Cela fera vingt-sept ans, ce vendredi, qu'est décédé celui qui est venu, dès le début des années cinquante, avec sa voix rocailleuse et le verbe acerbe puisant sa verve du vécu de tous les jours, révolutionner la chanson chaâbie. Cela fera vingt-sept ans, ce vendredi, qu'est décédé celui qui est venu, dès le début des années cinquante, avec sa voix rocailleuse et le verbe acerbe puisant sa verve du vécu de tous les jours, révolutionner la chanson chaâbie. C'est le 31 août 1980 que sur ce tronçon de la RN11 reliant Aïn-Benian à Alger, alors qu'il rentrait d'une soirée qu'il avait passée à La Madrague (aujourd'hui El-Djamila), que Dahmane El-Harrachi rencontra la faucheuse. Reprise en boucle par l'ensemble des titres et des médias de l'époque, la nouvelle du tragique accident qui est venu mettre fin à la carrière du virtuose de la chanson chaâbie, dont le nom restera gravé dans la mémoire de tout un chacun, est tombée tel un couperet dans le milieu de l'art, celui de la chanson en particulier, et parmi les millions de fans que comptait l'artiste en Algérie et à l'étranger, particulièrement en France. La France, ce pays dans la capitale duquel il a lui-même élu domicile à partir de 1949 après une escale à Lille d'abord, et Marseille ensuite. Deux villes françaises, comble du paradoxe, la première située au Nord alors que la deuxième se trouve au Sud. Paris, cette ville, que celui dont le parcours artistique traduit le vécu en usant d'un parler simple, compréhensible par l'ensemble, il ne la quittera, pratiquement, plus jamais. Cette ville dont les cafés embués par les vapeurs de la nostalgie de laquelle Dahmane, avec son allure de jeune premier et sa voix de bluesman des faubourgs puisait ses textes jusqu'à ravir ses compatriotes en leur chantant les maux de l'exil. Se produisant régulièrement, Dahmane El-Harrachi ne cessera plus jamais, alors, de bouleverser et de remuer les consciences avec ses compositions empruntées au vécu de la société. Adoptant la langue de l'exil et usant d'une voix "rocailleuse" apparentée à la "redjla", El-Harrachi a révolutionné le chaâbi en le chantant différemment de celui d'El-Anka ou de Hadj M'rizek, deux maîtres en la matière très en vogue à cette époque. Dans un style unique qui est le sien, Dahmane n'hésitera pas avec «Kifech nensa Bilad il Kheir» à chanter l'amour de la patrie en période de guerre d'Algérie à partir du sol même de France, pays colonisateur. Aidé par le verbe utilisé dans ses textes, la voix d'un genre unique apparenté à la «rodjla» et la maîtrise de l'instrument, Dahmane finira par s'imposer avec ses propres compositions puisées du vécu de la société et hantées par la silhouette d'Alger la Blanche à qui il dédiera pour lui témoigner son nationalisme et son amour «Bahdja beïda ma thoul et Ouadjbini ya el assima», en plus de «Kifech nensa Bilad il Kheir». Dahmane n'oubliera pas dans ses qacidates de rendre hommage à la femme algérienne et sa grâce avec «Ya Lhedjla, Dhek ezzine aâla s'lemtou ou Dhek el meqnine ezzine». L'effroi suscité par la solitude du déracinement et de l'exil fera la constituante des thèmes prédominants du répertoire de l'auteur chanteur et compositeur avec «Men sabni nkoun ana we hbabi, Ya rayeh». Bien sûr, le vaste répertoire de l'artiste comporte autant d'autres chansons inspirées d'un quotidien où les maux de la société sont expressément dévoilés, dénudés tel «Ma yenfaâ ghir sah, Ma tkhalet men wala, Enta houa sbaibi, Lekh'bar eyddjibouh ettouala, Elli yez'raâ errih yahsad ghir gh'barou ou Ghir elli ey'heb slahou». Le chaâbi de Dahmane El-Harrachi est, disent les maîtres en la matière, à l'image du grand barde Kaddour El Alami, poète devenu maître du verbe et de la rhétorique dans le milieu des houkama du nadhm par sa qacida «Ach dhel âr âlikoum ya r'djal Meknes». Qasida devenue légendaire tout en rendant celui qui l'a écrite célèbre. Né le 7 juillet 1925 à Fontaine-fraîche, un quartier situé à El-Biar sur les hauteurs d'Alger, Dahmane est issu d'une famille modeste dont le père est originaire de Ouled-Djellal (Biskra). Dès son jeune âge, Abderrahmane El Amrani (prénom et nom de Dahmane El Harrachi) est orienté par son père Chikh El Amrani, muezzin à Djamaâ El Kebir d'Alger, vers l'école coranique. A six ans, il est scolarisé jusqu'à l'obtention du certificat d'études primaires. Après