Revoilà Karim Benzema : après deux ans et demi d'absence et d'incessantes critiques, l'avant-centre rejoue en France mardi lors du choc Paris SG-Real Madrid en huitièmes retour de Ligue des champions. L'occasion de riposter balle au pied à sa mise à l'écart des Bleus. Cela fait près de 900 jours que le controversé attaquant n'a plus disputé le moindre match sur son sol natal. C'était pour son ultime sélection en Bleu face à l'Arménie à Nice (4-0), le 8 octobre 2015. Et puis a éclaté l'affaire du chantage à la sex-tape à l'encontre de son coéquipier en Bleu Mathieu Valbuena, dossier dans lequel Benzema est mis en examen. Et puis le sélectionneur Didier Deschamps, alléguant «l'équilibre» de son groupe, a cessé de convoquer l'avant-centre. Une situation douloureuse pour l'homme aux 81 sélections et 27 buts en Bleu, blessé dans son orgueil. Non retenu pour l'Euro-2016 à domicile, Benzema a alors accusé Deschamps d'avoir «cédé à une partie raciste de la France», actant la rupture avec le technicien. «Tant que Didier Deschamps sera le sélectionneur, je n'aurai pas la chance de retourner en équipe de France», résumait l'attaquant le 12 novembre sur Canal+. Situation bouchée A trois mois du Mondial-2018 en Russie (14 juin-15 juillet), sa situation internationale semble bouchée, comme l'a confirmé le président de la fédération Noël Le Graët : «Il faudrait être un peu aveugle ou sourd pour ne pas comprendre qu'il sera difficilement sélectionné, ça me paraît incontestable», disait le patron de la FFF en décembre. Pourtant, difficile de se passer aisément du troisième meilleur buteur de la Ligue des champions en activité (53 buts), derrière les monstres Cristiano Ronaldo (117) et Lionel Messi (98). Difficile aussi de compenser l'expérience du trentenaire (30 ans), joueur français le plus titré de l'histoire européenne avec trois sacres en C1, comme Raymond Kopa et Raphaël Varane. Bref, mardi, Benzema aura l'occasion de montrer combien il peut manquer à la France, et combien la France lui a manqué. Les retrouvailles tombent à pic pour l'attaquant : après un début de saison poussif, l'ancien Lyonnais commence, enfin, à offrir son meilleur rendement. Le septième meilleur buteur de l'histoire du Real (188 buts) a connu un automne difficile, avec notamment des bordées de sifflets au stade Santiago-Bernabeu lors du clasico perdu fin décembre face au FC Barcelone (0-3). Fort mentalement Mais Benzema, toujours aussi fort mentalement, a su rebondir, avec l'inébranlable confiance de son entraîneur, que l'attaquant considère comme un «grand frère» : Zinédine Zidane. «Il faut être fort et je pense que Karim l'est, il l'a démontré», a souligné le technicien du Real la semaine dernière. «Même s'il encaisse les coups - il est comme tout le monde-, il a toujours démontré qu'il avait du caractère. Dans l'adversité, il faut compter sur lui et dans les grands rendez-vous, il démontre le joueur qu'il est.» Symbole de ce mental d'acier, Benzema a livré une performance remarquée lors du huitième aller contre Paris (3-1). Et même s'il ne compte que deux buts en C1 cette saison, ses performances sont allées crescendo ces derniers jours, avec deux buts et trois passes décisives en cinq apparitions. Surtout, en dépit de la défiance du Bernabeu, le Français reste indispensable au bloc merengue par son jeu de remises, ce qui lui vaut l'appui indéfectible de Cristiano Ronaldo. La star portugaise sait combien de buts il doit à ce partenaire altruiste: chose rare, on a même vu «CR7» offrir à «KB9» un penalty à tirer le week-end dernier contre Alavés (4-0) en Liga. «Ce geste de Cristiano pour Karim prouve bien qu'entre eux, il y a une bonne ambiance, un bon rapport, et pour gagner, pour continuer dans ce que l'on fait, c'est super important», s'est réjoui Zidane. Depuis que «Zizou» est entraîneur, tout ce qu'il touche se transforme en or : le technicien, icône du football français, pourra-t-il métamorphoser l'image de Benzema le mal-aimé ?