fredj à Douaouda, le nombre de vendeurs de cigarettes est hallucinant. Ils sont présents sur les routes, à l'intérieur des complexes touristiques, dans les parkings, à proximité des restaurants et hôtels mais également sur les plages. Contrairement aux plus chanceux possédant des cabines, d'autres trimballent des espèces d'étals suspendus à leur cou par des courroies. Le même moyen qui est utilisé par les vendeurs de beignets sur le bord des plages. Du café et du thé sont proposés par de jeunes adolescents, mais également par des Sahraouis tenant en laisse leurs chameaux. Une curiosité qui ne manque pas d'attirer les enfants et une aubaine pour les Sahraouis qui ne manqueront pas d'en tirer profit : 50 DA le tour sur le dos du capelin sont proposés aux bambins tandis que leurs parents se délectent à l'ombre d'un parasol. Parmi tous ces commerçants ambulants figure celui qui propose une panoplie de colliers et de bracelets confectionnés avec des coquillages divers et autres types de coraux. «Cette année n'est pas fluctuante, car il y a de moins en moins de touristes étrangers», souligne un des vendeurs. «Je parcours au moins 10 km le long de la plage pour ne vendre que quatre ou cinq colliers à 100 et 200 DA l'unité» révèle-t-il non sans dépit. D'autres adolescents exercent un autre métier. Celui du ramassage de plastique. Généralement, ces derniers ratissent les plages par groupe de trois à quatre tout en se relayant aux commandes des charrettes de fortune entourées de filets. Ces jeunes dont l'âge oscille entre 13 et 17 ans sillonnent les plages en se gardant d'investir les plages privées où l'accès leur est interdit. En fin de journée, ils revendent leurs cargaisons de bidons destinés à être recyclés, pour la modique somme de 25 DA le kg. Une autre tranche de jeunes adolescents a choisi de pêcher les clovisses.
La chasse au trésor
Des crustacés qu'ils revendent à 50 DA les 250 grammes. Très tôt, ils envahissent les bords des plages armés de leurs «clovissières» (une sorte de salape métallique dotée d'un manche avec lequel ils ratissent les fonds sablonneux) avec à leurs extrémités des filets qui emprisonnent les petit moules. «Parfois, nous recueillons des bijoux ou autres fantaisies», avoue un jeune. D'autres optent, tout bonnement, pour le dragage du fond des plages à la recherche d'objets précieux. A l'aide de masques et de palmes, ils passent des heures «la tête sous l'eau». Contrairement à ces derniers, d'autres ratissent le sable à la recherche de pièces de monnaie ou autres bijoux perdus durant la journée. En définitive, les plages de l'Ouest comme ceux de l'Est continuent, durant la saison estivale, de constituer la source de subsistance à une frange de la société dont une grande partie est constituée de jeunes adolescents qui nourrissent l'espoir légitime «d'échapper à la misère qui les marginalise». Il va sans dire que cette situation forge le caractère d'une minorité d'adolescents composant cette frange de commerçants saisonniers. Le jeune Samir, 16 ans, confirme cette règle en affichant «sa détermination à poursuivre ses études vaille que vaille».
Dans certaines plages, les estivants pataugent inconsciemment dans des eaux aux couleurs boueuses exhalant des odeurs nauséabondes. Une triste réalité qui a concouru à la désertion de nos plages de la part des émigrés qui, cette année, se bousculent aux frontières tunisiennes. Sur un grand nombre de plages, le sable n'est plus ce qu'il était jadis. Au petit matin ou en fin de journée, la bande sablonneuse offre un aspect de dépotoirs géants, conséquence du manque de civisme des citoyens, mais également du manque d'entretien de la part des services concernés. En outre, et bien que les plages n'aient pas fait l'objet de concession, il n'en demeure pas moins que des plagistes clandestins sont nombreux à accaparer des pans de plages à des fins d'exploitation. En dépit du caractère illégal de leur activité et à la faveur de la permissivité des autorités, ils offrent, toutefois ‘'des prestations salutaires aux familles en quête de quiétude et de sécurité dans un environnement saint". Il demeure que le manque flagrant d'hygiène en certains lieux est révoltant. Comme chaque année, des flopées de petits commerçants ambulants dont les produits de toutes sortes sont très prisés par les estivants de tous âges sillonnent les plages. Inlassablement, ils parcourent des distances ahurissantes pour écouler leurs produits.
