par Djamaledine Benchenouf, jeudi 3 mars 2011, 15:19 Ahmed Zendjabil, surnommé « l'Escobar algérien » par S.Tlemcani, la journaliste »d'investigation » d'El Watan, et dont elle avait dit qu'il avait été arrêté par les services de sécurité, en aoüt 2006, s'était en fait rendu, de son propre chef, au juge d'instruction du tribunal militaire de Blida. Il avait invoqué les dispositions « amnistiantes » sur les terroristes repentis et demandé à en bénéficier. En fait, Zendjabil Ahmed, connu pour être le supposé baron du trafic de stupéfiants, en Algérie, et à destination de l'Europe, était activement recherché, après une évasion rocambolesque. S'il s'était rendu, ce n'était pas parce qu'il n'avait plus le choix, mais parce qu'il savait qu'un contrat avait été lancé contre lui, pour le réduire au silence, par son véritable patron, le Général Major Kamel Abderahmane, un des pilliers du DRS, et de la « lutte anti-terroriste ». Avant de se rendre, Zendjabil avait pris soin d'enregistrer une vidéo dans laquelle il aurait fait une confession intégrale. Et il s'est arrangé pour que ca se sache. Au cas où il lui serait arrivé un « accident », ou un « suicide ». Ainsi, accompagné de plusieurs avocats, Zendjabil se rendit à la justice militaire. Au juge qui lui rétorqua qu'il n'était pas un terroriste, mais un traficant de drogue, il répondît que non seulement il était un grand terroriste, mais qu'en plus, il travaillait directement sous les ordres d'un Général major de l'Armée algérienne. Le fameux Kamel Abderahmane. Et il lui fit des révélations renversantes. Il lui apprit donc, entre autres nombreuses déclarations, qu'il était chargé du réseau d'importation de kif du Maroc, et de cocaïne depuis les côtes mauritaniennes, livrée par des « pêcheurs » sud-américains. Une fois importée, avec la complicité active de centaines d'agents de l'Etat, et d'officiers supérieurs de l'armée et de la gendarmerie, une partie de la drogue était écoulée sur le territoire algérien, et une autre acheminée vers l'Europe, via plusieurs étapes. Par le Sahara, avec la collaboration du GSPC, de la Gendarmerie, et de nombreux autres collaborateurs, pour acheminer le kif vers la Lybie. De là, une partie de la marchandise était écoulée sur le marché local, et une autre prenait la destination de l'Europe via des bâteaux de la marine marchande, avec la complicité active de partenaires libyens, des responsables sécuritaires. L'autre partie de la marchandise, Kif traité et cocaïne, était acheminée vers les ports européens, espagnols, français et italiens, entre de nombreux autres. Une grosse partie passait par les ports de pêche algériens, de l'extrême-est, à l'extrême-ouest, et était livrée par des « pêcheurs » algériens, à leurs collègues d'autres nationalités, en haute mer. Et Zendjabil, dans ses déclarations au juge d'instruction, lui apprit que le grand patron de ce juteux négoce, était le Général Major Kamel Abderahmane. Il donna des détails sur les réseaux, dont les têtes étaient presque tous des officiers supérieurs de l'Armée, et particulièrement du DRS. Une autre révélation qu'il fit, est qu'il y avait une collaboration très active avec le GSPC, notamment avec Abderazak le para, pour la région Est du pays, et Mokhtar Bel Mokhtar pour le Sahara, dans les mêmes circuits que ceux de l'importation des cigarettes de contrebande. Il révéla, par ailleurs, que la collaboration avec les « terroristes » avait été activée depuis la création du GIA. Puis, ce fut la bombe! L'argument qu'utilisait Zendjabil pour avoir le droit de bénéficier des dispositions amnistiantes pour les repentis. Il déclara donc, qu'ikl était sous les ordres du Général-Major, et d'autres chefs de l'armée, non seulement pour être leur facade dans le trafic des stupéfiants, mais aussi pour transmettre des consignes, des armes et de l'argent à des GIA, puis au GSPC. Voici, de façon lapidaire l'affaire Zendjabil, que j'ai traité, en 2006, dans plusieurs articles, parus, pour la plupart sur Algéria Watch. En 2002, alors que je me trouvais encore en Algérie, j'avais réussi a faire passer un article sur Liberté, intitulé » Le grand Maghreb du Kif, où j'avais clairement déclaré que les services de sécurité étaient la cheville ouvrière du trafic du kif, en collaboration avec des « terroristes » islamistes. Cela valut de gros ennuis au Directeur de la Rédaction de l'époque, qui ne tarda pas à quitter le journal, et des ennuis encore plus sérieux pour moi, qui se compliquèrent au fil des mois, au point où je n'eus plus d'autre choix que de quitter le pays (Voici le lien de cet article: http://www.liberte-algerie.com/edit_archive.php?id=4526) Voici le lien d'un autre, qui donne plus de détails, et qui a été publié, en 2006, par Algéria Watch : http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/benchenouf_kif.htm Il faut saluer au passage, le courage admirable de Kada Heziel, Directeur de l'Action Sociale de la wilaya d'Oran, qui avait éventé l'affaire, et qui avait écrit une lettre au président Bouteflika, pour dénoncer le Général Kamel Abderahmane. Il fut broyé, révoqué, jeté en prison. Son passeport lui fut retiré, et il dut subir, dans le silence des médias, la foudre du DRS. Le Wali Frik Bachir, son reponsable, se retrouva aussi en prison, pour des affaires de trafic du foncier urbain. Une pratique habituelle des Walis, qui n'est utilisé contre eux que dans des situations de règlement de comptes. Mais l'objet de cet article que je fais aujourd'hui, est de savoir ce qu'est devenu Ahmed Zendjabil. Où est-il ? Quelles ont été les suites qui ont été réservées à ses révélations ? Les preuves qu'il a apportées, sur l'implications de dizaines de grands commis de l'Etat, dont des officiers supérieurs, des chefs de sureté de wilaya, des magistrats, et tutti uanti du même genre, ont-elles été exploitées ? A-t-il, comme l'affirment certaines rumeurs, été placé en « protection », comme son acolyte Abderazak le para ? Est-il en isolement ? Est-il toujous vivant ? Pourquoi la presse « spécialisée » dans le règlement de comptes des clans rivaux, et qui a traité abondamment du sujet, de façon partielle, il faut le souligner, n'a-t-elle plus évoqué le sujet ? Est-ce parce que le Général Majour Kamel Abderahmane a été « évacué » ? L'heure est venue de déterrer le dossier. Je sais que des journalistes algériens, et des commis de l'Etat, intègres, mais bridés par le système, connaissent les détails de cette sombre affaire. Ils ont la possibilité de me les faire parvenir sous le sceau de la confidentialité. Si malgré l'inconfort de leur situation, ils veulent contribuer à montrer ce régime sous son véritable jour. D.Benchenouf