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Je m'insurge contre monsieur le ministre de l'éducation !
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 06 - 03 - 2010


Universitaire
« EL Watan 07 mars 2010
Les maîtres sont défaits; la morale de l'homme vulgaire à triompher….
Le » salut » du genre humain (à savoir celui qui débarrasse des » maîtres « ) est en très
bonne voie; tout s'encanaille à vue d'œil. »
Nietzsche
[01].
Cette grève de l'éducation m'interpelle en qualité d'universitaire et de père d'un enfant
scolarisé. Moi aussi je suis fatigué de ce pays. Je sens même une lassitude profonde.
Depuis la grève dans ce milieu éducatif aucun élan de solidarité en faveur des enseignants
ne s'est manifesté, ni de l'opinion publique, ni des universitaires, ni des syndicats des
enseignants du supérieur. C'est suffocant !
Cette situation d'impasse atteste de manière patente le caractère criminel et anti-national
de certains comportements sur lesquels il n'est plus possible désormais de se taire, sous
peine d'être complice, comme l'a rappelé un collègue.
Quel est le rôle d'un ministre de l'éducation ? Si ce n'est d'appliquer la politique d'un
gouvernement. Cette politique se fait – elle à l'encontre des enseignants, des élèves et des
travailleurs de ce secteur ? Menacer les enseignants de l'éducation de licenciement ou de
radiation, serait un crime contre une frange de la population algérienne » en détresse « .
Le ministre en annonçant que ces enseignants percevront leur arriéré ou leur » du » avec
un effet rétroactif depuis Janvier 2008, réalise – t – il qu'il a un retard de deux années dans
l'exécution des arriérés des enseignants ? La justice doit sanctionner ou démettre ce
commis de l'Etat qui a accusé un retard dans sa mission et qui a causé une grève, un
trouble à l'ordre public. Qu'attend-il le ministre de ces enseignants pour leur donner leur
vrai » du » ? Qu'ils crèvent ? Ils le font par centaines annuellement. Pourquoi les
responsables algériens ont fais du salaire un sujet tabou ? Parce que eux, ils sont servis
gratuitement. Les enseignants n'ont pas envie de manger de cette » bouffe gratuite » qui
donne des complications.
Selon la déontologie, les journalistes doivent rapporter de l'information sans influencer
l'opinion public, sauf dans l'article dit éditorial ou le journal annonce sa tendance
politique ou sa couleur. Pourquoi les quotidiens nationaux ont publiés les salaires de ces
» gueux » et ils ne l'ont pas fait en affichant au moins les salaires des secteurs touchés par
les éclaboussements dus à la corruption ? Aucun journaliste n'a signalé que les rappels
octroyés à ces » misérables » ne constitueront même pas la » mensualité » du ministre de
l'éducation ou d'un haut cadre de l'Etat Algérien ou de son député ou de son sénateur.
Monsieur le Ministre, si vous êtes arrivé à une situation de blocage, vous devriez
démissionner et retourner à l'université pour enseigner vos cours de l'électrotechnique,
sauf si vous vous voyez dépasser par la science qui a avancé à une vitesse vertigineuse.
Savez vous Monsieur le ministre que le coût de la vie algérienne et le même que celui en
France ? Vous annoncez avec fanfares et sur tous les toits que ces enseignants vont
percevoir 48.000 DA, qui n'est équivalent qu'au plus de 400 euros. Peut-on vivre avec
400 euros ? En France, des » sans emplois » perçoivent au moins 800 euros ou plus avec
les indemnités sociales. En Suède, les salaires oscillaient entre 15.000 et 17.000
couronnes suédoises. La différence des salaires n'était que de 2000 couronnes. Dans ce
pays règne la justice sociale.
Vous êtes un scientifique, donner les vrais droits aux enseignants et exiger par la suite des
vrais devoirs !! Vous avez paralysé le secteur éducatif.
Chaque année vous brillez par une découverte, en réduisant le premier cycle à cinq
années et en rétablissant le second cycle à quatre années, en changeant chaque année des
programmes et en imprimant des millions de livres qu'il faut jeter l'année suivante. Vous
avez fait de l'enseignant la » machine à examiner « . Chaque semaine un devoir, chaque
mois un examen etc. De quelle pédagogie s'agit-il ? vous l'avez importé !!!
Vous ne pouvez pas faire confiance aux cadres de vos départements pour élaborer un
» petit programme « où à la fin d'un cursus tout élève saura lire, écrire, parler et compter.
L'enseignement est descendu à cet état d'abaissement déplorable qui menace de plonger
toute la population dans l'ignorance et le fanatisme. Les enseignants malheureux étaient
autrefois entourés de considération et vivaient dans l'aisance. Ils sont tous dans la misère
comparativement à d'autres franges de la société. Les études du primaire, du moyen et du
secondaire ont été négligées.
