En marge d'une opération de recasement de 35 familles suivie de la démolition de leurs anciennes bâtisses au quartier Bouakadia de la cité populaire de Sidi-Salem, l'une des plus chaudes d'Annaba, de violentes émeutes ont éclaté, jeudi dernier, faisant plusieurs blessés, dont cinq éléments de la brigade de la police anti-émeute, atteints à différents degrés de gravité. Tout a commencé lorsque les agents des services d'ordre qui assuraient le bon déroulement des opérations de déménagement et de destruction des bicoques, point noir de la cité côtière de Sidi-Salem, ont été attaqués à coups de pierres, voire d'armes blanches, par principalement des jeunes du quartier Bouakadia, qui auraient fait l'objet de manipulations, selon des habitants et surtout des autorités de la daïra d'El-Bouni. Eu égard à la gravité des événements, l'opération de recasement a été provisoirement suspendue par les autorités de la daïra d'El-Bouni. Hier samedi, une fois que la situation sécuritaire a été totalement maîtrisée par les éléments des services de sécurité dépêchés en force sur les lieux, où plus de 7 000 personnes habitent principalement dans des baraques. Ce bidonville n'a nullement cessé de s'étendre d'une manière sauvage, depuis l'indépendance, donnant ainsi l'existence à des filières spécialisées dans la construction et la vente de baraques. Certains élus mettent en garde contre d'éventuelles dérives, d'autant plus, estiment-ils, que “les auteurs des troubles avaient investi le bidonville il y a une ou deux années seulement et se sont préparés pour semer la zizanie parmi les habitants, dans le but de forcer la main à l'APC de procéder à leur recensement et les rendre éligibles sur la liste des futurs bénéficiaires de logements sociaux”. Des sources médicales indiquent à ce sujet que les 18 personnes blessées, dont 13 protestataires lors de ces émeutes, ont reçu des soins et ont tous quitté le service des urgences du CHU Ibn-Rochd de Annaba, dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon des sources proches des services de sécurité, l'on dénombre l'arrestation de neuf individus pour attroupement illicite et violence. Un des habitants de cette cité se fait en quelque sorte le porte-parole de cette population en affirmant : “J'habite cette cité depuis une dizaine d'années. De grand bidonville constitué de baraques, Sidi-Salem est devenu un lieu malfamé construit en dur. Nous n'avons pas eu la chance d'avoir un logement parmi ceux attribués. Nous avons avisé l'APC et les services de la daïra, ils n'ont pas donné suite. La situation empire. Nous ne savons plus à quelle porte frapper pour faire entendre nos appels de détresse. Chômage, drogue et violence caractérisent le quotidien de nos jeunes. Les plus sages pratiquent la pêche avec leurs propres moyens. Ce qui leur permet quelques menus revenus. Des activistes du parti dissous tentent de canaliser nos jeunes à des fins politiques. Nous ne croyons plus aux promesses des autorités.”