Pourquoi l'Afrique du Sud a-t-elle décidé d'avoir une commission de vérité et de réconciliation ? Pour répondre à cette question, laissez-moi vous renvoyer à cette glorieuse journée de mai 1994 à Pretoria, jour de naissance de la nouvelle Afrique du Sud. C'était une journée inoubliable, vous avez dû voir cela à la télé. Des images du fraîchement élu président Nelson Mandela sur les marches de l'Union Building, souriant généreusement aux centaines de milliers de Sud-Africains dans le jardin situé en bas, embrassant les dignitaires étrangers, les rois et les compagnons de lutte de libération, les anciens adversaires, ont été diffusées à travers le monde. Des millions de personnes, à travers les six continents, ont vu les avions de combat remorquer dans le ciel les nouvelles couleurs du drapeau sud-africain et ont entendu, certains pour la première fois, le nouvel hymne chanté en xhosa, en anglais et en afrikaans, et en différentes langues africaines « nkosi sikilele i 'afrika »(Dieu bénisse l'Afrique !). ‘'Nous célébrons trop tôt'', a fait remarquer le jour suivant un père catholique. Nous sommes passés, sans transition, d'un temps de lutte et de peine à un temps de jubilation et de célébration. C'est trop tôt, a-t-il dit. Nous avons besoin d'un temps intermédiaire pour la mémorisation et pour le deuil. Nous n'avions pas, a-t-il dit, suffisamment traité avec notre passé et c'était le moment de commencer à le faire. Fermer les livres, pardonner et oublier si simplement est impossible. « Nous devons faire face au passé, aimait à dire l'archevêque Desmond Tutu, parce que si vous ne faites pas face au passé, il pourrait revenir ». Comment avez-vous traité avec le passé ? Cette question avait un intérêt capital dans les esprits des délégués de Codesa, la défunte conférence pluri-acteurs qui, avant les élections de 1994, devait faire face à la détresse des milliers de victimes des années de l'apartheid, d'un côté et d'un autre aux besoins de beaucoup d'auteurs coupables de violations brutales des droits de l'homme par le passé. Une amnistie totale ne pouvait fonctionner. Cela aurait été comme ignorer totalement et déshonorer des victimes qui souffraient. A l'autre bout de la balance, un procès à la Nuremberg n'aurait pas été envisageable pour les coupables, particulièrement avec la réconciliation à l'ordre du jour. L'une des dernières décisions prises par la conférence pluri-acteurs était de nommer une commission Vérité et Réconciliation (CVR, ndlr) afin d'établir une image complète du passé durant l'apartheid, faciliter l'accès à l'amnistie aux coupables qui s'inscrivent dans la commission et connaître l'entourage des victimes, inviter celles-ci à relater leur propre version des violations dont ils ont fait l'objet et recommander les mesures de réparation. Comment opérait la commission ? Quels étaient ses instruments ? Pendant deux années et demie, le comité Violation des droits de l'homme de la commission a voyagé à travers le pays pour rassembler des déclarations et prendre des dispositions pour des auditions publiques dans beaucoup de villes et dans toutes les provinces de l'Afrique du Sud. La couverture médiatique était vaste. La presse a publié quotidiennement des rapports, et nuit après nuit les visages des nombreuses victimes sont apparus sur les écrans de télévision : les visages en pleurs des mères ayant perdu leurs enfants, les hommes et les femmes qui avaient aussi perdu leurs enfants ou le conjoint, les visages fiers des camarades qui avaient pris part à la lutte, des politiciens et des hommes d'affaires de haut rang qui arrivaient en Mercedes Benz, des fermiers blancs qui avaient perdu des êtres chers dans des attaques, des gens qui n'avaient fait que passer à la suite d'une explosion de bombe dans une rue pleine de monde. A la fin, après pas moins de 140 audiences publiques, les noms de 27 000 victimes de brutales violations des droits de l'homme ont été officiellement enregistrées. Les larmes coulaient librement, mais c'étaient les larmes de la guérison. Au même moment, le comité de l'amnistie travaillait durement : recevant les candidatures de