Youès Djama mercredi 3 juillet 2013 Pour le professeur Aktouf, invité aujourd'hui du direct de Maghreb M., la radio web de Maghreb Emergent, cette décision est tout le contraire de ce que font les pays émergents, qui dépensent sans compter pour une formation de haut niveau de leurs futurs cadres. La décision du président Abdelaziz Bouteflika en 2004 d'interrompre l'octroi de bourses d'études à l'étranger aux étudiants algériens a été « une catastrophe » selon Omar Aktouf professeur de HEC Montréal (Canada), invité aujourd'hui du direct de la Maghreb M, la radio web de Maghreb Emergent. A la question de savoir s'il considère que cette décision a été une « erreur stratégique », M. Aktouf a répondu sans ambages: « C'est une catastrophe. C'est même le contraire absolu de ce que font les pays émergents. Quels sont nos moyens à nous pour former des ingénieurs du niveau des ingénieurs chinois, japonais ? Comment et avec quoi ? Avec quel matériel, quels laboratoires et quels professeurs? ». Le Brésil, a dit le professeur Aktouf, a mis en place un programme auquel il participe, lui, indirectement, et qui consiste à envoyer 5.000 diplômés du supérieur étudier aux quatre coins du monde avec des bourses très conséquentes : « Le vrai problème est que nous, diaspora, on nous a dégoûtés, écœurés. On en a vu des ministres passer et repasser et nous promettre... Il y a même un ministre à qui on a dit à une table où nous étions à peu près 5 managements : ‘'Nous pouvons tenir une école de business et de gestion de très haut niveau en Algérie. Mais une école de gestion alternative et pas une école qui répète le modèle de Harvard et le modèle américain qui est en train de mourir. La dette américaine dépasse de 20% à 30% le PIB US. » C'est en 2004 que la président Bouteflika a décrété la fin des bourses à l'étranger pour les diplômés algériens. « Le peuple ne va pas semer pour que les autres récoltent, c'est mon message aux nouveaux bacheliers», a-t-il déclaré alors, à l'occasion de portes ouvertes sur l'enseignement supérieur en Algérie. Et ce même s'il a reconnu l'indigence de la formation et la faiblesse du système éducatif. A partir de 2008, Abdelaziz Bouteflika a décidé d'annuler l'octroi des bourses d'étude à l'étranger aux meilleurs lauréats du baccalauréat en Algérie. L'ancien ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a justifié sa décision par le fait que les bacheliers ayant bénéficié de telles bourses ne sont pas revenus en Algérie après avoir achevé leurs études.