L'ex-ministre français de l'éducation a dit clairement dans une intervention télévisée qu'il
n'autorisait pas le passage d'un élève en classe moyenne s'il ne sait pas lire, écrire et
compter. Chaque année les enseignants sont incités à se révolter. Les classes d'examen du
BEM et le BAC sont mal préparées.
Quelle est la résolution après ces semaines de grève ? Vous allez attribué des
baccalauréats de complaisance. Comme l'a bien fait remarqué le sociologue Lhouari
Addi, l'Algérie est le seul pays au monde où l'administration contrôle l'administration.
L'affaire est conclue et Oust!, tout ce monde de l'éducation va à l'Université chez Derbala
et ses collègues qui vont s'arracher les cheveux.
- Nous recevons à l'université des bacheliers qui ne savent ni lire ni écrire ni parler ni
compter!!!
- Le président de la république vous a obligé à corriger la » pondération « de vos examens
du BEF. N'avez vous pas de pédagogues dans votre secteur ou bien n'avez vous pas voulu
les écouter mais vous avez écouté le plus autoritaire ?
- L'association des proviseurs, les adjoints de l'éducation, les conseillers scolaires etc.
expriment leur mécontentement sur les dossiers des statuts particuliers et des indemnités.
Est-ce que ces associations ont été associées aux débats sur » leur sort » ? Vous discuter et
élaborer des statuts avec des représentants de l'UGTA, l'union générale des travailleurs
algériens, présidé par un vieil homme qui n'a jamais été dans un » atelier » depuis au
moins » trente ans « , comme l'a rappelé dans un débat télévisé Lionel Jospin, l'éducateur,
l'enseignant universitaire à Georges Marchais, le communiste, le représentant des
travailleurs. Les enseignants vont en classe et font leur cours chaque matin !!
Un enseignant est un éducateur, il n'est pas un travailleur !!! L'éducation est définie par le
développement d'aptitudes intellectuelles et du sens moral. En dehors du domicile
parental, c'est à l'école moderne que revient pour l'essentiel la responsabilité de prendre
soin des enfants qui lui sont confiés. Elle leur donne une culture et un savoir utiles et
éduque leur caractère, leur fournit des distractions saines en dehors des heures de classes
et veille à leur santé et à la qualité de leur alimentation [02]. Là, ne sont donnés que
quelques exemples de négligence. N'est – il pas là un signe que dans votre secteur tout se
fait au » pif » ou par autoritarisme? Malgré les articles abondants parus ces derniers jours
dans les quotidiens nationaux, décrivant ce marasme éducatif, criant leurs douleurs sur
certains maux qui rongent l'école algérienne, la médiocrité qui s'installe dans le temps et
qui se généralise, presque partout le spectacle de l'incompétence désolant, les pouvoirs
publics n'ont pas dénié répondre favorablement à la communauté éducative.
Mettez sur rail et sur de bonnes voies votre secteur, avec de la consultation des vrais
partenaires et de la concertation. C'est votre mission, sinon ayez la grandeur de partir sur
la pointe des pieds. Une école, un collège, un lycée ne sont-ils pas un lieu de
communication et du savoir ? Pourquoi souhaiter une responsabilité si on est incapable de
l'assumer ? Pourquoi baigner sa vie durant dans un univers où il est tant de responsables
avides, uniquement occupés d'eux mêmes, prêts à toutes les compromissions ? La
responsabilité à l'éducation est-elle une sorte de sacerdoce au service des élèves,
enseignants et travailleurs, ou le prétexte nécessaire pour assouvir des épanouissements
personnels, de satisfaire ses fantasmes, de soigner de veilles inhibitions, d'offrir une
compensation à des complexes psychologiques anciens ? Mais à quoi bon une
responsabilité inutile, qui ne sert à rien, à personne ? Le responsable de l'éducation a le
choix, conquérir une responsabilité afin d'y trouver les satisfactions et les exaltations de
l'instant, ou bien pour compter dans l'Histoire longtemps après sa mort. Il restera dans
cette Histoire, malgré les périls qu'il aura encouru. La seule ambition, c'est qu'elle lui
permette d'accomplir une œuvre utile, mémorable, donnant à croire qu'il a triomphé du
temps qui passe et qui efface ou détruit. Il a pour ambition de survivre à sa mort. Les
deux vont rarement de pair ; ils ne font appel ni aux mêmes talents, ni aux mêmes vertus,
ni aux mêmes défauts. Les vrais responsables veulent que la puissance qu'ils désirent ait
un but, leur action une valeur pour d'autres qu'eux-mêmes; qu'elle leur permette de laisser
dans la mémoire des enseignants une marque sinon heureuse, du moins utile. Ils veulent
être de ceux qui auront comptés dans leur temps et au-delà, qui auront infléchi le cours
des événements selon leurs rêves. Quelle différence entre les grands responsables et les
autres, avides d'ambitions médiocres ! ceux-là privilégient leur réussite à court terme,
sans voir où ils vont, sans le savoir, sans même s'en soucier ; dans leur marche, ils ont
déçu les autres, ils se sont déçus eux même, mais peu leur importe le mépris ou la haine
qu'ils suscitent. Le triomphe espéré peut tourner au drame, pis : à la honte. Car l'exercice
de l'autorité est cruel à qui ne sait qu'en faire. Valoriser sa situation personnelle aux
dépens de sa position de responsabilité est nuisible au bien commun et injustifiable. Le
responsable doit non seulement s'adapter aux circonstances mais il doit aussi savoir se
déprendre des habitudes qui font sa pente naturelle pour commander aux événements.