plus de 7000 auteurs de crimes — des deux côtés — qui voulaient l'amnistie. Le processus d'amnistie a pris beaucoup de temps avant de s'achever, presque six ans, et faisait souvent l'objet de controverse. Un nombre de familles de victimes notoires, notamment les familles de Biko, Goniwe et celles de Mxgenge de l'Eastern Cape se sont fermement opposées au processus qui, selon elles, favorisait les coupables. A l'autre bout de la balance, des officiers supérieurs de l'armée refusaient de s'inscrire pour l'amnistie sous prétexte que c'était déshonorant et que ce n'était qu'une chasse aux sorcières. Finalement, le comité d'amnistie a fini sa tâche, et un grand nombre d'auteurs de violations ont bénéficié de l'amnistie. Un troisième comité, Réparation et Réhabilitation, était chargé d'estimer les dommages subis par les victimes ainsi que les communautés d'où elles sont issues, et rédiger les recommandations sur les réparations et réhabilitations, en prenant en considération les différents besoins exprimés par les vic-times ; cinq catégories de réparation ont été décidées : les réparations urgentes, dédommagement individuel, réparation de la communauté, réparation symbolique et réparation institutionnelle. La page de la haine est-elle tournée ? La commission a-t-elle accompli la guérison et la réconciliation ? Il est trop tôt pour faire une évaluation finale du travail de la CVR. Les historiens auront, sans doute, beaucoup à dire à ce propos ; il suffit pour moi de dire qu'un rapport complet a été publié en six volumes. « La vérité » —telle qu'établie par la commission — a été dite. Certains ont fait l'éloge du rapport, le considérant comme un pas important vers la construction de la nation et la réconciliation, mais il y avait aussi des détracteurs qui ont pensé que le rapport était unilatéral. La charge haute de la commission a inspiré beaucoup sur le moment : fournir un pont historique entre le passé d'une société profondément divisée, caractérisée par le conflit, la souffrance indicible et l'injustice, et un avenir fondé sur la reconnaissance des droits de l'homme, la démocratie et la coexistence pacifique pour tous, sans tenir compte de la couleur, la classe sociale, la conviction religieuse ou le sexe. La poursuite aussi de l'unité nationale, le bien-être de tous les citoyens, de la paix et la réconciliation de la société, la reconnaissance du besoin de compréhension mais pas de vengeance, le besoin de réparation mais pas de revanche, de Ubuntu mais pas de victimisation. La commission, la nation sud-africaine ont-elles atteint leur but ? Personnellement, je suis arrivé à la conclusion que dans le meilleur des cas, nous sommes tout juste au début des choses. Le trajet en est à peine à ses débuts. Publier un rapport est une chose, rompre avec des siècles d'incompréhension et de préjudice en est une autre. La réconciliation peut être atteinte et durant notre travail nous étions souvent étonnés par ce qui s'est mis en place, mais la réconciliation ne peut surtout pas être « organisée ». Une réconciliation micro-onde ne dure pas. Ce que j'ai réalisé et ce que j'aimerais partager avec vous, c'est qu'il semble qu'il y a un nombre de préalables pour que la réconciliation ait lieu. Et quels sont ces préalables ? De par l'expérience de la Commission, la réconciliation est possible à atteindre, mais il s'agit d'un processus qui n'est pas facile et qui est coûteux. Nous avons appris un nombre de préalables : 1/ la réconciliation a besoin d'une définition claire. Si nous voulons réussir sur la route de la réconciliation, nous avons besoin, premièrement de définir clairement la réconciliation et le but que nous nous efforçons à atteindre. De façon significative, une des difficultés importantes avec lesquelles la commission a dû rivaliser était d'obtenir cette définition. De très longues discussions ont été tenues pendant les réunions. il y avait les juristes et les politiciens qui, avec les pieds fermement sur terre, ont averti qu'on n'a pas besoin d'être trop idéaliste quand la réconciliation est à l'ordre du jour. Desmond Tutu et le clergé préféraient une définition