Mis en ligne Mercredi 8 Mai 2013, 21h11 Alors que les accusations de massacres se multiplient dans la zone côtière de Banias, internet est fermé en Syrie depuis mardi soir. Internet redémarre à Damas après une coupure de 24 heures Les liaisons téléphoniques entre les différentes régions syriennes ont repris également. L'agence officielle Sana avait évoqué mardi « une panne du câble de fibres optiques », assurant que des efforts étaient en cours pour rétablir les liaisons au plus vite. Le département d'Etat américain, qui avait fait état mardi de cette « panne » en s'appuyant sur des informations de sociétés américaines surveillant le trafic sur internet, a également confirmé le redémarrage du réseau mondial depuis la Syrie. Des massacres de populations sunnites se multiplieraient en Syrie dans la région côtière de Banias, au cœur du pays alaouite (la confession dont provient l'essentiel du régime au pouvoir à Damas), ville dont la moitié de la population est sunnite et avait manifesté son hostilité au régime dès le début de la contestation en mars 2011. Des images atroces circulent sur internet depuis quelques jours, montrant des accumulations de corps suppliciés, souvent d'enfants. Les chiffres qui circulent sont impossibles à vérifier. Le village sunnite d'Al -Bayda, près de Banias, aurait connu un véritable carnage perpétré par des milices pro-régimes le 2 mai. Des témoins citent les chiffres de 400 tués et 300 disparus. A Ras-Elnabe', près de Banias toujours, il y aurait mille tués pour une personne interrogée par Al Arabiya. Ce témoignage évoque la présence d'Iraniens parmi les tueurs. Dès jeudi dernier, l'Observatoire syrien des droits de l'homme parlait de 51 morts au moins. A Banias même, l'armée du régime a eu recours à des bombardements ciblés sur les quartiers sunnites. Une vidéo circule sur les réseaux sociaux depuis trois jours, dans laquelle un personnage turc très remonté, Mirhaç Ural, qui s'exprime dans un arabe impeccable avec l'accent syrien, explique notamment qu'il faut « nettoyer Banias des traîtres ». Internet coupé Hasard ou pas, la Syrie se trouve depuis mardi 7 mai à 18h45 GMT coupée d'internet. Pour les spécialistes, ce fait ne peut être que le résultat d'une décision du régime. De là à imaginer que des offensives, ou « nettoyages », de l'armée fidèle à Bachar el-Assad ou de ses milices supplétives ont lieu ou vont avoir lieu et que les témoins ne sont pas les bienvenus, il n'y a qu'un pas à franchir. Le régime, lui, parle d'une simple panne. Et internet semblait revenir peu à peu en soirée ce mercredi. D'aucuns craignent le début d'un vrai nettoyage ethnique pour faire fuir les sunnites des places-fortes alaouites de la montagne et de la côte dans l'Ouest syrien. Les alaouites représentent environ 10 % de la population syrienne. Pour une consœur contactée par Facebook à Beyrouth, « lemassacre est un message aux alaouites de la région : on oublie que Qardaha, ville natale de Hafez el-Assad et véritable symbole du régime, a été bombardée la semaine dernière par l'Armée syrienne libre, qui avance ses pions dans la montagne surplombant la côte (dont des parties sont contrôlées par le régime et d'autres par l'ASL). Le régime est fragilisé dans son fief, il ne peut pas rester sans agir. Il doit montrer qu'il contrôle la situation, rassurer les alaouites de la région ». Dans ces circonstances toujours plus dramatiques, l'annonce ce mercredi que Russes et Américains proposent une « conférence internationale » pour réunir le régime et les rebelles à la même table semble surréaliste.Comme le dit le prêtre jésuite Paolo Dall'Oglio qui a passé 30 ans en Syrie avant de s'en faire expulser l'an passé, aurait-on été prêt à discuter avec Hitler en 1944 ?