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Diar Echems renoue avec les émeutes
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 22 - 09 - 2010


Une partie des habitants exclue du relogement
Diar Echems renoue avec les émeutes
El Watan, 22 septembre 2010
Des jeunes de la cité Diar Echems (El Madania, Alger) ont renoué hier avec la protestation, près de sept mois après les émeutes spectaculaires qu'a connues cette cité après l'exclusion d'une grande partie des habitants du programme de relogement.
C'est vers 13h que plusieurs dizaines de jeunes ont bloqué la rue Les Jasmins menant d'El Madania vers Bir Mourad Raïs, accès principal à ces deux localités où plusieurs institutions et entreprises sont installées. Aux policiers positionnés au niveau de la rue des frères Bouadou, (Bir Mourad Raïs), les jeunes lançaient des pierres. Quelques cocktails Molotov étaient également remarqués. Les murs des abribus se trouvant sur ce tronçon routier ont volé en éclats. Les débris de verre et des pierres de différentes dimensions couvrent la chaussée. Des pneus sont également visibles un peu partout, la fumée se dégageait de plusieurs endroits de cette cité qui a connu des émeutes encore plus violentes en mars dernier et l'odeur du caoutchouc brûlé emplissait les lieux.
Le dispositif de sécurité n'a pas franchi la rue Les jasmins.
Les policiers, en tenue, tentaient de calmer les jeunes, d'ailleurs ils se contentaient de demander aux passants de rebrousser chemin. Les automobilistes étaient contraints de faire demi-tour pour ne pas risquer de voir le pare-brise de leur voiture réduit en morceaux. Les raisons de la colère ? En mars dernier, 307 familles occupant des immeubles de la cité Diar Echems (El Madania, Alger) ont été relogées dans des appartements à Djenane Sfari dans la commune de Birkhadem, alors que la cité compte plus de 1150 familles vivant dans des F1 et des F2. Dans certains cas, plusieurs familles vivent sous le même toit. Près de 200 familles, habitant des baraques situées à l'intérieur même de cette cité, ont également bénéficié de ce programme de relogement. Le wali délégué de Sidi M'hamed avait promis au lendemain de cette opération que le restant des familles habitant des F1 et des F2 sera relogé au plus tard au mois d'octobre prochain, «or, explique un jeune homme parmi les protestataires, aucun contact n'a été établi par les autorités locales à ce jour». Les tentatives entreprises par certains représentants du quartier pour se renseigner sur le développement de ce dossier n'ont pas abouti à des délais.
«Nous avons appris que nous ne faisons pas partie du restant du programme de relogement qui s'achève à la fin de l'année», explique un habitant de cette cité, se référant aux déclarations des responsables concernant cette opération.
Le relogement des familles habitant les bidonvilles a également chauffé les esprits de ces jeunes habitants, las d'attendre leur tour d'espérer à une vie plus digne. «Nous habitons depuis les années 1960 dans ce trou à rats. Nous dormons tous dans une seule chambre et on nous demande de patienter encore, alors que d'autres n'ont rien enduré. Il leur a suffi de monter une baraque et de figurer sur la liste des bénéficiaires.» Des propos d'un père de famille qui a du mal à exprimer sa colère face à «cette injustice», «faudrait-il faire autant, ou patienter encore, alors qu'au fond nous sommes convaincus que cette patience n'aboutira à rien ?».
Ces jeunes en colère s'estiment porteurs d'une cause juste. Il suffit peut-être de voir les bâtiments libérés en mars dernier avec leurs façades démolies dans le but de leur agrandissement pour comprendre une partie de la détresse des habitants : les murs externes quasi inexistants sont laissés tels qu'ils l'ont été en mars dernier. Pas un clou en plus. Un décor hideux, avec ces ouvertures anarchiques. Aucune entreprise n'est venue faire des travaux ou au moins placer des barricades, des lieux tout simplement à l'abandon.
«Et vous voulez que nous croyions à leurs promesses sans aucune preuve.»
Ces jeunes, continuant de lancer des pierres en direction de la rue où des policiers tentaient de gagner un peu plus de terrain, accélèrent leur manifestation vers 16h à la sortie des classes et des heures de pointe, «nous voulons juste exprimer notre colère d'être exclus de notre droit ».
Un des émeutiers n'a pas manqué de préciser que cette manifestation n'a «en aucun cas pour but de bloquer l'opération de déménagement des habitants du bidonville d'El Aloui, à quelques centaines de mètres de Diar Echems.
La preuve ? Nous n'avons commencé notre action de protestation qu'après le passage de tous les camions et personnels mobilisés pour cette opération!».


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