En parcourant la côte Ouest à partir de Bab-El-Oued, le constat que nous dressons est, tout simplement dramatique. «On a l'impression que les pouvoirs publics sont démissionnaires», déplorent, la plupart des personnes abordées en divers points. S'il est vrai que l'omniprésence des services de sécurité rassure un tantinet les citoyens, ces derniers ne manquent pas de pointer du doigt la menace que génère l'insalubrité de l'eau de mer de même que celle des plages. ‘'Nous nous baignons dans une mer altérée par les eaux usées déversées'', affirment des estivants de même que des pêcheurs qui estiment que «cette situation, plus que polluante, a contribué, pour une grande partie, à la disparition de la faune marine». Un citoyen, féru de chasse sous-marine, dont il tire sa pitance est scandalisé par le degré de pollution des fonds marins. «Le poisson se fait de plus en plus rare», tempête-t-il. Il ajoutera «qu'à la place du poisson ce sont des tonnes de détritus déposées au fond que nous découvrons lors de nos plongées».
Des plages dépotoirs
Même en surface, des sachets, des bouteilles en plastique ainsi que des détritus de toutes sorte flottent allègrement sans que cela n'émeuve les pouvoirs publics. Au petit matin, lorsque la mer est calme, le fond sablonneux est parsemé de déchets. Le ressac des vagues laisse apparaître une mousse loin d'être blanche. «Je suis obligé d'emmener les membres de ma famille dans des plages locales car je n'ai pas la possibilité de les emmener en Tunisie ou ailleurs où les plages sont plus accueillantes et plus sûres», affirme un père de famille qui finit par avouer «qu'en fin de journée, des bains aseptisants au savon de même que l'administration de lavages oculaires à l'aide de médicaments adéquats sont obligatoires pour tout le monde ». Les pères de familles démunis se contentent, quand à eux, de bains oculaires à l'aide de concoctions faites à base de sel et d'eau préalablement bouillie. En fin de journée, la plupart des plages offrent l'image de dépotoirs, conséquence du manque de civisme de citoyens contraints, par manque de poubelles «d'enfouir les emballages, sachets et autres épluchures dans le sable». Des dépôts que le vent finit par mettre au grand jour. Dans certaines plages de la côte, les quelques arbres jouxtant les plages sont les survivants et les témoins de forêts, envahies par la grisaille du béton. C'est le cas de le dire sur les plages de Zéralda, Germaine, l'Abattoir et ceux dans le prolongement jusqu'à Douaouda. Les quelques arbres existant font office de toilettes publiques. En effet, les estivants, dans ce cas de figure, n'ont d'autre solution que de se soulager à l'abri de ces buissons. Ce qui, par conséquent, constitue une corvée astreignante pour les chefs de famille. Tous les mots et expressions ne suffiront pas pour décrire l'insalubrité et le manque d'hygiène qui caractérisent les plages de la côte ouest à l'exception des plages situées en zones interdites où celles mitoyennes à un ensemble de villas et hôtels à l'instar d'Azur Plage ou Palm Beach. La disponibilité des commodités en ces lieux est un facteur concourrant à la grande affluence. Les kiosques diffusant des tubes raï à de très forts décibels génèrent une cacophonie, loin de refléter une atmosphère de détente et de loisir. Tout compte fait, ces moments de détente sont acquis contre monnaie sonnante et trébuchante.
