Il m'en reste quelques brides de la déclaration même si je ne me souviens pas vraiment de sa formulation. Un président ou un américain célèbre avait déclaré aux Américains : « Il ne faut point demander ce que l'Amérique peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour l'Amérique ». C'est bien vrai que les habitants du tiers-monde ne vivent pas du tout dans le gaspillage incessant des Américains et que nous manquons de beaucoup de moyens. Tout reste et restera durant longtemps à réaliser dans les pays du Sud courant sur un chemin semé d'embuches après le développement ; le développement durable nous disent les personnalités éclairées ; toutes les commodités pour allonger toujours plus l'espérance de vie. Beaucoup reste à réaliser et le phénomène de la famine à s'atteler à éradiquer (un enfant meurt toutes les cinq secondes de famine dans le monde). Une honte alors que la planète est capable de nourrir 12 milliards d'individus quasiment le double du nombre d'habitants qu'elle en compte aujourd'hui soit 6,5 milliards (se référer au combat, aux dénonciations des mécanismes d'assujettissement des peuples du Sud à l'ordre cannibale du monde de Jean Ziegler ; ses nombreux livres dont Les maîtres du monde, L'empire de la honte entre autres aux éditions fayard). Ainsi donc la création de partis politiques, de forces de propositions naissent ou avaient vu le jour dans un tiers-monde encore « sevré » de paroles ; ignoré consciemment par les maîtres du monde (« Insensible aux souffrances des peuples du Sud, à leurs mémoires blessées, l'Occident reste aveugle et sourd, bétonné dans son ethnocentrisme »), dont la philosophie malsaine demeure l'élimination de l'autre afin de vivre toujours plus dans le gaspillage sans frein. Faudrait-il encore des mouvements de libération, des sacrifices d'hommes courageux pour faire entendre raison à ceux surarmés et destructeurs et qui nous accusent nous, nous qui n'avons pas d'empires, qui n'avions réduit quiconque à l'esclavage et qui n'avions colonisé personne, d'être dans l'axe du mal ? Nous disons donc que c'est difficile de demander aux habitants du tiers-monde, si démunis et désespérés que nous sommes, ce qu'on demande aux Américains et Européens entres autres, face surtout à la nouvelle crise mondiale dont on n'est guère encore sortis. Mais faut-il pour cela que tout un chacun se croise les mains en comptant constamment sur le noyau dur de militants constituant les partis ? Nous entendons les partis de gauche, car généralement ils restent ceux toujours préoccupés de justice sociale et luttant à armes inégales contre ceux avides bien armés toujours insatiables des richesses de ce monde. Cette tendance de n'attendre l'action que de la direction d'un parti ou de celle d'une coordination comme par exemple celle du 19 mars, doit disparaître ou du moins changer et évoluer. Compter tout le temps sur l'autre pour mettre la main à la pâte est si malsain et oser agir ou essayer d'agir est thérapeutique et libérateur. Il faut que nous essayions de sortir de la mentalité d'assistés et se demander, même dans l'extrême déchéance ce que l'on peut faire pour soi, son frère, son parti, l'association qui porte nos aspirations, défend nos intérêts, et surtout comment préserver les biens communs, surtout son pays. Henri Michaux écrit : « ― L'Abbé : Tu vas à présent aider un autre. Lui apporter la lumière dont il a besoin pour sa conduite. ― Le Nouvel Arrivé : Comment ferais-je ? Moi qui ne peux m'aider moi-même, moi qui attends la lumière ? ― L'Abbé : En la donnant tu l'auras. En la cherchant pour un autre. Le frère à côté il faut que tu l'aides avec ce que tu n'as pas… Avec ce que tu crois que tu n'as pas mais qui est, qui sera là. Plus profond que ton profond. Plus enseveli, plus limpide, source torrentielle qui circule sans cesse appelant au partage. Va. Ton frère attend la parole de vie » (Henri Michaux. Quand tombent les toits)