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«Nous devons ouvrir un front culturel pour préserver notre identité»
Mustapha Mohamed Fadhel, Secrétaire Général du minstère sahraoui de la Culture à El Djadel
Publié dans Le Midi Libre le 12 - 07 - 2009

La quasi-totalité des pays africains qui participent à ce festival ont subi la colonisation. Tous ont réussi à arracher leur indépendance. Aujourd'hui, il est impératif de rappeler qu'il reste encore un pays qui vit sous occupation. Un peuple qui n'a toujours pas retrouvé sa liberté. La République arabe sahraouie démocratique. Lors de l'entretien, accordé à El Djadel, dans son dernier numéro consacré au 2ème Panaf, M. Mustapha Mohamed Fadhel revient sur les actions entreprises pour mettre fin à la récupération de l'identité et de la culture sahraouies de la part des autorités coloniales marocaines. Il présente également les grands axes de la politique du gouvernement sahraoui en matière de culture.
La quasi-totalité des pays africains qui participent à ce festival ont subi la colonisation. Tous ont réussi à arracher leur indépendance. Aujourd'hui, il est impératif de rappeler qu'il reste encore un pays qui vit sous occupation. Un peuple qui n'a toujours pas retrouvé sa liberté. La République arabe sahraouie démocratique. Lors de l'entretien, accordé à El Djadel, dans son dernier numéro consacré au 2ème Panaf, M. Mustapha Mohamed Fadhel revient sur les actions entreprises pour mettre fin à la récupération de l'identité et de la culture sahraouies de la part des autorités coloniales marocaines. Il présente également les grands axes de la politique du gouvernement sahraoui en matière de culture.
Monsieur le Secrétaire général, la République arabe sahraouie démocratique participe en force à cette seconde édition du Festival panafricain. Pouvez-vous présenter certains aspects de cette participation ?
Effectivement, notre pays a l‘honneur de prendre part à cet évènement continental majeur. C‘est d‘autant plus un honneur que ce festival se déroule en Algérie, pays qui reste la citadelle des mouvements de libération en Afrique. La participation de la République arabe sahraouie démocratique sera singulière à plus d‘un titre. Sur le plan officiel, la délégation sahraouie sera présidée par madame la ministre de la Culture. Des élus de l‘Assemblée nationale et de l‘Union parlementaire africaine feront partie de cette délégation aux côtés des cadres de notre département ministériel. Sur le plan des activités, nous participerons à l‘exposition des arts traditionnels africains. Nous comptons d‘ailleurs y être représentés à travers quatre-vingt dix-huit pièces anciennes d‘artisanat. Le public pourra ainsi faire connaissance avec nos traditions, nos us et coutumes.
La culture du Sahara-Occidental sera également présente à Alger à travers les kheïmas qui seront érigées sur les sites du festival. A ce titre, il est important de préciser que la tente traditionnelle du nomade sahraoui a été choisie comme symbole de ce second Festival panafricain. Cette résolution a été adoptée officiellement par les experts qui ont participé au séminaire sur les Arts traditionnels africains qui s‘est déroulé à Alger au mois de février.C‘est un véritable honneur pour le peuple sahraoui, la kheïma étant le mode d‘habitation le plus ancien de l‘humanité. Sur le plan artistique, je tiens à annoncer la participation de Meriem El Hassan, la diva de la chanson sahraouie, ainsi que de la troupe El Ajouad célèbre pour ses représentations de danses traditionnelles.
Notre délégation animera également une série de conférences sur les droits de l‘Homme. Ce sujet est très important à nos yeux car il est primordial de présenter à l‘opinion publique africaine, et même mondiale, toutes les violations des principes des droits humains que subissent les populations civiles sahraouies dans les territoires occupés du Sahara Occidental. La quasi-totalité des pays africains qui participent à ce festival ont subi la colonisation. Tous ont réussi à arracher leur indépendance. Aujourd‘hui, il est impératif de rappeler qu‘il reste encore un pays qui vit sous occupation. Un peuple qui n‘a toujours pas retrouvé sa liberté.