plus élevée, souvent enveloppée dans la terminologie et la symbolique religieuse se rapportant à la Bible. De manière semblable, les porte-parole d'autres communautés de foi — musulmans, juifs, hindous, bouddhistes, religions traditionnelles africaines, etc. — ont été encouragés par Tutu quand ils ont rejoint la discussion, pour faire appel aux sources les plus profondes de leurs traditions religieuses et convictions afin de définir le vrai sens de la réconciliation. Malgré tout cela, la confusion n'a jamais été complètement dégagée. La discussion se poursuivait avec véhémence à l'extérieur des bureaux et beaucoup de chercheurs ont plaidé pour une définition claire de la réconciliation. Dans cette quête, nous avons besoin de la lumière de beaucoup de lampes. Les érudits dans les champs de philosophie et de linguistique peuvent aider à analyser l'histoire et le sens du concept de « réconciliation ». Les sociologues et les psychologues doivent définir le contexte aussi bien que le processus de réconciliation. Et les théologiens sont mis au défi de développer une « théologie de réconciliation » —Tutu l'a appelée « théologie d'Ubuntu » — où non seulement le concept est redéfini, mais le rôle que les croyants peuvent jouer dans le processus est adéquatement décrit. D'une façon intéressante, c'était exactement ce que la CVR a eu en vue pour les communautés de foi, quand elle a fait le brouillon de ses propositions finales. La commission a préconisé qu'une considération particulière pourrait être donnée au rôle des Blancs, bénéficiaires de l'apartheid, en ce qui concerne la reconstruction et la réconciliation, et de soutien aux Noirs et ceux qui ont subi les violations brutales des droits de l'homme, pour sortir de la position de victimes afin de récupérer leur humanité et l'articulation d'une fondation éthique globale qui corresponde aux convictions des différentes religions. 2/ Réconciliation et vérité vont de pair. au cœur de la réconciliation et de la restauration de la paix se trouve la quête de la vérité. Quand le ministre de la Justice de l'époque, Dullah Omar, a présenté la charte de la CVR au Parlement, il a exhorté tous les Sud-Africains « à participer à la recherche de la vérité sans laquelle il ne peut y avoir aucune véritable réconciliation ». Mais comment détermine-t-on « la vérité » ? Je me souviens d'une lumière éclatante surgie des discussions que nous avions sur le sujet. Après tant d'audiences et l'analyse de piles de dossiers, comment établir ce qui est vraiment arrivé et les motifs réels des personnes impliquées ? Nous avons pris courage dans les mots célèbres de Michael Ignatief qui disait que bien que nous ne soyons jamais en mesure de présenter une peinture parfaite pour établir la vérité finale, le moins est que nous devrions être en mesure de faire « réduire le nombre de mensonges qui avaient jusque-là libre cours dans la société ». Mais la quête de la vérité est plus qu'un recueil de faits et formulations de conclusions. Il y a un côté plus profond. La recherche de la vérité devait être manipulée avec grande précaution. Si cela ne devait pas être le cas, la nation pourrait être saignée à mort. Mais si la commission réussit, espérait-on, cela provoquera une catharsis nationale. C'est effectivement ce qui est arrivé. Quand certains auteurs de crimes, après beaucoup d'anxiété et embarras, se sont confessés au comité d'amnistie, c'était comme si un nuage avait été écarté. Les victimes avaient la même expérience. La vérité les libère aussi. Après un témoignage particulièrement difficile lors d'une audition à East London, quand une vieille mère, Xhosa, avait décrit les tortures terribles infligées à son fils de quatorze ans — une histoire qui avait suscité beaucoup de larmes parmi l'audience — elle a exprimé son soulagement d'avoir enfin l'opportunité de mettre la vérité, sa vérité sur la table : « Ah oui, monsieur, ça valait la peine de témoigner. Je crois que je m'endormirai tout de suite ce soir, pour la première fois depuis seize ans. Peut-être que ce soir je pourrais dormir sans cauchemars », a-t-elle répondu au président de l'audience. Mais ce n'étaient pas seulement les auteurs et les victimes qui ont eu besoin de la narration de la vérité, la nation en a eu besoin aussi. Ce processus n'est pas encore fini. Il doit continuer. Durant les années d'activité de la commission, 224 000 victimes se sont faits connaître avec leurs histoires ; 7048 auteurs ont fait de même et beaucoup d'entre eux ont connu la guérison. Mais en Afrique du Sud, aujourd'hui il y a toujours des millions de gens — les victimes aussi bien que les auteurs des violations — qui se battent avec la douleur, la frustration et la colère du passé. 