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Une incohérence dans la démarche du gouvernement le premier ministre avait évoqué le recours à l'emprunt obligataire et évenTuellement à la banque centrale
Lors de son passage mercredi au Parlement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est distingué par une forte déclaration qui dit une chose et son contraire. Dans une déclaration en marge de la cérémonie d'ouverture de la session du printemps du Parlement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a prôné un nouveau modèle économique basé sur le financement en dinar de tout ce qui est finançable en dinar, annonçant le lancement, en avril prochain, d'un emprunt obligataire national qui devrait financer le déficit ou une partie du déficit budgétaire de l'Etat. Or, en se voulant rassurant sur les équilibres macroéconomiques du pays dans ce contexte marqué par l'amenuisement des recettes en devises – conséquence, faut-il le rappeler, de l'effondrement des prix du pétrole –, il s'est plutôt tiré une balle dans le pied. Ainsi, Abdelmalek Sellal, au lieu d'avancer des arguments plaidant en faveur de la stabilité de la monnaie nationale, a évoqué le recours à l'endettement auprès de la Banque centrale. Ce qui veut dire, en clair, que l'Etat pourrait, au besoin, faire marcher la planche à billets. Or, faut-il le souligner, une telle entreprise engendre, inexorablement, une forte dépréciation de la monnaie. Ce qui n'est pas pour rassurer les prêteurs potentiels, malgré le taux d'intérêt annoncé par le Premier ministre pour cet emprunt obligataire qui, d'ailleurs, est des plus incitatifs : 5%. Parce qu'il faudrait de solides garanties sur la valeur du dinar pour convaincre les prêteurs. Sinon ce serait un prêt à taux zéro, voire à perte. En effet, le Premier ministre, qui n'a pas précisé le montant de l'emprunt obligataire à lancer le mois prochain, n'a pas exclu cette éventualité : "Nous avons, aussi, la possibilité de recourir à l'article 46 de la loi sur la monnaie et le crédit." L'article en question stipule que "sur une base contractuelle, et dans la limite d'un maximum égal à 10% des recettes ordinaires de l'Etat constatées au cours du précédent exercice budgétaire, la Banque d'Algérie peut consentir au Trésor des découverts en compte courant dont la durée totale ne peut excéder 240 jours, consécutifs ou non, au cours d'une année calendaire". C'est-à-dire, à moins d'un décollage économique en mesure d'élargir l'assiette fiscale dans l'immédiat, le remboursement va amputer le pouvoir d'achat des citoyens qui vont voir la valeur de leurs dinars fondre comme neige au soleil à cause de l'inflation que vont provoquer ces avances. En un mot, si le but visé de cet emprunt obligataire est d'absorber une partie des liquidités thésaurisées ou en circulation dans la sphère informelle de l'économie après l'échec de l'opération dite de "mise en conformité fiscale", c'est raté. Si cette opération a péché par son cadre peu incitatif, la rémunération des obligations de l'Etat, fixée à 5%, est sujette à caution. Heureusement pour le citoyen que la loi sur la monnaie et le crédit a encadré le recours à la création monétaire et le Trésor n'est pas autorisé à s'endetter sans limite. Parce que l'économie algérienne n'est pas encore sortie de sa dépendance aux hydrocarbures et ce sont les recettes des exportations des hydrocarbures qui déterminent jusqu'à présent l'offre de la monnaie ainsi que sa valeur. Il faudrait concevoir des mécanismes suffisamment incitatifs pour attirer l'épargne, constituée aussi bien dans la sphère formelle qu'informelle de l'économie, vers l'investissement productif. Autrement, les épargnants continueront à placer leur argent dans des monnaies refuges (or, devises, immobiliers). Quant à l'investissement dans les obligations de l'Etat, sans qu'il y ait une croissance hors hydrocarbures soutenue, il équivaut à une partie de poker... Lyas Hallas