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Un génie de la littérature arabe
Youssef Idris
Publié dans Le Midi Libre le 10 - 12 - 2007

Youssef Idris n'a cessé depuis les débuts de sa carrière d'écrivain d'explorer les démarches inédites et les thèmes inouïs qui s'offraient à lui. Le choix opéré dans ses livres est, souvent, destiné à donner au lecteur un aperçu aussi compréhensif que possible de la diversité de sa société.
Youssef Idris n'a cessé depuis les débuts de sa carrière d'écrivain d'explorer les démarches inédites et les thèmes inouïs qui s'offraient à lui. Le choix opéré dans ses livres est, souvent, destiné à donner au lecteur un aperçu aussi compréhensif que possible de la diversité de sa société.
C'est l'un des plus grands écrivains arabes. Comme Naguib Mahfûz, il s'est singularisé avec des écrits très bien élaborés. Né en 1927 dans un petit village du Delta égyptien, Youssef Idris est l'homme de tous les succès, de tous les excès et de tous les paradoxes. Médecin de formation, il a exercé pendant plusieurs années dans un hôpital populaire avant de se consacrer à l'écriture. Comme l'ont fait d'autres géants de la littérature à l'instar du célèbre Ernesto Sabato. Auteur de théâtre, "père de la nouvelle égyptienne", comme le surnomme certains critiques, Idris en a écrit plus d'une centaine, il tenait également le bloc-notes hebdomadaire du grand quotidien Al-Ahram où il ne mâche pas ses mots, ce qui lui vaut, de temps à autre, un procès retentissant. C'est une coutume dans les pays arabes qui tardent à se démocratiser. Le scientifique de l'Egypte est incontestablement un des principaux initiateurs en langue arabe de cette forme d'écriture qu'est la nouvelle. Youssef Idris n'a cessé depuis les débuts de sa carrière d'écrivain d'explorer les démarches inédites et les thèmes inouïs qui s'offraient à lui. Le choix opéré dans ses livres est, souvent, destiné à donner au lecteur un aperçu aussi compréhensif que possible de la diversité de sa société. Cependant, une voix unique et personnelle se laisse reconnaître. Volontairement limité dans le temps, ce choix s'étend sur une période de 20 ans, de 1953 à 1973, mais ne suit pas un ordre chronologique. Si on avait voulu s'en tenir à une stricte progression dans le temps, il eut fallu commencer par " Les nuits les moins chères", 1953, récit qui donna son titre au premier recueil publié par l'auteur, en 1954, et valut un succès immédiat à ce jeune médecin qui abandonna sa vocation originelle pour se consacrer à l'écriture et à une action à la fois politique et polémique. "Un seul époux, aveugle, pour une veuve et ses trois filles ; un inoffensif idiot de village qui inquiète ses concitoyens et finit mal ; la plus belle fille du domaine, injustement soupçonnée, qui, sans perdre sa virginité, perdra son innocence et sa joie de vivre", écrit l'écrivain arabe. Dans ses nouvelles écrites entre 1953 et 1973, il nous conte des histoires d'honneur, d'amour et de destin, tragiques ou cocasses, dans une société bancale entre tradition et modernité. En jetant sur les personnages du petit peuple égyptien qu'il dépeint sans cesse, le regard à la fois acéré et complice du médecin qu'il a été dans sa jeunesse. "L'amour, je crois bien que là-bas, ils doivent continuer à appeler ça la " honte ", qu'encore maintenant ils se sentent gênés si quelqu'un l'évoque ouvertement. Et qu'ils préfèrent n'en parler que par allusion. Mais on le devine à travers les regards hésitants et troubles, et sur les joues des jeunes filles rougissantes qui changent de couleur en baissant les paupières… La aziba (domaine agricole en arabe) comme toute aziba, n'est pas grande ; quelques dizaines de maisons tournant le dos à l'extérieur et ouvrant sur une cour, sorte de place où on célèbre les fêtes et où on accroche les veaux malades qui viennent d'être égorgés pour les vendre au détail ou en gros. Les événements sont rares et tout le monde les connaît. La Journée commence avant le lever du soleil et se termine après son coucher. Le lieu de prédilection est le seuil du grand portail, où passe une brise fraîche et où on aime dormir à l'heure de la sieste", précise l'auteur prolifique. Avec des mots simples, il sait décrire la profondeur des sentiments, les scènes les plus compliquées et les paysages les plus beaux. La traduction des livres de Youssef Idris dans plusieurs langues ne peut que témoigner de la grandeur d'une œuvre gigantesque. Le lecteur arabophone algérien a la chance de découvrir une partie de ces merveilles dans la langue de Imrou El Kais.
