Le Premier ministre a indiqué à l'ouverture de la session parlementaire que son gouvernement compte réviser la loi sur la monnaie et le crédit afin de pouvoir disposer de moyens de «financement non-conventionnel». Les spécialistes qui se sont exprimés sur le sujet restent divisés sur la question. Le gouvernement est à la recherche de nouvelles sources internes de financement du budget de l'Etat. Cette semaine, à l'ouverture de la session parlementaire, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a évoqué la possibilité du recours au «financement non-conventionnel». C'est-à-dire, faire fonctionner la planche à billets. Et pour ce faire, il compte réviser la loi sur la monnaie et le crédit, qui limite la création monétaire à 10% du déficit du Trésor public, afin d'avoir la latitude de créer plus de dinars. Mais, les économistes qui se sont exprimés, à travers les médias, restent divisés sur la question. En effet, le professeur de la Toulouse School of Economics, Nour Meddahi, a estimé dans une déclaration au journal électronique Tout sur l'Algérie (TSA), que, dans l'état actuel des choses, le recours au financement non-conventionnel qui repose sur la création monétaire peut être une alternative à l'endettement extérieur. Il a expliqué que «tant que le dinar est très surévalué et que nous avons d'énormes déficits budgétaires et de balance de paiements, l'endettement serait suicidaire». Et d'ajouter que «la Banque d'Algérie pourrait, une fois la loi sur la monnaie et le crédit modifiée, financer le déficit du Trésor au-delà des 10% par l'achat de bons de Trésor, des titres qu'elle pourrait revendre sur le marché secondaire si ce dernier se développe bien». Mais, Samir Bellal, professeur d'économie à l'université de Tizi-Ouzou, cité par Maghreb Emergent est d'un autre avis. Pour lui, dans le cas algérien, ces bons de trésor ne peuvent être que «des actifs de moins bonne qualité». Or, a-t-il souligné, «la création monétaire peut être une bonne chose aux Etats-Unis ou dans l'Union européenne». Pas en Algérie. «Elle serait une bonne chose si notre monnaie était le dollar ou l'euro. Si tel était le cas, en effet, elle n'aurait probablement pas d'effet sur le niveau des prix parce que le dollar et l'euro sont des monnaies particulières: elles sont des monnaies d'échange et de réserves internationales», a-t-il déclaré. Et de conclure qu'il serait plutôt irresponsable de recourir à la planche à billets : «Aucun économiste qui se respecte ne vous dira que dans le contexte qui est le nôtre, le recours à l'imprimerie de la Banque centrale est une mesure responsable (...) Il y a des risques réels d'inflation et des effets déstabilisateurs sur l'ensemble de l'économie (...) C'est une fuite en avant.»