Des moments de détente
à 2.500 DA
«Pour passer une bonne journée à Azur Plage, il faut dépenser la bagatelle de 600 DA par personnes ce qui revient à dire que pour moi et les cinq membres de ma famille, il me faut dépenser pas moins de 2.500 DA, transport y compris», révèle un chef de famille qui révèle néanmoins « qu'en payant tout est accessible». A l'approche du mois d'août, les plagistes activent sur les plages et bien que leurs activités soient en contradiction avec les propos des responsables du secteur arguant la gratuité, il demeure que les pans qu'ils occupent sont quotidiennement débarrassés des détritus au profit des baigneurs soumis, par ailleurs, au paiement des parasols et des tentes qu'ils mettent à leur disposition. Dans d'autres plages, ces tentes sont utilisées par certaines personnes en manque d'intimité, des couples à la recherche de discrétion. Pour 200 DA, le couple en question bénéficie, non seulement de la tente, mais également de la protection des prestataires. Même si cette année cette pratique est entourée de discrétion, elle est largement condamnée par les riverains.
Les métiers de la misère
Ils sont des centaines de jeunes adolescents et adolescentes, condamnés à survivre en s'adonnant à des activités clandestines sur les plages. Ils et elles sont également sur les grands axes routiers. Une façon comme une autre d'échapper à la misère sociale. Chaque cas évoque une histoire. La survie est, néanmoins, le dénominateur commun pour cette tranche de population. «Je préfère vendre du pain ou des galettes pour faire vivre mes frères plutôt que de voler», avoue le jeune Malik en guise de réponse à la question de connaître les raisons qui l'ont poussé à s'adonner à cette activité. Son grand frère qui l'accompagne martèle en affirmant qu'«il n'y a pas de sot métier, sinon que la pauvreté est dans les esprits». Malik et son frère affrontent la vie avec courage en refusant toute forme de fatalité en dépit des conditions dramatiques dans lesquelles «survivent» leurs parents. «Ce travail est très éreintant mais en écoulant au moins 20 pains par jour à raison de 25 DA l'unité, cela me fait 200 DA de bénéfice» ajoutant que «durant les grandes chaleurs, mon frère et moi arrivons à écouler 30 pains chacun». Arborant un air de fierté, il affirme «qu'en fin de journée, ils remettent 600 à 700 DA à leurs parents». Samira n'a que 13 ans et, pourtant, elle doit quotidiennement avaler des kilomètres à pied sur un sable, parfois brûlant, pour écouler ses pains de «tadjine» et ses œufs bouillis. Par décence ou par honte, elle à des réticences à révéler les raisons qui l'ont poussée à déserter l'école pour s'adonner à ce commerce. Après insistance, elle affirme appartenir à une famille pauvre dont le père a disparu sans laisser de traces. «Depuis le jour où il est parti, ma mère handicapée, mes deux sœurs cadette et frère étions sans ressources et par voie de conséquence, étions dans l'obligation d'assurer notre subsistance en vendant du pain ou des M'hadjeb», dira-t-elle du bout des lèvres. Même pauvre, la honte s'affiche sur son visage. Le petit visage bronzé n'a pas empêché la rougeur de l'envahir. En évoquant les conditions lamentables que vit sa famille ainsi que les nombreuses autres familles dont les enfants versent dans les mêmes pratiques, ses yeux scintillent. D'un geste brusque, elle nous tourne le dos et se fond dans la foule.