C'est l'un des plus grands écrivains arabes. Comme Naguib Mahfûz, il s'est singularisé avec des écrits très bien élaborés. Né en 1927 dans un petit village du Delta égyptien, Youssef Idris est l'homme de tous les succès, de tous les excès et de tous les paradoxes. Médecin de formation, il a exercé pendant plusieurs années dans un hôpital populaire avant de se consacrer à l'écriture. Comme l'ont fait d'autres géants de la littérature à l'instar du célèbre Ernesto Sabato. Auteur de théâtre, "père de la nouvelle égyptienne", comme le surnomme certains critiques, Idris en a écrit plus d'une centaine, il tenait également le bloc-notes hebdomadaire du grand quotidien Al-Ahram où il ne mâche pas ses mots, ce qui lui vaut, de temps à autre, un procès retentissant. C'est une coutume dans les pays arabes qui tardent à se démocratiser. Le scientifique de l'Egypte est incontestablement un des principaux initiateurs en langue arabe de cette forme d'écriture qu'est la nouvelle. Youssef Idris n'a cessé depuis les débuts de sa carrière d'écrivain d'explorer les démarches inédites et les thèmes inouïs qui s'offraient à lui. Le choix opéré dans ses livres est, souvent, destiné à donner au lecteur un aperçu aussi compréhensif que possible de la diversité de sa société. Cependant, une voix unique et personnelle se laisse reconnaître. Volontairement limité dans le temps, ce choix s'étend sur une période de 20 ans, de 1953 à 1973, mais ne suit pas un ordre chronologique. Si on avait voulu s'en tenir à une stricte progression dans le temps, il eut fallu commencer par " Les nuits les moins chères", 1953, récit qui donna son titre au premier recueil publié par l'auteur, en 1954, et valut un succès immédiat à ce jeune médecin qui abandonna sa vocation originelle pour se consacrer à l'écriture et à une action à la fois politique et polémique. "Un seul époux, aveugle, pour une veuve et ses trois filles ; un inoffensif idiot de village qui inquiète ses concitoyens et finit mal ; la plus belle fille du domaine, injustement soupçonnée, qui, sans perdre sa virginité, perdra son innocence et sa joie de vivre", écrit l'écrivain arabe. Dans ses nouvelles écrites entre 1953 et 1973, il nous conte des histoires d'honneur, d'amour et de destin, tragiques ou cocasses, dans une société bancale entre tradition et modernité. En jetant sur les personnages du petit peuple égyptien qu'il dépeint sans cesse, le regard à la fois acéré et complice du médecin qu'il a été dans sa jeunesse. "L'amour, je crois bien que là-bas, ils doivent continuer à appeler ça la " honte ", qu'encore maintenant ils se sentent gênés si quelqu'un l'évoque ouvertement. Et qu'ils préfèrent n'en parler que par allusion. Mais on le devine à travers les regards hésitants et troubles, et sur les joues des jeunes filles rougissantes qui changent de couleur en baissant les paupières… La aziba (domaine agricole en arabe) comme toute aziba, n'est pas grande ; quelques dizaines de maisons tournant le dos à l'extérieur et ouvrant sur une cour, sorte de place où on célèbre les fêtes et où on accroche les veaux malades qui viennent d'être égorgés pour les vendre au détail ou en gros. Les événements sont rares et tout le monde les connaît. La Journée commence avant le lever du soleil et se termine après son coucher. Le lieu de prédilection est le seuil du grand portail, où passe une brise fraîche et où on aime dormir à l'heure de la sieste", précise l'auteur prolifique. Avec des mots simples, il sait décrire la profondeur des sentiments, les scènes les plus compliquées et les paysages les plus beaux. La traduction des livres de Youssef Idris dans plusieurs langues ne peut que témoigner de la grandeur d'une œuvre gigantesque. Le lecteur arabophone algérien a la chance de découvrir une partie de ces merveilles dans la langue de Imrou El Kais.


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