D‘autres conférences traiteront des sujets liés à l‘identité du peuple sahraoui. Cet aspect est lui aussi très important car on a tendance à oublier que le conflit du Sahara Occidental est également une problématique d‘ordre identitaire. Aujourd‘hui, il faut ouvrir un front culturel pour mettre en valeur et préserver notre identité. Nos traditions, notre langue, nos coutumes, nos habits, notre façon de penser sont totalement différents de ceux des Marocains. L‘Islam est le seul point que nous avons en commun, malheureusement, nos voisins n‘ont pas appliqué les préceptes de notre religion.
Ce qui caractérise la participation du Sahara Occidental à ce Festival réside dans le fait que c‘est le dernier pays du continent africain à être colonisé. De quelle manière comptez-vous présenter cette situation?
Il est certain que toutes nos activités culturelles et artistiques mettront en valeur la patience et la détermination de notre peuple. Nous avons tenu trente-quatre ans dans les conditions les plus extrêmes et nous sommes résolus à lutter jusqu‘à la victoire. Il est vrai que le festival panafricain représente pour nous une occasion très importante. C‘est la première fois que nous participons à un évènement d‘une telle envergure. Donc, l‘ensemble des membres de notre délégation se tient prêt à transmettre aux autres participants la réalité sur la situation que nous subissons. Il faut rappeler qu‘au troisième millénaire, il existe un pays africain encore colonisé. Bien sûr, cela ne se fera pas au détriment de la fête. Nous sommes là pour participer à la fête de l‘Afrique.
Pouvez-vous nous présenter les grands axes de la politique du gouvernement sahraoui en matière de culture ?
Ce secteur est placé sous la tutelle du ministère de la Culture qui est chargé d‘appliquer une politique générale telle que définie par les résolutions adoptées lors du Congrès populaire du Front Polisario. Nous disposons de plusieurs services qui sont chargés de gérer des programmes dans différents domaines. A titre d‘exemple, nous avons un programme consacré à la protection du patrimoine archéologique. Les territoires sahraouis, qu‘ils soient libérés ou encore occupés par le colonisateur marocain, foisonnent de sites archéologiques qui datent de la préhistoire. Durant l‘invasion, ce patrimoine a subi de nombreux dommages. Malheureusement, les atteintes continuent aujourd‘hui encore. D‘où la nécessité de protéger ce patrimoine. Tous les sites qui se trouvent dans les territoires placés sous la surveillance de l‘armée sahraouie font l‘objet d‘une attention particulière. A ce titre, je précise que le Parlement sahraoui a adopté au mois de mai une loi relative à la protection du patrimoine archéologique. Ce cadre législatif constitue une grande avancée.
Toutefois, le problème se pose pour les sites qui se situent dans les territoires occupés.
Nous disposons également d‘une structure chargée d‘encadrer tous les aspects liés à l‘identité du peuple sahraoui. Bien sûr, nous mettons en œuvre des programmes de développement des activités théâtrales et cinématographiques. En matière de cinéma, les camps de réfugiés sahraouis accueillent chaque année un festival international qui est devenu une véritable référence de part la qualité des participants et des œuvres qui y sont présentées. Sans oublier le Festival de la culture et des arts populaires sahraouis, dont la 17ème édition se déroulera dans quelques mois, ou encore Art Tifariti qui est un évènement consacré aux arts plastiques. Tous ces programmes et ces activités entrent dans le cadre des échanges avec les autres cultures. Malgré son apparence primitive et les conditions difficiles dans lesquelles elle évolue, la société sahraouie est ouverte et pacifique.
Nous assistons depuis quelques années à des actions de récupération de l‘identité et de la culture sahraouie de la part des autorités coloniales marocaines. A quoi répond cette stratégie ?