3/ Réconciliation et justice sont les deux faces de la même pièce La réconciliation durable peut seulement prospérer dans une société où la justice est un fait. En Afrique du Sud, cela fait remonter un certain nombre de questions à la surface, pas seulement la question de réparation gouvernementale nécessaire aux victimes pour équilibrer l'octroi généreux de l'amnistie aux auteurs des abus, mais aussi les questions impliquant chaque Sud-Africain : le chômage, la pauvreté, l'éducation, la restitution, la redistribution de terrains, taxe de réparation, etc. Troisièmement, cela doit être clair pour les chefs que le message de réconciliation ne doit jamais être apporté aux dépens de l'action sociale, ni jamais utilisé comme une excuse servant à entretenir l'injustice. Enfin, prendre position pour la justice peut être difficile et même hasardeux. Mais c'est le prix à payer. On doit s'identifier à la victime pour être utile. Quand Beyers Naudé passait en jugement à Johannesburg, l'avocat de la défense l'a questionné sur sa compréhension du concept de réconciliation. Naudé a répondu : « Aucune réconciliation n'est possible sans justice, et celui qui travaille pour la réconciliation doit d'abord déterminer les causes de l'injustice dans les cœurs et les vies des personnes ou des groupes, qui se sentent affligés ». 4/ La réconciliation a besoin de confession aussi bien que de la volonté de pardonner. La réconciliation exige une confession profonde et honnête ainsi qu'une volonté de pardonner. La charte de la CVR n'a pas exigé des auteurs de faire une confession publique de leurs crimes, ni de demander publiquement pardon avant que l'amnistie ne soit accordée. Néanmoins, il doit être clairement déclaré que la réconciliation durable repose fermement sur la capacité des auteurs des violations, les individus aussi bien que les communautés, à reconnaître et à avouer honnêtement, profondément, leur culpabilité et demander humblement pardon. Et il dépend tout aussi de la grandeur d'âme et de la générosité des victimes de les aider. Le meilleur exemple de cela était Nelson Mandela qui, après avoir tellement subi du régime de l'apartheid, est revenu au bout de vingt-sept ans de captivité avec un but en tête : libérer tous les Sud-Africains, Blancs et Noirs pareillement : « C'était pendant ces années longues et solitaires que ma soif de la liberté pour mes propres gens est devenue une soif de la liberté pour tous les gens, Blancs et Noirs. Je savais que l'oppresseur doit être libéré aussi bien que l'opprimé. Un homme qui emporte la liberté d'un autre homme est un prisonnier de la haine, il est enfermé derrière les barreaux du préjugé et de la petitesse d'esprit », disait Mandela. Tutu explique, de son côté, que le pardon est une affaire risquée. Quand on s'embarque sur les affaires de demandes et d'octrois du pardon, on se rend vulnérable. Les deux parties peuvent être repoussées. Le processus peut « dérailler » à cause de l'incapacité des victimes à pardonner, ou de l'insensibilité ou l'arrogance des auteurs qui ne veulent pas être pardonnés. Tutu discute davantage du malentendu qui veut que la réconciliation implique de faire l'impasse sur les fautes et les injustices passées, et l'amnésie nationale. C'est complètement incorrect. Pardonner et se réconcilier ne veut pas dire simuler que les choses soient autres qu'elles ne sont.Une fausse réconciliation ne peut apporter qu'une fausse guérison. Le pardon veut dire, cependant, abandonner votre droit au châtiment de l'auteur, votre droit à lui