Par H. Belkadi Dans notre voyage culinaire de cette semaine, nous allons faire une petite virée gustative dans notre très chère Blida, et cela le temps d'un repas corsé que nous avons étonnamment découvert et qui nous a totalement conquis. Il est vrai que le mélange de la courgette, réputée pour être un légume accompagnateur et non principal dans un plat, avec la teneur corsée du piment vert n'est pas des plus communs. Cependant, le résultat est assurément aussi judicieux que goûteux, à en croire les sexagénaires des familles blidéennes qui nous racontent avec une arrogante fierté comment la ville des Roses est devenue l'emblème de la gastronomie traditionnelle algérienne à travers les âges et les générations. A vocation agricole, Blida a toujours été une région qui regorge de produits du terroir. Et c'est grâce à cette richesse naturelle incomparable et à leur relation très étroite avec la terre que les Blidéens ont pu exceller dans l'art culinaire et y puiser tout leur savoir-faire. L'abondance et la grande variété des denrées alimentaires de cette partie de la Mitidja a permis aux autochtones de donner libre cours à leurs intuitions culinaires et de se livrer pleinement à la création de mets savoureux que les fins gourmets sauront apprécier à leur juste valeur. Réputés pour être de vrais connaisseurs en la matière, les natifs de la ville ont su léguer à leurs descendances, tel un héritage précieux, cet amour de la cuisine qui est le point culminant de toutes les familles. Quel que soit le degré de modernité auquel elle est arrivée, la jeune génération de femmes se doit de prendre le relais en reproduisant à la lettre ce que les plus âgés lui auront appris. Une tâche lourde et certes difficile par laquelle les traditions et coutumes de cette localité continuent à se perpétuer. Ingrédients : 1 kg de jeunes courgettes blanches (de petit calibre), 1 morceau de qeddid (viande de mouton séchée) trempé la veille, 1 noix de ch' ham ghaoui (graisse salée), 1 tête d'ail, 1 verre d'huile végétale, 6 petits piments verts, 3 à 4 œufs, 1 bouquet de persil frais, sel/poivre noir Préparation : Commencer par couper le morceau de viande séchée en petits morceaux égaux pour une cuisson uniforme, les mettre dans une marmite, mouiller avec de l'eau jusqu'à les recouvrir et les faire cuire pendant une trentaine de minutes à couvert. Ajouter l'ail pilé, la noix de graisse, le verre d'huile, le sel, le poivre, deux verres d'eau tiède supplémentaires et continuer la cuisson. Lorsque la viande est presque cuite, ajouter les courgettes préalablement grattées légèrement et coupées en gros dés et les laisser cuire à feu modéré pendant une quinzaine de minutes. La sauce doit avoir réduit. Pendant ce temps, griller les piments sur un tadjine puis les mettre dans un petit sac en plastique. Laisser quelques minutes puis enlever la peau et les rincer légèrement. Les épépiner, les ouvrir à l'aide d'un couteau puis les étaler sur les courgettes jusqu'à les couvrir entièrement. Remettre sur feu doux pendant une vingtaine de minutes. Battre les œufs en omelette dans un saladier en verre, et en dernier lieu les verser sur les courgettes. Augmenter le feu et laisser prendre l'omelette. Au moment de servir, parsemer de persil finement ciselé et arroser d'un filet d'huile d'olive. Servir chaud accompagné d'un bon pain de semoule fait maison.