Le président Barack Obama a affirmé, avant-hier, ne pas prévoir a priori d'envoyer des soldats américains sur le territoire syrien, s'il était prouvé que le régime de Bachar al-Assad avait eu recours à son stock d'armes chimiques. " Je n'envisage pas de scénario dans lequel des soldats américains sur le sol syrien seraient une bonne chose pour les Etats-Unis, et même une bonne chose pour la Syrie ", a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse avec son homologue costaricienne, Laura Chinchilla à San José, où il effectue une visite de 24 heures. M. Obama, pressé d'agir plus fermement dans ce dossier depuis que son administration a évoqué pour la première fois la semaine dernière l'usage d'armes chimiques par le régime Assad, ce qui constituerait selon la terminologie américaine une ligne rouge, s'est toutefois gardé une marge de manœuvre. " En général, je n'exclus rien en tant que commandant en chef (de l'armée américaine), parce que les circonstances changent, et il faut être sûr que je dispose toujours des pleins pouvoirs des Etats-Unis pour défendre les intérêts de sécurité nationale américains ", a-t-il affirmé. L'armée pilonne des zones sunnites de la cité de Banias L'armée syrienne a bombardé avant-hier, pour la première fois, des quartiers sunnites de Banias, une ville côtière de l'ouest du pays, et des tirs nourris d'armes automatiques étaient entendus, a affirmé l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme (OSDH). Certains quartiers du sud de Banias, comme ceux de Ras al-Nabaa et Ras al-Rifaa, sont bombardés par les troupes régulières et les soldats aux barrages militaires, disséminés dans la région, ont ouvert le feu, a ajouté cette ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants à travers le pays. Dans la campagne au sud de la ville, les soldats mènent une campagne de perquisitions et d'arrestations provoquant la panique chez les habitants. " Je crains qu'il n'y ait un massacre à Banias comme celui qui s'est produit, jeudi, à Bayda ", a affirmé le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane. Au moins 50 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées par l'armée syrienne et ses supplétifs à Bayda, à la périphérie sud de la ville portuaire de Banias (nord-ouest), selon l'OSDH. La ville de Banias compte 40 000 habitants dont 50% de sunnites, 45% d'alaouites et le reste sont des chrétiens et des Ismaéliens, selon le chercheur français, Francis Balanche, qui a fait sa thèse sur cette région. Les villages sunnites du sud de Banias abritent entre 15 000 et 20 000 personnes. Le village de Bayda compte 6 000 habitants environ. Les sunnites sont très minoritaires à l'échelle de la province de Tartous, dont fait partie Banias, et sont surtout concentrés en ville. Il y a moins de 10% de sunnites, 8% de chrétiens, 2% d'Ismaéliens et 80% d'Alaouites, la religion du chef de l'Etat Bachar al-Assad, a précisé M. Balanche. Un journaliste américain porté disparu Le journaliste américain James Foley, porté disparu depuis six mois en Syrie, serait détenu par des agents des services du renseignement syrien dans un centre de détention près de Damas, a déclaré avant-hier un porte-parole de sa famille à Boston. Ce reporter indépendant de 39 ans, qui a fourni des reportages pour le GlobalPost, l'Agence France-Presse et d'autres médias internationaux, a été enlevé dans le nord-ouest de la Syrie le 22 novembre 2012 et n'est plus réapparu depuis. Nous pensons que Jim a vraisemblablement été arrêté par un groupe de miliciens pro-régime, connu sous le nom de Shabiha, et qu'il a ensuite été livré aux forces gouvernementales syriennes, a affirmé lors d'une cérémonie le P-DG et cofondateur du média en ligne GlobalPost, Phil Balboni, qui fait également office de porte-parole de la famille de M. Foley. Nous avons obtenu de multiples rapports indépendants provenant de sources confidentielles très crédibles ayant un accès direct et indirect, qui confirment notre évaluation que Jim est à présent détenu par le gouvernement syrien, a-t-il ajouté. Ces nouvelles informations sur James Foley nous confortent dans l'espoir de le voir recouvrer la liberté aussi vite que possible. Il est plus que temps que James soit rendu à sa famille et à ses proches, a déclaré le P-DG de l'Agence France-Presse, Emmanuel Hoog. " En cette Journée mondiale de la liberté de la presse, je lance un nouvel appel à tous ceux qui pourraient contribuer à un tel dénouement, et en particulier aux autorités syriennes ", a ajouté M. Hoog dans un communiqué. Selon M. Balboni, le centre de détention où James Foley serait retenu est situé près de la capitale Damas dans une zone toujours contrôlée par le régime. James Foley, un journaliste expérimenté ayant travaillé dans de nombreuses zones de conflit, a été arrêté le 22 novembre par des hommes armés dans la province d'Idlib, dans le nord du pays, selon des témoins, et il n'a pas été revu depuis.