Fontaine-fraîche, la famille Amrani déménage pour s'installer à El-Harrach, ce quartier populaire de la banlieue est d'Alger ou Abderrahmane passe la majeure partie de son enfance et qui lui valut le surnom d'El Harrachi. Pseudonyme qui va devenir son nom d'artiste durant toute sa carrière. Avant 1948, année où Dahmane, nourri à l'école de Hadj Menouer, Larbi Annabi, Cheikh Bourahla et Khelifa Belkacem, commence à faire partie des orchestres de cheikh Mohamed Benhammadi, dit cheikh Marocain et Hadj Menouar avant de s'exiler en France pour embrasser la carrière musicale d'une manière définitive. Celui ci exerça plusieurs métiers, dont celui de cordonnier et pendant sept ans receveur de tramway sur la ligne EI-Harrach-Bab El Oued. C'est au cours de cette période, d'ailleurs, qu'il a entamé quelques débuts musicaux prometteurs en intégrant une troupe d'amateurs et en donnant des concerts un peu partout en Algérie. En 1949, donc, l'auteur, chanteur et compositeur de «Ya Errayah» intègre la grande famille des artistes de l'immigration en rejoignant ces milliers d'Algériens émigrés pour qui il se produisait dans les cafés pour y chanter l'exil et les souffrances, avec des mots simples accompagnés d'une mélodie qui sied au goût des mélomanes lesquels venaient l'écouter et qui faisaient partie de la composante d'une diaspora qui n'avait que les cafés où s'exprimer. Il y chantera d'ailleurs l'indigence des siens. La majorité des chansons que comporte le répertoire du chanteur à la voix rocailleuse évoque la nostalgie des émigrés, les souffrances de l'exil, l'amour de la terre natale et une vive passion pour Alger la Blanche. De Dahmane, il nous reste un vaste répertoire significatif et un documentaire intitulé «Saha Dahmane». Production de Salim Benelkadi, qui retrace les pérégrinations d'un émigré (Dahmane El Harrachi) venu passer des vacances au bled pour y retrouver ses amis (entre autres El Badji, El- Hassani et Chikh Noreddine un de ceux qui furent ses compagnons d'exil) et les siens. La jeune génération qui ne l'a découvert que récemment se souviendra toujours du nom de celui qui a chanté «Mazelna h'na hayine we n'touma koultou matou», en lui rendant hommage en reprenant nombre de ses titres particulièrement «Ya Rayah» ce texte à travers lequel Dahmane résume le cours de sa destinée. Une destinée dont les circonvolutions se sont arrêtées ce 31 août de l'année 1980. C'est le 31 août 1980 que sur ce tronçon de la RN11 reliant Aïn-Benian à Alger, alors qu'il rentrait d'une soirée qu'il avait passée à La Madrague (aujourd'hui El-Djamila), que Dahmane El-Harrachi rencontra la faucheuse. Reprise en boucle par l'ensemble des titres et des médias de l'époque, la nouvelle du tragique accident qui est venu mettre fin à la carrière du virtuose de la chanson chaâbie, dont le nom restera gravé dans la mémoire de tout un chacun, est tombée tel un couperet dans le milieu de l'art, celui de la chanson en particulier, et parmi les millions de fans que comptait l'artiste en Algérie et à l'étranger, particulièrement en France. La France, ce pays dans la capitale duquel il a lui-même élu domicile à partir de 1949 après une escale à Lille d'abord, et Marseille ensuite. Deux villes françaises, comble du paradoxe, la première située au Nord alors que la deuxième se trouve au Sud. Paris, cette ville, que celui dont le parcours artistique traduit le vécu en usant d'un parler simple, compréhensible par l'ensemble, il ne la quittera, pratiquement, plus jamais. Cette ville dont les cafés embués par les vapeurs de la nostalgie de laquelle Dahmane, avec son allure de jeune premier et sa voix de bluesman des faubourgs puisait ses textes jusqu'à ravir ses compatriotes en leur chantant les maux de l'exil. Se produisant régulièrement, Dahmane El-Harrachi ne cessera plus jamais, alors, de bouleverser et de remuer les consciences avec ses compositions empruntées au vécu de la société. Adoptant la langue de l'exil et usant d'une voix "rocailleuse" apparentée à la "redjla", El-Harrachi a révolutionné le chaâbi en le chantant différemment de celui d'El-Anka ou de Hadj M'rizek, deux maîtres en la matière très en vogue à cette époque. Dans un style unique qui est le sien, Dahmane n'hésitera pas avec «Kifech nensa Bilad il Kheir» à chanter l'amour de la patrie en période de guerre d'Algérie à partir du sol