El Watan, 27 mars 2010 L'opération de démolition de 35 baraques dans le quartier Bouakadia de la cité populaire de Sid Salem, l'une des plus importantes des 27 agglomérations de la commune d'El Bouni, a généré, jeudi dernier, de violentes émeutes entre les éléments des services de sécurité et les habitants de ce bidonville. Le bilan établi par les services de sécurité fait ressortir pas moins de cinq éléments de la brigade de la police antiémeute blessés par les jets de pierres et autres objets hétéroclites. On dénombre également, selon des sources médicales, 13 blessés parmi les émeutiers transférés immédiatement au service des urgences de l'hôpital Ibn Rochd. Il a fallu l'interruption de l'exécution de démolition et l'arrivée de plusieurs unités de police appelées à la rescousse pour que le calme revienne dans cette agglomération, l'une des plus chaudes de cette localité qui date du temps colonial. Une action d'arrestation a été aussitôt déclenchée parmi les rangs des jeunes protestataires au terme de laquelle 9 jeunes ont été arrêtés. Situé à 6 km de la commune du chef-lieu de wilaya, Sidi Salem, 50 années après l'indépendance, le poids de la période coloniale est toujours aussi présent. Eté comme hiver, les quelque 3000 familles qui y habitent, la majorité depuis plus d'une cinquantaine d'années, vivent dans la misère, les pieds dans l'eau ou dans une boue sale et nauséabonde en contact permanent avec les maladies. A partir du début des années 1990, Sidi Salem s'est transformé en un terreau de l'islamisme extrémiste. C'est également un bidonville à l'ombre duquel se sont développés la délinquance, la prostitution, le trafic et la consommation de drogue. La réalisation de plusieurs centaines de logements sociaux et leur attribution n'ont rien changé. De bidonville constitué de plusieurs milliers de baraques, Sidi Salem est devenu un bidonville construit en dur grâce à des opérations de conjoncture.