Les députés du Parti des travailleurs, qui ont voté contre l'adoption de l'ordonnance 03-08, estiment que l'augmentation de près de 300% des salaires des parlementaires “constitue une provocation à l'encontre de la majorité de la population”. Ils ont rappelé que la même Assemblée a rejeté la proposition inhérente à la revalorisation “du SNMG à 25 000 dinars (environ 7% des nouveaux salaires des députés), d'instituer le revenu minimum d'insertion (RMI) pour les primo demandeurs d'emplois et d'augmenter les indemnités des handicapés”. Pour les élus du parti dirigé par Louisa Hanoune, il est indécent de dire que les enseignants qui réclament un salaire de 100 000 dinars exagèrent. Ils considèrent alors que “cette augmentation constitue un danger pour le multipartisme, car dénaturant profondément le rôle du député”. La vision du groupe parlementaire RCD est légèrement nuancée. Noureddine Aït-Hamouda, vice-président de l'APN, nous a expliqué que son parti vote, par principe, contre tous les projets d'ordonnance. “Pourquoi passer des lois sans débat, alors que notre fonction est de les débattre ? Le président de la République légifère par ordonnance dans l'urgence. La loi de finances complémentaire et la révision de la loi relative au membre du Parlement ne constituent pas des urgences”, a-t-il commenté. Globalement, le groupe parlementaire du RCD juge que “le problème du parlementaire réside non pas dans la réévaluation du point indiciaire, et donc de son salaire, mais plutôt dans l'absence d'un statut”. À ce propos, il redoute l'élargissement du gouffre qui sépare les gouvernants des gouvernés, “alors que le pays n'est pas encore guéri de plusieurs maux, dont l'absence de démocratie en est le principal moteur”. Afin de redresser un tant soit peu la situation, les députés RCD promettent d'initier une proposition de statut du parlementaire. S. H.