même de France, pays colonisateur. Aidé par le verbe utilisé dans ses textes, la voix d'un genre unique apparenté à la «rodjla» et la maîtrise de l'instrument, Dahmane finira par s'imposer avec ses propres compositions puisées du vécu de la société et hantées par la silhouette d'Alger la Blanche à qui il dédiera pour lui témoigner son nationalisme et son amour «Bahdja beïda ma thoul et Ouadjbini ya el assima», en plus de «Kifech nensa Bilad il Kheir». Dahmane n'oubliera pas dans ses qacidates de rendre hommage à la femme algérienne et sa grâce avec «Ya Lhedjla, Dhek ezzine aâla s'lemtou ou Dhek el meqnine ezzine». L'effroi suscité par la solitude du déracinement et de l'exil fera la constituante des thèmes prédominants du répertoire de l'auteur chanteur et compositeur avec «Men sabni nkoun ana we hbabi, Ya rayeh». Bien sûr, le vaste répertoire de l'artiste comporte autant d'autres chansons inspirées d'un quotidien où les maux de la société sont expressément dévoilés, dénudés tel «Ma yenfaâ ghir sah, Ma tkhalet men wala, Enta houa sbaibi, Lekh'bar eyddjibouh ettouala, Elli yez'raâ errih yahsad ghir gh'barou ou Ghir elli ey'heb slahou». Le chaâbi de Dahmane El-Harrachi est, disent les maîtres en la matière, à l'image du grand barde Kaddour El Alami, poète devenu maître du verbe et de la rhétorique dans le milieu des houkama du nadhm par sa qacida «Ach dhel âr âlikoum ya r'djal Meknes». Qasida devenue légendaire tout en rendant celui qui l'a écrite célèbre. Né le 7 juillet 1925 à Fontaine-fraîche, un quartier situé à El-Biar sur les hauteurs d'Alger, Dahmane est issu d'une famille modeste dont le père est originaire de Ouled-Djellal (Biskra). Dès son jeune âge, Abderrahmane El Amrani (prénom et nom de Dahmane El Harrachi) est orienté par son père Chikh El Amrani, muezzin à Djamaâ El Kebir d'Alger, vers l'école coranique. A six ans, il est scolarisé jusqu'à l'obtention du certificat d'études primaires. Après Fontaine-fraîche, la famille Amrani déménage pour s'installer à El-Harrach, ce quartier populaire de la banlieue est d'Alger ou Abderrahmane passe la majeure partie de son enfance et qui lui valut le surnom d'El Harrachi. Pseudonyme qui va devenir son nom d'artiste durant toute sa carrière. Avant 1948, année où Dahmane, nourri à l'école de Hadj Menouer, Larbi Annabi, Cheikh Bourahla et Khelifa Belkacem, commence à faire partie des orchestres de cheikh Mohamed Benhammadi, dit cheikh Marocain et Hadj Menouar avant de s'exiler en France pour embrasser la carrière musicale d'une manière définitive. Celui ci exerça plusieurs métiers, dont celui de cordonnier et pendant sept ans receveur de tramway sur la ligne EI-Harrach-Bab El Oued. C'est au cours de cette période, d'ailleurs, qu'il a entamé quelques débuts musicaux prometteurs en intégrant une troupe d'amateurs et en donnant des concerts un peu partout en Algérie. En 1949, donc, l'auteur, chanteur et compositeur de «Ya Errayah» intègre la grande famille des artistes de l'immigration en rejoignant ces milliers d'Algériens émigrés pour qui il se produisait dans les cafés pour y chanter l'exil et les souffrances, avec des mots simples accompagnés d'une mélodie qui sied au goût des mélomanes lesquels venaient l'écouter et qui faisaient partie de la composante d'une diaspora qui n'avait que les cafés où s'exprimer. Il y chantera d'ailleurs l'indigence des siens. La majorité des chansons que comporte le répertoire du chanteur à la voix rocailleuse évoque la nostalgie des émigrés, les souffrances de l'exil, l'amour de la terre natale et une vive passion pour Alger la Blanche. De Dahmane, il nous reste un vaste répertoire significatif et un documentaire intitulé «Saha Dahmane». Production de Salim Benelkadi, qui retrace les pérégrinations d'un émigré (Dahmane El Harrachi) venu passer des vacances au bled pour y retrouver ses amis (entre autres El Badji, El- Hassani et Chikh Noreddine un de ceux qui furent ses compagnons d'exil) et les siens. La jeune génération qui ne l'a découvert que récemment se souviendra toujours du nom de celui qui a chanté «Mazelna h'na hayine we n'touma koultou matou», en lui rendant hommage en reprenant nombre de ses titres particulièrement «Ya Rayah» ce texte à travers lequel Dahmane résume le cours de sa destinée. Une destinée dont les circonvolutions se sont arrêtées ce 31 août de l'année 1980.