Profitant de la présence de membres du gouvernement, les parlementaires ont transformé les débats sur le projet de loi de finances en forum de doléances. Les parlementaires tentent de sauver la mise. Fustigés par la population suite aux dernières augmentations de leur salaire, les élus se sentent, quelque part, culpabilisés. Ils veulent se refaire une virginité jouant ainsi «les saintes-nitouches». Les débats sur le projet de la loi de finances 2009, entamés depuis mardi, ont été pour eux l'occasion de revenir à la charge de leur engagement. Chômage, pauvreté, harraga, pouvoir d'achat, manque de prise en charge des populations locales, ce sont là les différentes questions soulevées par les uns et les autres. Les parlementaires ont détourné leur attention du projet de la loi de finances pour se focaliser sur le social. Ils ont concentré leurs interventions beaucoup plus sur les préoccupations de la population locale. Alors qu'ils sont censés examiner la politique budgétaire pour l'année 2009, les députés se sont contentés de quelques remarques pour plancher ensuite sur le quotidien des citoyens. Populisme oblige! Profitant de la présence de membres du gouvernement, les parlementaires ont transformé les débats en forum de doléances et de réclamations. Sachant que les débats sont retransmis par la télévision, chaque député a mis en exergue les difficultés de sa région: l'électrification, le gaz, l'eau, les établissements sanitaires et scolaires étaient sur toutes les langues. Tout en reconnaissant l'importance des mesures introduites à cet effet dans la présente loi, les députés estiment que ces actions restent insuffisantes pour répondre aux préoccupations des citoyens. Ils ont même interpellé le gouvernement, l'incitant à présenter un bilan détaillé des dépenses réalisées. Au deuxième jour consécutif, la séance parlementaire s'est poursuivie sur les mêmes thèmes. Les députés ont tenté de jouer au contrôleur en relevant la question des enveloppes faramineuses dégagées par l'Etat. Ainsi, le secteur de l'agriculture a capté l'intérêt des élus, lesquels étaient nombreux à soulever les difficultés d'accès aux crédits bancaires. Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de relancer le secteur, pour assurer l'autosuffisance alimentaire du pays et mettre un terme à la dépendance de l'économie nationale du secteur des hydrocarbures. Ils ont appelé le ministère de l'Agriculture à ouvrir des laboratoires de semences et à effacer la dette des petits paysans. Du fait que la campagne de semence vient de commencer, les élus du peuple ont relevé cette problématique et veulent se racheter auprès de leur population. Ils envisagent d'ailleurs de proposer au gouvernement d'augmenter le salaire national minimum garanti à 35.000DA. «Nous avons élaboré une série de propositions dont l'augmentation des salaires», nous a confié hier le député PT, Ramdane Tazibt, en marge des débats sur le projet de loi de finances 2009. Cette préoccupation est partagée, selon lui, par l'ensemble des élus. «Les députés sont d'accord sur le principe de l'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens», a-t-il dit, rappelant la colère qu'a suscitée la revalorisation des indemnités des députés. Selon lui, la fourchette de 35.000DA est le minimum du revenu nécessaire à une famille de cinq membres qui vit des produits locaux. Cette fourchette, précise M.Tazibt, est basée sur une étude élaborée par la Centrale syndicale et les partenaires économiques. La réduction de la taxe sur les véhicules neufs est un autre champ de bataille sur lequel insistent les députés qui comptent faire un forcing afin que le gouvernement revoie le montant à la baisse. Ces derniers jouent sur les deux tableaux pour regagner la confiance des citoyens. Il reste à savoir si les députés réussiront leur coup devant l'entêtement du gouvernement à maintenir la taxe. Par ailleurs, dans les coulisses, les députés ne cachent pas leur gêne quant au tapage qu'a provoqué l'augmentation de leur salaire. «Nous sommes très mal vus par les citoyens», a confié un groupe de députés. «Depuis l'augmentation des indemnités on est fustigés par tout le monde, les médias, les citoyens tous nous la reprochent», a martelé un député du parti majoritaire. Nadia BENAKLI