Dans la nouvelle politique du pays de substituer, en urgence, les revenus pétroliers par la collecte d'argent provenant d'autres activités économique autres que l'exploitation effrénée des gisements pétroliers et gaziers, les services des forêts veulent engranger leur part. Le moyen d'y parvenir est tout trouvé : mettre en concession les biens forestiers que l'Etat leur a confiés. Pour ce faire, cette institution met sur le marché de la concession (amodiation) 72 000 hectares du domaine forestier à mettre en valeur, 43 forêts récréatives à exploiter, le droit de récolter du bois, du chêne-liège et d'autres produits forestiers. Rappelons que l'article 2 de la loi 84/12 relative au régime des forêts stipule que «le patrimoine forestier est une richesse nationale», par conséquent, la forêt est source de revenus et accessible à tous les Algériens. Est-ce que cette politique de cession va se faire dans la transparence ? C'est l'inquiétude des citoyens, intéressés par cette formule, que nous avons transmise, hier, à Khedra Achour, sous-directrice des biens et services forestiers au niveau de la Direction générale des forêts qui a animé avec sa collègue Sabrina Rachedi, sous-directrice du reboisement, une conférence de presse. L'oratrice se veut rassurante. Pour elle, l'affectation d'un bien inscrit dans le domaine forestier passe par un processus impliquant diverses institutions dont les walis et même les instances gouvernementales quand il s'agit de la concession d'une forêt récréative. Pour le prix de cette concession, il est calculé et arrêté par les services des Domaines. Mme Achour nie le fait que des parcelles de forêts aient été concédées à des citoyens dans le cadre de la mise en valeur pour leur exploitation à caractère agricole, lesquels citoyens ont vite fait de les transformer en carrières d'agrégats, d'argile, de tuf ou d'autres minerais dont l'extraction est plus juteuse. Elle ne s'est pas trop avancée sur les terres forestières indument occupées. Elle impute cette situation à la décennie noire, qui, selon elle, a chamboulé le monde rural. La sous-directrice des biens forestiers veut surtout encourager les investisseurs dans le domaine de la culture ou de la récolte des herbes médicinales. Elle n'a de cesse répété son appel. «Dans le domaine des herbes médicinales, il y a un énorme potentiel et surtout une immense demande. L'appel est lancé aux citoyens désireux d'investir dans cette filière. Toutes les facilités leur seront accordées.» Sonatrach en bon écologiste En prenant connaissance du bilan de 2017 du programme de reboisement national, on pourrait se dire que la plus grande firme de l'Etat ne pense pas qu'au pétrole et au gaz, elle s'investit également dans la préservation écologique du pays. Elle est, en effet, l'instance qui a le plus sponsorisé, en 2017, dans le domaine de la régénération des forêts du pays. Selon le bilan que nous a communiqué Sabrina Rachedi, grâce à ce sponsoring de Sonatrach, pas moins de 407 000 cèdres, caroubiers, pin de pignon, cyprès, peupliers, pins maritimes et platanes ont été plantés dans 19 wilayas. Loin derrière, l'ANP n'a planté, toujours en 2017, dans le cadre du volontariat, que 25 000 plants. Quant à l'ANBT (Agence nationale des barrages et transferts), elle s'est occupée des versants de ses barrages où elle a mis sous terre, selon le communiqué de la sous-directrice du reboisement, 492 386 arbustes. La participation des Douanes nationales, de la Protection civile, des Scouts, des associations, des écoles ou de simples citoyens a permis de planter plus de 989 000 arbres en diverses occasions (Journée internationale de l'arbre, Journée internationale des douanes) avec comme mot d'ordre «ensemble pour la préservation et reconstitution de nos forêts incendiées». Pour la saison qui s'achève, 3 082 166 plants ont été piqués, indique ce rapport des services des forêts. C'est probablement peu par rapport à ce qui a été détruit durant l'un des étés les plus ravageurs pour les forêts du pays. Abachi L.