rendre la monnaie de sa pièce. Une perte qui libère la victime, maintient Tutu. Si les individus demandent pardon et sont appelés à l'accorder, la même chose va pour les communautés. Et il va surtout pour les chefs de ces communautés. Là brillent des exemples de chefs qui l'ont compris et qui, humblement, se sont embarqués sur le chemin difficile de confesser les péchés du passé, en demandant pardon pour leurs propres fautes aussi bien celles de leur communauté. Willy Brandt, le chancelier d'Allemagne de l'Ouest, s'est agenouillé silencieusement, en 1970, au Mémorial de guerre de Varsovie, faisant acte de confession et de repentir pour les offenses allemandes contre la nation polonaise. Fortunés sont les pays où, aux temps critiques de l'histoire de la nation, les chefs ont émergé et osé aller contre vents et marées, demander pardon, ouvrant ainsi la porte à la réconciliation. Malheureusement, on ne trouve pas facilement de grands chefs de cet acabit. 5/ La réconciliation exige un engagement ferme. L'histoire nous enseigne que la réconciliation n'est pas faite pour les timides. Elle exige un fort engagement, une résilience et des nerfs d'acier. De notre temps et dans notre contexte, nous devons nous prémunir contre la tentation d'une « réconciliation bon marché », la réconciliation sans prix qui est un ennemi mortel. Nous devons retrouver sur une base quotidienne ce que « la réconciliation coûteuse » implique et oser vivre selon ce concept. En Afrique du Sud, Dieu était bon pour nous, pas seulement pour nous avoir accordé des chefs comme Nelson Mandela, Desmond Tutu et Beyers Naudé, mais des dizaines de milliers de femmes et d'hommes, quelques jeunes, certains vieux, qui étaient disposés à sauter sur l'occasion. Dans beaucoup de cas, ils ont dû payer le prix fort pour être des précurseurs de la paix. Les annales de la CVR contiennent les histoires de beaucoup d'entre eux, les citoyens ordinaires qui sont allés au-delà d'eux-mêmes, facilitant la réconciliation dans leurs communautés. L'Afrique du Sud a présenté le concept d'Ubuntu au monde, la conviction qu'aucune personne ne peut vivre sans l'autre. Desmond Tutu utilise une allégorie pour l'illustrer : « C'est l'histoire d'une ampoule qui brillait comme aucune autre ampoule n'avait brillé auparavant. Elle a capturé tous les feux de la rampe et a commencé à se pavaner avec orgueil, insensible à l'idée de savoir comment se fait-il qu'elle puisse briller aussi fort, en pensant que c'était son propre mérite. Alors un jour, quelqu'un a débranché l'ampoule et la placée sur la table. Malgré toutes ses tentatives, l'ampoule ne pouvait plus créer aucune lumière. Elle se trouvait là, inconsolable, sombre, froide et inutile. Oui, elle ne savait pas que sa lumière venait de la centrale et qu'elle était raccordée à la dynamo par de petits fils cachés ». En revoyant le travail de la commission, quel est votre commentaire final ? Avez-vous réussi ce que vous aviez entrepris ? L'Afrique est toujours un continent noir, un continent se battant avec les problèmes apparemment insurmontables. La faim, la sécheresse, la pauvreté, l'instabilité politique, la guerre, les violations des droits de l'homme et le sida continuent à ravager les Africains. Mais la lumière danse à l'horizon. Après avoir présidé beaucoup d'audiences, où les victimes sud-africaines et les auteurs ont soumis leurs histoires de cruauté et de souffrance, après avoir aidé à préparer un rapport sur un pays déchiré par le racisme et le préjugé — mais prenant aussi note du rôle que beaucoup ont joué pour apporter la paix, encourager la réconciliation — le président de la commission ne pouvait que s'en réjouir. Ses mots servent comme une exhortation pour nous tous. « Nous avons été blessés mais nous sommes guéris. C'est possible, en dépit de notre souffrance passée, l'anxiété, l'aliénation et la violence, de devenir un seul peuple réconcilié, guéri, une société plus humaine, compatissante et prête à partager en plaçant notre passé derrière nous pour marcher à grands pas vers le futur glorieux, que Dieu à créé avant nous, comme les gens de l'Arc-en-ciel de Dieu ».