Dans une oraison funèbre publiée aujourd'hui, Kamel Daoud relaie Salima Tlemçani et le colonel Mohamed Khalfaoui : » La fin humiliante des généraux janvieristes...la fin du DRS, ses forces, ses hommes, son sigle et ses habitudes (...) conduira, aujourd'hui à offrir un pays à Echourouk et à baisser le pantalon devant le Kamis. Le FIS a pris sa revanche et Bouteflika a pris sa revanche » fin de citation. Lorsque Fujimori et Montesinos au Pérou, leurs acolytes chiliens, Augustino Pinochet, Manuel Contreras, Eugenio Berrios et leurs complices argentins Galtieri, Roque, Nicolaides et Mason, pour ne parler que des principaux criminels, ont été virés et pour la plupart d'entre eux déférés devant les tribunaux et condamnés à de lourdes peines de prison, personne n'a parlé de revanche de la Gauche. A l'unanimité tous ont admis et bien accueilli le retour à une vie politique normale, le retour à l'expression et le choix libres du citoyen, le retour de la souveraineté de la loi après tant d'années passées dans les geôles à subir les pires sévices des bourreaux sous le regard sadique des idoles du chroniqueur. Dans tous ces cas, ces assassins ont été inculpés pour crime. Mais comment en sont-ils arrivés là ? Seul le sang, pensait-on, pouvait vaincre les résistances à la doctrine des Chicago boys. Et une fois le néolibéralisme fut consacré vainqueur presque partout en Amérique du Sud, la piétaille des généraux tortionnaires, racketteurs, violeurs, devenait inutile. Les dieux du chroniqueur sont alors déclarés encombrants, pénibles rien qu'à les voir. Il est maintenant connu que les bourreaux, une fois leur mission terminée, passent de sales quarts d'heure. C'est la règle. C'est la règle parce que les lourds handicaps qu'ils traînent doivent encore servir. Ils deviennent alors un excellent bois de chauffe, un objet à usage thérapeutique pour mettre un terme au traumatisme collectif qu'ils ont fait subir aux millions de gens. Et c'est sur leur dos que le nouvel ordre économique qu'ils ont violemment servi arrive à se blanchir. Ce n'est donc pas une vengeance.