Regarder sa fille de cinq ans jouer ne suscite aucune fierté maternelle chez Katrina Wilson, juste une grande culpabilité car elle ne peut éviter de voir les ravages causés par sa consommation d'alcool pendant qu'elle était enceinte. La vie n'est pas facile à De Aar, petite ville sud-africaine et Katrina doit en outre assumer le fait d'avoir condamné son bébé à des dommages cérébraux irréversibles. Des centaines d'enfants comme cette fillette souffrent du Syndrome d'alcoolisation foetale (Saf) dans cette localité de quelque 30.000 habitants, dont 80% de pauvres. De Aar, dans la province rurale et aride du Northern Cape (ouest), détiennent le taux de Saf le plus élevé du monde. "J'ai reçu un choc lorsque les médecins m'ont dit que j'étais responsable du mal de mon enfant", se souvient Katrina Wilson. L'ancienne pratique du "dop", selon laquelle les ouvriers agricoles étaient payés en alcool plutôt qu'en argent, a favorisé l'alcoolisme, très répandu en outre parmi les mineurs qui vivent en célibataires dans de sordides baraquements. Valerie Farland, ancienne alcoolique, juge le phénomène difficile à combattre : "De Aar compte plus de débits d'alcool que d'épiceries". "Les mères donnent de la bière à leurs petits quand ils ont faim. Les gens en viennent à ôter le pain de la bouche de leurs enfants pour dépenser leur argent à boire." Leana Olivier, directrice nationale de la Fondation de recherches sur les questions liées à l'alcool (Farr), qui mène des campagnes d'information dans le Northern Cape, précise que le QI des enfants atteints se situe entre 65 et 75, contre 100 en moyenne. Ils présentent de graves troubles du comportement, sont hyperactifs, maladifs et accusent un retard de croissance de l'ordre de 10%. Ils sont souvent très affectueux pour compenser leur rejet par la société, et de nombreuses filles tombent enceintes très jeunes, selon Mme Olivier. Katrina Wilson, qui dit avoir arrêté de boire il y a six mois, n'avait aucune idée des dangers de l'alcool et tente à présent de convaincre les autres de ne pas commettre la même erreur. Quelque 25.000 enfants Saf naissent chaque année en Afrique du Sud. Une femme enceinte n'a pas besoin d'être alcoolique ou de boire beaucoup pour que son enfant soit atteint et la Farr essaie de promouvoir l'abstinence. Mais pour l'animatrice Sylvia Swarts, c'est un dur combat: des enfants boivent dès l'âge de sept ans et des mères dépensent leurs maigres allocations familiales en alcool pour noyer leur détresse. "Pour des gens vivant dans de telles conditions, l'alcool est un relaxant", explique-t-elle. Et avec la bière artisanale vendue quelques centimes, le soulagement est à portée de main. "Je m'inquiète pour ma fille et j'essaie de mettre les autres en garde, mais elles ne m'écoutent pas", déplore Elsie Esel, 41 ans, dont l'enfant de six ans souffre du Saf. "Par ici, on voit des femmes enceintes qui boivent tout le temps. Regarder sa fille de cinq ans jouer ne suscite aucune fierté maternelle chez Katrina Wilson, juste une grande culpabilité car elle ne peut éviter de voir les ravages causés par sa consommation d'alcool pendant qu'elle était enceinte. La vie n'est pas facile à De Aar, petite ville sud-africaine et Katrina doit en outre assumer le fait d'avoir condamné son bébé à des dommages cérébraux irréversibles. Des centaines d'enfants comme cette fillette souffrent du Syndrome d'alcoolisation foetale (Saf) dans cette localité de quelque 30.000 habitants, dont 80% de pauvres. De Aar, dans la province rurale et aride du Northern Cape (ouest), détiennent le taux de Saf le plus élevé du monde. "J'ai reçu un choc lorsque les médecins m'ont dit que j'étais responsable du mal de mon enfant", se souvient Katrina Wilson. L'ancienne pratique du "dop", selon laquelle les ouvriers agricoles étaient payés en alcool plutôt qu'en argent, a favorisé l'alcoolisme, très répandu en outre parmi les mineurs qui vivent en célibataires dans de sordides baraquements. Valerie Farland, ancienne alcoolique, juge le phénomène difficile à combattre : "De Aar compte plus de débits d'alcool que d'épiceries". "Les mères donnent de la bière à leurs petits quand ils ont faim. Les gens en viennent à ôter le pain de la bouche de leurs enfants pour dépenser leur argent à boire." Leana Olivier, directrice nationale de la Fondation de recherches sur les questions liées à l'alcool (Farr), qui mène des campagnes d'information dans le Northern Cape, précise que le QI des enfants atteints se situe entre 65 et 75, contre 100 en moyenne. Ils présentent de graves troubles du comportement, sont hyperactifs, maladifs et accusent un retard de croissance de l'ordre de 10%. Ils sont souvent très affectueux pour compenser leur rejet par la société, et de nombreuses filles tombent enceintes très jeunes, selon Mme Olivier. Katrina Wilson, qui dit avoir arrêté de boire il y a six mois, n'avait aucune idée des dangers de l'alcool et tente à présent de convaincre les autres de ne pas commettre la même erreur. Quelque 25.000 enfants Saf naissent chaque année en Afrique du Sud. Une femme enceinte n'a pas besoin d'être alcoolique ou de boire beaucoup pour que son enfant soit atteint et la Farr essaie de promouvoir l'abstinence. Mais pour l'animatrice Sylvia Swarts, c'est un dur combat: des enfants boivent dès l'âge de sept ans et des mères dépensent leurs maigres allocations familiales en alcool pour noyer leur détresse. "Pour des gens vivant dans de telles conditions, l'alcool est un relaxant", explique-t-elle. Et avec la bière artisanale vendue quelques centimes, le soulagement est à portée de main. "Je m'inquiète pour ma fille et j'essaie de mettre les autres en garde, mais elles ne m'écoutent pas", déplore Elsie Esel, 41 ans, dont l'enfant de six ans souffre du Saf. "Par ici, on voit des femmes enceintes qui boivent tout le temps.