Dans le milieu éducatif, il ne faut pas s'imaginer que ce sont les qualités personnelles et le
talent qui feront octroyer une charge de responsabilité. Si on pense que la responsabilité
nous reviendra pour la seule raison qu'on est le plus compétent, on n'est qu'un benêt.
L'histoire nous apprend qu'on préfère toujours confier une fonction importante à un
incapable plutôt qu'à un homme qui la mérite. Si on veut une responsabilité, il faut agir
comme si notre seul désir était de ne devoir nos charges et nos prérogatives qu'à la
bienveillance de notre maître. Pour obtenir une fonction, il faut prendre les devants,
promettre des passe-droits à des gens influents, utiliser au mieux les services
d'intermédiaires. Ils sont des enseignants qui veulent défendre l'éducation, par l'éducation
et pour l'éducation où il n'est fait état d'aucune forme de communication ou de dialogue:
au contraire c'est l'hermétisme totale. Il y a un manque flagrant de communication sous
quelque forme que ce soit, un refus obstiné d'écouter les enseignants et travailleurs qui
n'ont aucun recours ni au ministère de tutelle ou ni aux syndicats représentatifs qui ne
sont pas reconnus. On déplore aussi l'absence totale de cadre d'expression pour
l'enseignant. Au lieu de souder les composantes de ce milieu éducatif, des » mains de
l'ombre » essayent de » monter » l'association des parents d'élèves contre les enseignants.
Ces parents ne sont pas dupes. Ils savent différencier le bon grain de l'ivraie.
Conclusion :
Si les responsables politiques algériens n'avaient pas transformé notre beau pays en
prisons psychologiques, les jeunes n'auraient pas besoin de se jeter dans la mer ou de
trouver refuge auprès des Arabes du moyen orient ou des Européens ou Américains.
Aussi étendu que soit l'Algérie, aussi peuplée, aussi opulente soit- elle, il y a toujours
pénurie d'hommes. On a même fait appel à des chinois ! Si les enseignants accordent de
l'importance à la grève, c'est qu'elle illustre la nécessité d'agir sans tergiverser lorsqu'il n'y
a plus d'autre choix pour rester maître de son destin. Pourquoi a – t – on » algérianisé » le
secteur de l'éducation ? Pour mater cette population d'éducateurs sans aucuns » témoins « ,
les coopérants techniques étrangers. Si les coopérants français sont parmi nous, oseriez
vous donner 400 euros à un enseignant français ?
On a un besoin urgent d'un audit dans tous les paliers de l'éducation, du primaire au
supérieur. Une participation des coopérants techniques dans le cursus pédagogique et
scientifique est indispensable. Seuls, entre algériens, sans références externes, sans
repères ou témoins étrangers, nous avons faiblis et sommes devenus médiocres.
Nous avons honte dès que le » Roumi » est présent dans nos lieux. Nous remédions à nos
lacunes, on rentre dans les rangs et les normes universelles à sa vue. C'est stupéfiant !!!
Selon mon collègue Ahmed Rouadjia, critiquer et accepter d'être critiqué, même de
manière infondée, voilà qui permet d'animer les débats d'idées…
L'Algérie est malade, aucun médecin n'est à son chevet. Qui réussira à la guérir ?
Libérez les esprits et ne tourmenter pas les cœurs!
Références :
[01] Nietzsche.
Généalogie de la morale.
GF-Flammarion
, Paris, 1996, p.47.
[02] J.P. Martinez, G. Boutin et A. Jeannel. Une évaluation d'aujourd'hui pour demain.
Les recherches enseignées en espaces francophones. Les éditions LOGIQUES, 2002.


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