Londres le 11 novembre 2013 Contrairement a la vision utilitariste des adeptes de la participation politique aux cotés des régimes totalitaires, j'essayerai de développer dans ce billet certaines idées suggérant un modèle morale de protestation politique. La raison principale et le motif pour contester ces régimes sont fournis par la transgression continue des limites de la concession qui met en péril l'identité spirituelle des individus et des groupes d'individus. Les principes présupposés de la protestation politique, ne devraient en aucun cas inspirer des calculs en termes d'intérêts égoïstes et utilitaires L'action visant, au delà du renversement d'un régime illégale, sans perspective de profits personnels, est a appréhender en termes de valeurs morales, à mettre un terme définitif aux manifestations extrêmes et aux pires excès du système. Il existe trois formes essentielles de s'opposer aux régimes totalitaires : la résistance passive clandestine, les manifestes protestations pacifiques et la lutte armée. La première forme d'action résulte, dans un certain sens, dans la combinaison de calculs utilitaristes et d'axiologiques considérations. L'opposition effective, quand elle existera en Algérie, se doit d'admettre publiquement coopérer avec le régime avec le vœu inavoué d'opérer en douceur un changement graduel de l'intérieur, lorsque cela est possible. Un tel scenario est envisageable dans les conditions, où ce modèle est adopte par les gens, que mes amis de LQA ne cessent d'appeler les « hommes intègres» occupants des positions aussi honorables dans les institutions de ce système de répression Dans ce compromis avec le système, ces hommes intègres, qui j'en doute personnellement de leur existence, tolèrent le mal afin d'éviter la punition et sacrifient les valeurs morales pour le profit matériel. Il relèverait du non sens de croire que la souveraineté reviendra au peuple par l'entremise de la néo-armée nationale et populaire ou du tyrannocrates d'El-Mouradia ou des stchroumpoufs de l'opposition. La seconde alternative de ce modèle de protestation politique est une évidente opposition au régime, voire dissidence. Le désaccord avec les différentes politiques du système doit être ouvertement déclaré, une position critique clairement affichée et une approche idéologique redéfinie. Dans de pareilles circonstances la protestation politique va démontrer qu'il existe des limites au calcul utilitaire que bien des intellectuels intervenants même sous l'inextricable anonymat affectionnent. Peu importe c'est le niveau de la contestation que nous allons essayer d'aborder. Depuis des années nous faisons concessions après concessions au régime afin d'éviter les conséquences d'une confrontation directe. Une fois les limites de la nature humaine éprouvées, les défis au totalitarisme s'imposent, sans égard a la brutalité de sa réaction. Evidemment, cela n'implique pas l'éruption d'émeutes ou ériger des barricades. Je suppose qu'atteindre la limite de la concession, c'est n'avoir plus rien à céder. N'avoir plus rien à céder revient a dire que le peuple algérien a perdu sa raison d'exister. Ceux qui s'opposent au totalitarisme et ne choisissent pas l'une des options citées plus haut, n'ont d'autres alternatives que celle de recourir au seul langage que les dictatures militaires comprennent le mieux. Une position de risque et d'incertitude plutôt que de confiance. Dans le cas qui nous intéresse, sans avoir a me prononcer sur la légitimité de l'action armée, le régime a acculé la protestation a cette réaction de désespoir. Cet épisode de notre histoire, qui a fait perdre a l'algérien sa dignité, ne mérite pas d'être investigué ici comme un fait anodin. Quand bien même je juge personnellement, qu'au lieu de s'échiner a remettre, sans être qualifier, l'horloge de l'histoire a l'heure, il est vital de s'attaquer aux taches de survie. Pour ma part, j'accorde a tous les historiques des circonstances atténuantes quel que soit le niveau d'égarement de chacun dans la lutte contre l'occupant étranger. Inversement, il est tout de même troublant de reléguer au second plan un pouvoir usurpateur, illégale et illégitime, étranger au peuple dans son identité, dans sa culture et dans sa langue, qui a institué l'extermination physique de pures enfants du pays, fiers de leur nationalité et de leur religion Les représentants du régime eux-mêmes conscients de ces limites, recourent a la provocation qui consiste a produire des faits ou des situations que certains groupes acquis jugeraient comme une insulte ou insupportable, et permettraient aux forces de répression de contrevenir au sens de l'honneur et a la dignité du citoyen. . Je ne termine pas sans rappeler qu'il y a des moments très précis dans nos vies où nous devons prendre conscience de notre passé, c'est précisément ce qu'il est, et nous ne pouvons le changer. Mais nous pouvons changer l'histoire que nous nous racontons a ce sujet. En faisant cela changerons nous l'avenir de nos descendants ? Autrement, c'est expressément la menace de violence physique au dessus de leurs têtes.