La municipalité de la ville de Khemis-Miliana vient de lancer une vaste opération de maquillage sur le tronçon de la RN 4 qui traverse la ville d'est en ouest en couvrant les poteaux électriques déjà existants et fonctionnels de cordons en spirales lumineux aux couleurs de l'emblème national, rouge, vert et blanc, et ce, sur une distance de quelque 800 m, donnant ainsi une perspective certes agréable à voir et un plus de lumière de ce parcours allant de l'entrée ouest jusqu'à la gare routière avec un projet d'extension de ce lifting jusqu'à l'entrée est de la ville. Il s'agit donc là d'apporter plus d'éclairage aux milliers d'automobilistes qui ne leur est pas indispensable puisque chaque véhicule possède son propre éclairage. Même si tout le monde trouve que ces luminaires sont un plaisir pour les yeux, il n'en demeure pas moins que cette opération qu'on qualifie de «tape-à-l'œil» n'a pas manqué de soulever de sévères critiques de la part des habitants de la grande majorité des quartiers de la ville. Certes, on trouve que le spectacle qu'offre cette perspective lumineuse est beau mais unanimement on considère que cette opération relève du pur superflu eu égard à la détérioration galopante du cadre de vie de la population et du centre et de la périphérie de la ville. D'abord sur le plan de l'éclairage, des pans entiers de la ville sont dans le noir dès la nuit tombée. Dans le centre de la ville, le boulevard M'Hamed-Bougarra est parcimonieusement éclairé par endroits et son prolongement, la rue Belssaâdi-Abdelkader, plongé dans les ténèbres depuis des mois. Alors que dire des quartiers comme Souamaâ, cité des Jardins, Dardara, Souffay pour ne citer que ceux-là ? Cette opération de maquillage pour mettre plein la vue aux usagers de la RN 4 est-elle prioritaire quand le commerce informel étend ses tentacules en toute quiétude à tout le centre ville et l'étouffe ? Que dire du cadre de vie des citoyens quand la ville croule sous la saleté et les ordures ? Que dire des rues défoncées qui n'ont pas été aménagées depuis des décennies, des remises en état qui n'ont pas été faites ou qui ont été mal faites après divers travaux ? Que dire de l'achèvement du siège de l'APC qui traîne d'une échéance à une autre depuis des années ? Que dire des écoles qui souffrent du manque d'entretien et de réhabilitation ou des toilettes pour enfants qui n'ont pas de portes ? Que dire de ces espaces verts que les moutons ont broutés, moutons que possède un particulier de la cité Dardara qui a eu l'outrecuidance d'installer un râtelier pour sa bergerie au bas des immeubles, au grand dam des habitants ? Que dire des traversées des rues pour les piétons qui n'ont pas été repeints depuis des années ? De ce fait, de très nombreux citoyens pensent que cette opération que l'APC a engagée à coups de dizaines de millions relève de l'incurie de son exécutif. Est-ce une opération «poudre aux yeux» pour une certaine galerie ? Quels sont ses enjeux ? Ses intentions ? C'est ce que se demandent les citoyens, des citoyens qui ne sont pas dupes ni démunis de sens critique. On signalera, au passage, aussi que, faute de subvention, le club de foot de la ville, né au milieu des années 1930, a été sauvé in extremis grâce à l'intervention de certains responsables locaux. A noter que l'actuel P/APC est le 4e durant ce mandat, 2 d'entre eux ayant démissionné et un autre, objet de poursuites judiciaire, a été démis de ses fonctions. Le vieil adage populaire ne dit-il pas : «Toi qui es embelli de l'extérieur, quel est ton état intérieur ?»