Un commerce
en cache un autre
Galettes, M'hadjeb, beignets au sucre, cigarettes, café ou thé chaud, biscuits ou autres produits sont proposés aux estivants par ces nuées d'enfants de tous âges. La jeune Yasmine âgée de 16 ans préfère vendre du pain sur le bord de la route sous le regard rassurant de son jeune frère Aimed. «Mon père était agriculteur dans une des bourgades dans la périphérie de Khemis-Miliana et après avoir quitté les lieux de notre ancienne résidence pour échapper à la menace terroriste, nous avons déambulé jusqu'au moment où mon père a décidé de construire une habitation illicite aux environs de Koléa», dit Yasmine en essayant de retenir des larmes. Durant le court échange de propos, elle déclare que d'innombrables autres filles qui exerçaient le même métier ont fini par succomber à la tentation de l'argent facile en se prostituant. A demi-mot, elle souligne, à sa façon, l'aspect avilissant de cette pratique. C'est le cas de Amel, une jeune fille de 21 ans qui «s'offre aux plus offrants aux alentours de la plage Colonel Abbas». «La nuit, nous exerçons dans les nombreux cabarets», lance une des prostituées, rencontrée un peu plus loin.
Les vendeuses à la sauvette
Cette dernière, poussant l'indécence, avoue «réaliser un pécule supérieur à celui perçu par un cadre». De Sidi-Fredj à Douaouda, le nombre de vendeurs de cigarettes est hallucinant. Ils sont présents sur les routes, à l'intérieur des complexes touristiques, dans les parkings, à proximité des restaurants et hôtels mais également sur les plages. Contrairement aux plus chanceux possédant des cabines, d'autres trimballent des espèces d'étals suspendus à leur cou par des courroies. Le même moyen qui est utilisé par les vendeurs de beignets sur le bord des plages. Du café et du thé sont proposés par de jeunes adolescents, mais également par des Sahraouis tenant en laisse leurs chameaux. Une curiosité qui ne manque pas d'attirer les enfants et une aubaine pour les Sahraouis qui ne manqueront pas d'en tirer profit : 50 DA le tour sur le dos du capelin sont proposés aux bambins tandis que leurs parents se délectent à l'ombre d'un parasol. Parmi tous ces commerçants ambulants figure celui qui propose une panoplie de colliers et de bracelets confectionnés avec des coquillages divers et autres types de coraux. «Cette année n'est pas fluctuante, car il y a de moins en moins de touristes étrangers», souligne un des vendeurs. «Je parcours au moins 10 km le long de la plage pour ne vendre que quatre ou cinq colliers à 100 et 200 DA l'unité» révèle-t-il non sans dépit. D'autres adolescents exercent un autre métier. Celui du ramassage de plastique. Généralement, ces derniers ratissent les plages par groupe de trois à quatre tout en se relayant aux commandes des charrettes de fortune entourées de filets. Ces jeunes dont l'âge oscille entre 13 et 17 ans sillonnent les plages en se gardant d'investir les plages privées où l'accès leur est interdit. En fin de journée, ils revendent leurs cargaisons de bidons destinés à être recyclés, pour la modique somme de 25 DA le kg. Une autre tranche de jeunes adolescents a choisi de pêcher les clovisses.
La chasse au trésor
Des crustacés qu'ils revendent à 50 DA les 250 grammes. Très tôt, ils envahissent les bords des plages armés de leurs «clovissières» (une sorte de salape métallique dotée d'un manche avec lequel ils ratissent les fonds sablonneux) avec à leurs extrémités des filets qui emprisonnent les petit moules. «Parfois, nous recueillons des bijoux ou autres fantaisies», avoue un jeune. D'autres optent, tout bonnement, pour le dragage du fond des plages à la recherche d'objets précieux. A l'aide de masques et de palmes, ils passent des heures «la tête sous l'eau». Contrairement à ces derniers, d'autres ratissent le sable à la recherche de pièces de monnaie ou autres bijoux perdus durant la journée. En définitive, les plages de l'Ouest comme ceux de l'Est continuent, durant la saison estivale, de constituer la source de subsistance à une frange de la société dont une grande partie est constituée de jeunes adolescents qui nourrissent l'espoir légitime «d'échapper à la misère qui les marginalise». Il va sans dire que cette situation forge le caractère d'une minorité d'adolescents composant cette frange de commerçants saisonniers. Le jeune Samir, 16 ans, confirme cette règle en affichant «sa détermination à poursuivre ses études vaille que vaille».


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