Tout à fait. Les Marocains veulent s‘approprier notre patrimoine culturel matériel et immatériel. Ils tentent d‘imposer le festival de Tan-Tan comme un évènement prônant des principes multiculturels. Les autorités marocaines n‘hésitent pas à subtiliser et à déformer notre culture pour parvenir à leurs fins. Nous sommes navrés de constater que l‘UNESCO apporte un soutien inconditionnel à cette supercherie. Nous espérons que l‘UNESCO se tourne enfin vers nous et reconnaisse que la culture sahraouie est la propriété inaliénable du peuple sahraoui. Aussi, nous regrettons le fait qu‘elle n‘intervienne pas directement dans la protection des sites archéologiques qui sont menacés. L‘affaire tragique des soldats de la MINURSO est une preuve concrète du désintéressement de cette institution placée sous la tutelle des Nations u$nies. Nous espérons sincèrement que l‘UNESCO change de position.
Monsieur le Secrétaire général, la République arabe sahraouie démocratique participe en force à cette seconde édition du Festival panafricain. Pouvez-vous présenter certains aspects de cette participation ?
Effectivement, notre pays a l‘honneur de prendre part à cet évènement continental majeur. C‘est d‘autant plus un honneur que ce festival se déroule en Algérie, pays qui reste la citadelle des mouvements de libération en Afrique. La participation de la République arabe sahraouie démocratique sera singulière à plus d‘un titre. Sur le plan officiel, la délégation sahraouie sera présidée par madame la ministre de la Culture. Des élus de l‘Assemblée nationale et de l‘Union parlementaire africaine feront partie de cette délégation aux côtés des cadres de notre département ministériel. Sur le plan des activités, nous participerons à l‘exposition des arts traditionnels africains. Nous comptons d‘ailleurs y être représentés à travers quatre-vingt dix-huit pièces anciennes d‘artisanat. Le public pourra ainsi faire connaissance avec nos traditions, nos us et coutumes.
La culture du Sahara-Occidental sera également présente à Alger à travers les kheïmas qui seront érigées sur les sites du festival. A ce titre, il est important de préciser que la tente traditionnelle du nomade sahraoui a été choisie comme symbole de ce second Festival panafricain. Cette résolution a été adoptée officiellement par les experts qui ont participé au séminaire sur les Arts traditionnels africains qui s‘est déroulé à Alger au mois de février.C‘est un véritable honneur pour le peuple sahraoui, la kheïma étant le mode d‘habitation le plus ancien de l‘humanité. Sur le plan artistique, je tiens à annoncer la participation de Meriem El Hassan, la diva de la chanson sahraouie, ainsi que de la troupe El Ajouad célèbre pour ses représentations de danses traditionnelles.
Notre délégation animera également une série de conférences sur les droits de l‘Homme. Ce sujet est très important à nos yeux car il est primordial de présenter à l‘opinion publique africaine, et même mondiale, toutes les violations des principes des droits humains que subissent les populations civiles sahraouies dans les territoires occupés du Sahara Occidental. La quasi-totalité des pays africains qui participent à ce festival ont subi la colonisation. Tous ont réussi à arracher leur indépendance. Aujourd‘hui, il est impératif de rappeler qu‘il reste encore un pays qui vit sous occupation. Un peuple qui n‘a toujours pas retrouvé sa liberté.
D‘autres conférences traiteront des sujets liés à l‘identité du peuple sahraoui. Cet aspect est lui aussi très important car on a tendance à oublier que le conflit du Sahara Occidental est également une problématique d‘ordre identitaire. Aujourd‘hui, il faut ouvrir un front culturel pour mettre en valeur et préserver notre identité. Nos traditions, notre langue, nos coutumes, nos habits, notre façon de penser sont totalement différents de ceux des Marocains. L‘Islam est le seul point que nous avons en commun, malheureusement, nos voisins n‘ont pas appliqué les préceptes de notre religion.
Ce qui caractérise la participation du Sahara Occidental à ce Festival réside dans le fait que c‘est le dernier pays du continent africain à être colonisé. De quelle manière comptez-vous présenter cette situation?
