Yahia Bounouar In Radio Kalima Algérie A chaque fois que le régime est en danger, que la colère gronde, que la contestation prend de l'ampleur menaçant d'une manière ou d'une autre le régime, les informations sur les divisions au sommet se répandent avec tellement d'insistance que cela devient réalité. A tel point, qu'il n'est presque plus possible de ne pas se positionner. Après 2004, ou il fallait être pour Bouteflika ou pour Benflis, beaucoup y ont cru en s'engageant jusqu'au bout, en 2011, il faut être pour Bouteflika ou pour Toufik. Les théories sont bien rodées. Le postulat de base, celui qui définit tout dès le départ, consiste à faire accepter l'idée que l'on ne peut pas faire tomber les deux. Cela va même plus loin, selon ces experts en manipulation. Continuer à demander le départ de tout le système, reviendrait, en fait, à ne rien obtenir et au bout du compte à « souder les différents clans » et maintenir le système. Sic. Selon cette théorie très bien argumentée, il faudrait accepter, dans un premier temps, de ne s'opposer qu'à Bouteflika, source de tous les problèmes, pour les uns, ou au DRS et à Toufik, qui serait, au contraire la source de tous les blocages. L'intelligence, toujours selon ces éternels manipulés, dicterait donc de s'allier avec un camp contre l'autre. Et, promis juré, ensuite, une fois l'un des deux chassé, la démocratie tombera du ciel. L'opposition étouffée par Bouteflika, marginalisée par la mainmise du régime sur les médias (médias gouvernementaux mais également presse privée), déchirée par les incessantes infiltrations-divisions du DRS, éclatée avec de nombreux cadres en exil, tombe, en grande partie dans le piège. Cette opposition, largement affaiblie, se retrouve ainsi, coupée en trois. Ceux qui opte pour une « alliance » avec Bouteflika contre les militaires, ceux qui au contraire estiment que Bouteflika a pris le dessus sur les militaires et qu'il est lui même, le principal obstacle, et enfin, ceux qui, contre vents et marrées, continuent de penser qu'il est possible de se défaire des deux en même temps et donc du régime politique dans son ensemble. Mais la manipulation ne s'arrête pas là. Sa continuation logique, à laquelle nous assistons, du reste, c'est que ces différentes options ainsi que les acteurs qui les portent, sont en train de se neutraliser les uns les autres. Chaque camp proposant sa solution et surtout accusant l'autre, soit de se mettre au service d'un clan du pouvoir, celui d'en face, bien entendu, soit surtout d'adopter une stratégie qui n'obtiendra rien en s'attaquant de manière frontale aux deux. Ce qu'il y a de plus dramatique, c'est l'entrée en scène de personnalités politiques, qui jusqu'à présent avaient fait preuve de lucidité et qui, aujourd'hui, s'engagent dans un sens ou dans l'autre en renonçant par conséquent à faire tomber le régime, comme cela s'est déroulé, sous nos yeux éblouis, en Tunisie et en Egypte. Ils acceptent, par la même, de ne changer le pouvoir que de l'intérieur et non pas de s'en débarrasser définitivement, pour le bien du pays et du peuple algérien. Les échanges pleins d'amabilités entre les deux ailes de la CNCD, sont un parfait exemple de la diversion. La presse, mais également, internet et les réseaux sociaux ( facebook, twitter, les sites d'informations aux ordres d'un clan ou d'un autre etc,,,) regorgent de plans et de contre plans, de polémiques, d'accusations de trahisons et « d'opposants » aux « opposants ». Cette stratégie de division, sur le plan stratégique, d'une opposition déjà mal en point, qui ensuite se neutralise elle même, sans que le régime n'ait grand chose à faire, si ce n'est ouvrir les colonnes des journaux qu'il contrôle et d'activer ses éléments infiltrés dans un camp comme dans l'autre, a quelque chose de déjà vu…..en 2004. Pendant ce temps, cette opération, qui n'a qu'un seul objectif : éparpiller la contestation, infantiliser l'opposition qui se chamaille en permanence, discréditer ceux qui revendiquent un changement de régime et finalement apparaître comme la seule alternative crédible. Revoilà la grande manipulation et hélas revoilà les mêmes manipulés d'hier et presque fier de l'être aujourd'hui. Bouteflika et Toufik, doivent bien se marrer. Lectures: