Nous avons ce qu'on appelle le Pouvoir, cette machine qui nous gouverne, dont les figures changent, sans que rien ne change, que l'on aime ou que l'on n'aime pas. Nous avons le peuple avec ses trabendistes gros et petits, ses patrons d'entreprises, ses cadres, ses travailleurs, ses chômeurs et tout ce qui fait un peuple. Nous avons des partis connus et d'autres inconnus. Mais, surtout, nous avons des personnalités, beaucoup de personnalités, qui de temps en temps sortent on ne sait d'où pour parler du pouvoir, des partis et de nous. On ne sait pas de quoi elles vivent, ni ce qu'elles font quand elles ne parlent pas. Cela peut n'avoir aucune importance, comme cela peut en avoir une. Cela dépend de ce qu'elles disent et de l'intérêt qu'elles suscitent au sein du peuple. Parmi elles, celles qui occupent le plus les médias sont celles qui étaient au pouvoir et qui en sont sorties, on ne sait comment. Il faut dire que quand on est une personnalité issue du pouvoir on n'a pas besoin de prouver son intelligence ou sa perspicacité. Parce qu'on a cette aura que confère ce privilège de ne pas avoir été le peuple et de continuer à ne pas l'être. On n'a pas, tout autant, besoin d'avoir un parti. On se suffit à soi-même, on est une institution dans toute sa plénitude. Ordinairement, ces caractéristiques doivent être accompagnées d'une longue carrière, jalonnée de réflexions et d'écrits qui auront traversés la société. Chez nous, rien de tout ça. Comme on bon vieux temps du mouvement national où l'équation était simple à résoudre, l'indépendance, on ne ressent pas le besoin de comprendre ce qu'il y a à faire et comment le faire. On simplifie.