«L'enseignement de tamazight jouit, ces dernières années dans notre wilaya, de toute la considération étant donné qu'elle est une partie intégrante et indissociable des constituantes de notre identité nationale et de l'Histoire du pays.» C'est ce qui est écrit dans le rapport présenté par Nadir Khensous, directeur de l'éducation (DE) de la wilaya devant le conseil exécutif qui a examiné mercredi dernier le dossier de l'éducation nationale. Khensous révèle, en outre dans son rapport, que le nombre d'établissements où seront dispensés les cours de tamazight à partir de l'année scolaire 2018-2019 sera de 75 (44 dans le primaire, 20 dans le moyen et 11 dans le secondaire). Ils sont actuellement de l'ordre de 32 (12 dans le primaire, 13 dans le moyen et 7 dans le secondaire). Cela relève certainement de la bonne volonté du DE. Mais cette bonne volonté et l'attachement enthousiaste du DE à l'une des composantes de l'identité nationale butent sur l'amère réalité du terrain. Revenons à ce rapport pour voir plus clair et argumenter notre pessimisme. Ce rapport ne précise nulle part le nombre de classes qui seraient ouvertes ni le nombre d'élèves qui seraient concernés. Une fois décortiqués, les chiffres délivrent des conclusions. Ils relèvent la situation marginale de l'enseignement de cette langue dans la wilaya de Boumerdès qui est l'une des 16 wilayas pilotes où la langue maternelle des Amazigh a été instituée pour la première fois. En effet, à la suite de la grève du cartable observée par la population en 1994 dans la région, l'enseignement de tamazight a, donc, débuté il y a 23 ans. 23 ans après, on ne recense, d'après ce que rapporte Nadir Khensous, que 9 469 élèves (4,23%) des trois paliers – sur un effectif global de 223 781 élèves – qui suivent ces cours. Personne ne disconviendra que cela est insignifiant d'autant plus que les apprenants sont à 100% issus des communes montagneuses de l'est de la wilaya de Boumerdès – le handicap idéologique a la peau dure. Il nous est aisé d'étayer ce handicap par une longue liste d'arguments. Mais la question urgente et qui ne pourrait être éludée est la suivante : comment se fait-il que dans la région de la Basse Kabylie, seuls 4,23% des élèves des trois paliers suivent des cours de tamazight alors que l'expérience a été introduite il y a 23 ans, et ce, après un long combat des militants relayé par celui, en 1994, de la population de toute la Kabylie ? Abachi L.