Il est certain que toutes nos activités culturelles et artistiques mettront en valeur la patience et la détermination de notre peuple. Nous avons tenu trente-quatre ans dans les conditions les plus extrêmes et nous sommes résolus à lutter jusqu‘à la victoire. Il est vrai que le festival panafricain représente pour nous une occasion très importante. C‘est la première fois que nous participons à un évènement d‘une telle envergure. Donc, l‘ensemble des membres de notre délégation se tient prêt à transmettre aux autres participants la réalité sur la situation que nous subissons. Il faut rappeler qu‘au troisième millénaire, il existe un pays africain encore colonisé. Bien sûr, cela ne se fera pas au détriment de la fête. Nous sommes là pour participer à la fête de l‘Afrique.
Pouvez-vous nous présenter les grands axes de la politique du gouvernement sahraoui en matière de culture ?
Ce secteur est placé sous la tutelle du ministère de la Culture qui est chargé d‘appliquer une politique générale telle que définie par les résolutions adoptées lors du Congrès populaire du Front Polisario. Nous disposons de plusieurs services qui sont chargés de gérer des programmes dans différents domaines. A titre d‘exemple, nous avons un programme consacré à la protection du patrimoine archéologique. Les territoires sahraouis, qu‘ils soient libérés ou encore occupés par le colonisateur marocain, foisonnent de sites archéologiques qui datent de la préhistoire. Durant l‘invasion, ce patrimoine a subi de nombreux dommages. Malheureusement, les atteintes continuent aujourd‘hui encore. D‘où la nécessité de protéger ce patrimoine. Tous les sites qui se trouvent dans les territoires placés sous la surveillance de l‘armée sahraouie font l‘objet d‘une attention particulière. A ce titre, je précise que le Parlement sahraoui a adopté au mois de mai une loi relative à la protection du patrimoine archéologique. Ce cadre législatif constitue une grande avancée.
Toutefois, le problème se pose pour les sites qui se situent dans les territoires occupés.
Nous disposons également d‘une structure chargée d‘encadrer tous les aspects liés à l‘identité du peuple sahraoui. Bien sûr, nous mettons en œuvre des programmes de développement des activités théâtrales et cinématographiques. En matière de cinéma, les camps de réfugiés sahraouis accueillent chaque année un festival international qui est devenu une véritable référence de part la qualité des participants et des œuvres qui y sont présentées. Sans oublier le Festival de la culture et des arts populaires sahraouis, dont la 17ème édition se déroulera dans quelques mois, ou encore Art Tifariti qui est un évènement consacré aux arts plastiques. Tous ces programmes et ces activités entrent dans le cadre des échanges avec les autres cultures. Malgré son apparence primitive et les conditions difficiles dans lesquelles elle évolue, la société sahraouie est ouverte et pacifique.
Nous assistons depuis quelques années à des actions de récupération de l‘identité et de la culture sahraouie de la part des autorités coloniales marocaines. A quoi répond cette stratégie ?
Tout à fait. Les Marocains veulent s‘approprier notre patrimoine culturel matériel et immatériel. Ils tentent d‘imposer le festival de Tan-Tan comme un évènement prônant des principes multiculturels. Les autorités marocaines n‘hésitent pas à subtiliser et à déformer notre culture pour parvenir à leurs fins. Nous sommes navrés de constater que l‘UNESCO apporte un soutien inconditionnel à cette supercherie. Nous espérons que l‘UNESCO se tourne enfin vers nous et reconnaisse que la culture sahraouie est la propriété inaliénable du peuple sahraoui. Aussi, nous regrettons le fait qu‘elle n‘intervienne pas directement dans la protection des sites archéologiques qui sont menacés. L‘affaire tragique des soldats de la MINURSO est une preuve concrète du désintéressement de cette institution placée sous la tutelle des Nations u$nies. Nous espérons sincèrement que l‘UNESCO change de position.


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