Après avoir longtemps brillé au firmament de la presse algérienne (La République, Demain l'Afrique, El Moudjahid) Bachir Rezzoug a tiré sa révérence à l'âge de 66 ans. Après avoir longtemps brillé au firmament de la presse algérienne (La République, Demain l'Afrique, El Moudjahid) Bachir Rezzoug a tiré sa révérence à l'âge de 66 ans. La dernière personne qui m'avait parlé de lui fut le caricaturiste Arab Tayeb, que l'on considère à juste titre comme le père de la caricature algérienne. Arab Tayeb avait commencé à travailler à la République d'Oran, à l'âge de 17 ans, dans les années 60. Après avoir quitté l'école et s'être adonné à maints petits métiers, il était entré au journal la République en tant que bouliste (il s'occupait du télex). Il aimait déjà à dessiner et à croquer les personnalités de l'actualité. Bachir Rezzoug, qui dirigeait la République, a tout de suite remarqué son talent et flairé en lui la pâte d'un dessinateur de presse. Avec le peintre M'hamed Issiakhem qui animait une rubrique, Bachir Rezzoug allait non seulement donner sa chance à un caricaturiste qui avait de l'ambition, mais en plus, grâce à ses conseils, il allait l'orienter dans une bonne direction. Si je raconte cette anecdote, c'est pour montrer toute la disponibilité d'un homme de plume et de cœur qui aura marqué de son empreinte l'histoire de la presse algérienne. A l'instar d'Algérie Actualité dans les années 80, la République d'Oran fut tout au long des années 60 et jusqu'au milieu des années 70, le fleuron de la presse algérienne. Dirigé par Bachir Rezzoug, le quotidien était parvenu à réunir quelques unes des meilleures plumes de la presse algérienne, au lendemain de l'indépendance, et des personnalités comme Issiakhem ou Kateb Yacine. La tonalité des articles, la thématique des thèmes abordés, la page courrier des lecteurs, les enquêtes et les reportages, mais aussi les caricatures au vitriol de Tayeb Arab, tout cela avait fait de la République un espace où la liberté d'expression n'était pas un vain mot. Jusqu'au jour où il commençait à déranger l'establishment, et des clans au pouvoir, et donc où la décision de mettre fin à cette aventure intellectuelle fut prise. Il avait suffi de l'arabiser. Les meilleures plumes étaient parties, et la république a pu retrouver un doux ronron qui durera des décennies. On achève bien les chevaux. Après une telle mésaventure, il ne restait plus qu'à aller tenter une autre expérience ailleurs. C'est ainsi qu'il fait un séjour en France, où il fut l'un des cofondateurs et responsables de la rédaction de l'hebdomadaire « Demain l'Afrique » entre 1977 et 1980. Nommé à la tête de la rédaction du quotidien El Moudjahid, au début des années 80, il modifia de fond en comble le fonctionnement et l'orientation de ce journal « semi officiel ». De la maquette à la ligne éditoriale, en passant par la tonalité des articles, il y eut la touche de Bachir Rezzoug, mettant un terme au ronronnement d'El Moudjahid. Une fois de plus, le pouvoir prit peur de voir débarquer autant d'innovations, et une fois de plus, Bachir Rezzoug fut débarqué. Après 1989, il tenta plusieurs aventures, notamment à Algérie Actualité, aux côtés d'un autre gourou de la presse (Kheireddine Ameyar), avant de diriger le journal l'Opinion. C'est finalement à la tête de sa boite de communication «Régie Sud Méditerranée» (RSM) qu'il aura montré tout son talent et toutes ses qualités d'un professionnel au service de la communication. Bien que victime, il y a plus de trois ans d'un accident cardio-vasculaire (AVC) Bachir Rezzoug n'a pas baissé les bras. Il a continué à se battre et à faire ce qu'il a toujours aimé faire : des revues et des journaux de qualité. R. M. La dernière personne qui m'avait parlé de lui fut le caricaturiste Arab Tayeb, que l'on considère à juste titre comme le père de la caricature algérienne. Arab Tayeb avait commencé à travailler à la République d'Oran, à l'âge de 17 ans, dans les années 60. Après avoir quitté l'école et s'être adonné à maints petits métiers, il était entré au journal la République en tant que bouliste (il s'occupait du télex). Il aimait déjà à dessiner et à croquer les personnalités de l'actualité. Bachir Rezzoug, qui dirigeait la République, a tout de suite remarqué son talent et flairé en lui la pâte d'un dessinateur de presse. Avec le peintre M'hamed Issiakhem qui animait une rubrique, Bachir Rezzoug allait non seulement donner sa chance à un caricaturiste qui avait de l'ambition, mais en plus, grâce à ses conseils, il allait l'orienter dans une bonne direction. Si je raconte cette anecdote, c'est pour montrer toute la disponibilité d'un homme de plume et de cœur qui aura marqué de son empreinte l'histoire de la presse algérienne. A l'instar d'Algérie Actualité dans les années 80, la République d'Oran fut tout au long des années 60 et jusqu'au milieu des années 70, le fleuron de la presse algérienne. Dirigé par Bachir Rezzoug, le quotidien était parvenu à réunir quelques unes des meilleures plumes de la presse algérienne, au lendemain de l'indépendance, et des personnalités comme Issiakhem ou Kateb Yacine. La tonalité des articles, la thématique des thèmes abordés, la page courrier des lecteurs, les enquêtes et les reportages, mais aussi les caricatures au vitriol de Tayeb Arab, tout cela avait fait de la République un espace où la liberté d'expression n'était pas un vain mot. Jusqu'au jour où il commençait à déranger l'establishment, et des clans au pouvoir, et donc où la décision de mettre fin à cette aventure intellectuelle fut prise. Il avait suffi de l'arabiser. Les meilleures plumes étaient parties, et la république a pu retrouver un doux ronron qui durera des décennies. On achève bien les chevaux. Après une telle mésaventure, il ne restait plus qu'à aller tenter une autre expérience ailleurs. C'est ainsi qu'il fait un séjour en France, où il fut l'un des cofondateurs et responsables de la rédaction de l'hebdomadaire « Demain l'Afrique » entre 1977 et 1980. Nommé à la tête de la rédaction du quotidien El Moudjahid, au début des années 80, il modifia de fond en comble le fonctionnement et l'orientation de ce journal « semi officiel ». De la maquette à la ligne éditoriale, en passant par la tonalité des articles, il y eut la touche de Bachir Rezzoug, mettant un terme au ronronnement d'El Moudjahid. Une fois de plus, le pouvoir prit peur de voir débarquer autant d'innovations, et une fois de plus, Bachir Rezzoug fut débarqué. Après 1989, il tenta plusieurs aventures, notamment à Algérie Actualité, aux côtés d'un autre gourou de la presse (Kheireddine Ameyar), avant de diriger le journal l'Opinion. C'est finalement à la tête de sa boite de communication «Régie Sud Méditerranée» (RSM) qu'il aura montré tout son talent et toutes ses qualités d'un professionnel au service de la communication. Bien que victime, il y a plus de trois ans d'un accident cardio-vasculaire (AVC) Bachir Rezzoug n'a pas baissé les bras. Il a continué à se battre et à faire ce qu'il a toujours aimé faire : des revues et des journaux de qualité. R. M.